Acquittement de Vital Kamerhe et ses coaccusés : l'ODEP regrette que les millions de dollars détournés dans le programme des 100 jours soient sans auteurs

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Florimond Muteba, PCA de l'ODEP. Ph. DESKECO.
PAR Deskeco - 27 juin 2022 07:21, Dans Actualités

L'acquittement de Vital Kamerhe et ses coaccusés dans l'affaire 100 jours par la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe pour faute de preuves, suscite de nombreuses réactions. Pour sa part, Florimond Muteba, PCA de l'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) estime que l'acquittement de l'ancien Directeur de cabinet du Chef de l'Etat et ses coaccusés vient décourager le combat lancé par Félix Tshisekedi sur la lutte contre la corruption au pays.  

Florimond Muteba parle d'une grande déception pour la société civile. 

"La libération de présumés auteurs de détournement des travaux et programme des 100 jours est une déception pour l'ODEP et toute la société civile. Il faut considérer que ça sonne le glas de l'échec total du prétendu programme de lutte contre la Corruption lancée par le Président de la République. On a comme l'impression qu'on a assisté à un procès théâtral", a-t-il déclaré à ACTUALITE.CD. 

Florimond Muteba s'indigne de voir que la vérité est bafouée dans cette affaire. Il évoque des millions de dollars américains détournés dans le programme des 100 jours et aucune personne arrêtée pour justifier cet acte de corruption. Sur ce, le PCA de l'ODEP appelle le peuple à exiger la vérité dans ce dossier.

"Plus de 400 millions de dollars déboursés pour ce programme ont été détournés. Jamal a transféré plus de 10 millions USD au Liban. Il y a eu beaucoup de bêtises commises dans ce programme. Où sont les maisons de militaires ? On a vu 5 saut-de-moutons mal construits qui sont réparés presque tous les jours. Qui va justifier tout ça ! On veut nous faire croire que tout cet argent s'est volatilisé simplement, sans justification. Que le peuple congolais ouvre les yeux. Le peuple est la seule force stratégique capable d'empêcher la continuation du mal dans ce pays. Nous vivons l'enfer, les gens souffrent", s'est indigné Florimond Muteba. 

Pour mettre en évidence la gravité de la corruption du programme des 100 jours, il estime que l'argent détourné dans ce programme représente le budget de 8 années de l'agriculture en RDC.

"Dans les conditions actuelles dans lesquelles se déroule notre budget national, l'agriculture reçoit à peine 50 millions USD chaque année. Donc, les 400 millions USD détournés dans le programme des 100 jours, représentent 8 années du budget de l'agriculture. Sans justification ! Il y a eu beaucoup d'ouvrages qui ont été surfacturés", regrette Florimond Muteba.

De ce fait, il pointe le doigt au président de la République d'être à la base de l'instrumentalisation de la justice dans le dossier 100 jours.  

"Nous sommes très déçus. Et nous condamnons de la manière la plus ferme cette instrumentalisation de la justice par le président Félix Tshisekedi. C'est lui qui est derrière ça", déplore-t-il. 

L'Etat de droit illusoire

Florimond Muteba estime que la RDC est loin d'être qualifiée d'un véritable État de droit. Il énumère des éléments qui freine l'élan de l'Etat de droit.

"Dans un État de droit, on ne viole pas les lois sur les finances publiques, sur les passations des marchés... On ne cache pas des criminels de détournement de l'argent public. On ne protège pas ses amis et alliés ou partenaires. On a craché sur la dépouille du juge Nyangi qui est mort dans cette affaire. Les enfants meurent de malnutrition parce qu'il n'y a pas d'argent pour développer l'agriculture. Donc, nous ne sommes pas dans un État de droit", ajoute Florimond Muteba.  

Notons que l'ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de prison le 20 juin 2020 pour détournement des deniers publics. Cette peine a été réduite  à 13 ans  en appel, le 16 juin 2021. Le 11 avril 2022, la Cour de cassation avait annulé l'arrêt de la Cour d'appel condamnant Kamerhe à 13 ans de prison pour "violation du droit de défense".

Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe avaient formé une coalition appelée "Cap pour le Changement" (CACH) avant les élections de 2018. Le patron de l'UNC avait désisté aux élections présidentielles en faveur de son partenaire.

Jordan MAYENIKINI

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