La BAD veut aider la RDC dans la création des économiques de libre échange (Compte rendu des panels)

Lors des panels au Forum sur le développement du secteur privé, le président de la BAD s'est engagé à accompagner le projet de développement du chef de l’Etat congolais. La BAD  est notamment disposée à financer le projet du gouvernement de création des zones économiques de libre échange en RDC.

Au deuxième jour de son séjour de travail en République démocratique du Congo, le président de Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina,  a co-animé, avec le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le mardi 18 juin à Kimpinski Hôtel Fleuve Congo de Kinshasa, le « Forum sur le développement du secteur privé », en présence des opérateurs économiques.

Bien avant les intervention s de deux panélistes, un film a été projeté sur les financements de la BAD à travers le continent africain.  De même, le DG de l’ANAPI, Anthony Nkinzo, a fait une présentation sur les opportunités d’investissement en République démocratique du Congo.

La BAD va soutenir  la RDC

Akinwumi Adesina a été le premier à prendre la parole lors des panels. En premier lieu, il a exprimé sa ferme volonté d’accompagner la RDC dans ses efforts  pour rétablir la paix, préalable à la stabilité économique et à la création de la richesse inclusive. En deuxième lieu, le président de la BAD s’est appesanti sur  le rôle de cette banque panafricaine dans le développement du secteur privé.

Dans son analyse , le patron de la BAD  à estimé que les pays qui ne font qu’exploiter et exporter les matières premières sont souvent condamnés à la pauvreté. Tandis que ceux qui transforment les matières premières afin de donner de la valeur ajoutée deviennent riche. Adesina a conseillé la RDC d’avoir un avantage comparatif dans la transformation des matières premières. « Les pays qui font l’exportation des matières premières redeviennent pauvres….Ceux qui font la transformation des matières premières deviennent riche… C’est pour cela que je suis ici. C’est aussi  pour la création des zones agro-industrielles », a-t-il dit.

“On ne mange pas les potentialités”

Le patron de la BAD a invité les Congolais à travailler dur. « Dieu aime la RDC. Et, vous êtes dotés d’immenses ressources naturelles. Mais, on ne mange pas le potentiel. Il faut travailler et travailler dur pour transformer ce potentiel en richesses matérielles. Il faut tout transformer pour la prospérité du peuple », a dit Adesina.

Le patron de la BAD est confiant que le leadership de Félix Tshisekedi pourra aider à transformer les potentialités de la RDC en richesse pour la population. « Je suis sûr qu’avec le leadership du président de la République et le soutien de la BAD, nous parviendrons à transformer les potentialités de la RDC », a-t-il ajouté.

L'hôte de marque s’est exprimé  aussi sur la nécessité de création des zones économiques de libre échange. « Je suis totalement  d'accord avec vous (Ndlr: Félix Tshisekedi) pour la création de zones spéciales agro-industrielles pour booster le secteur agricole en RDC. Nous devons développer la chaîne de valeur et transformer localement afin de permettre à l’Etat de tirer profit de sa richesse », a indiqué Adesina.

Le changement de mentalité, un préalable pour Félix

Lors de sa prise de parole, le président de la République a saisi cette opportunité pour parler du programme  du gouvernement en rapport avec les 5 secteurs prioritaires pour la BAD à savoir, l’agriculture, l’énergie, l’industrialisation, l’intégration régionale et l’amélioration des conditions de vie.

Pour le  chef de l’Etat, le patron de la BAD est à Kinshasa d'abord parce qu’il y a des choses qui se font dans le pays. « Il (Ndlr : le président de la BAD) est venu parce qu’il y a beaucoup de choses qui se font en RDC depuis janvier 2019. Nous croyons à l’intégration nationale et africaine. Nous travaillons pour ça…Depuis janvier, il y a eu une alternance démocratique. Cela a contribué à améliorer l’image de notre pays. Il y a aussi les potentialités qu’offre notre pays. Le Congo est au centre de l’Afrique et est capable de booster le continent ou une grande partie du continent », a dit Félix Tshisekedi.

Cependant, le chef de l’Etat estime que la première des réformes à mener est celle de la transformation de la mentalité des Congolais. Pour autant, le président de la République mise sur des réformes déjà entreprises ou en cours de réalisation dans le secteur de l’agriculture, de l’énergie ou encore de la fiscalité. Il veut simplifier la fiscalité pour booster notamment le commerce extérieur.

« Il y a des attentes du peuple et il y a des attentes externes, d’abord nos voisins », a-t-il dit avant d’exprimer sa foi au libre échange : « Je crois au libre échange et je crois à l’intégration du continent africain. C’est pour cela que je donne de l’importance à nos relations avec nos voisins ».

Parlant des priorités de la BAD qui se résument à : Éclairer, Nourrir, Industrialiser, Intégrer et Améliorer la qualité des populations en Afrique y compris en RDC, les deux personnalités sont d’accord du fait que le secteur privé a un rôle important à jouer aux côtés de l’État.

Félix Tshisekedi a indiqué la nécessité de diversifier l’économie congolaise qui reste dépendante de l’exploitation des ressources naturelles. « Nos minerais nous ont causé des problèmes. Il faut diversifier notre économie. Je ne dis pas qu’il faut cracher sur ces minerais. Il faut diversifier », a-t-il déclaré.

Le chef de l’Etat entend miser sur l’agriculture. « L’agriculture est notre priorité. L’idée ici est de booster ce secteur. La BAD va nous accompagner dans la création des zones agricoles spéciales. Cela va occasionner la création d’emplois et de la richesse tant pour l’État. C’est également une solution pour la faim», a insisté le chef de l’État.

Oui au pont entre Kin et Brazza

Après le panel, seul le président de la BAD a animé la conférence de presse avec les journalistes. A cet effet, il a notamment répondu sur la question portant sur le pont Route-rail Kinshasa-Brazzaville. « Le pont-route-rail Kinshasa-Brazzaville n’est pas qu’une question du Congo, mais aussi de la sous-région », a dit Akinwumi Adesina d'un ton ferme.

Selon lui, « l’intégration de l’Afrique est fondamentale ». « La participation à la ZLEC (Ndlr : zone de libre échange continental) ne se fera pas en clôturant le pays. Nous avons décidé de soutenir les deux Congo pour la construction du pont-route-rails entre Kinshasa et Brazzaville », a t-il dit avant d’ajouter « ce n’est pas qu’une affaire du Congo, c’est une question de la sous-région. Cette partie du continent est la moins intégrée du continent ».

Le président de la BAD est arrivé le 17 juin à Kinshasa pour cette visite de travail. A  son arrivée, il avait déclaré «Nous sommes venus pour insuffler une nouvelle dynamique au partenariat bilatéral et explorer des pistes susceptibles de renforcer la croissance économique du Congo. Ce pays est important pour la Banque. A l’instar du pont que nous avons contribué à ériger entre la Gambie et le Sénégal, nous allons accompagner le Congo dans des projets intégrateurs ».

Le programme de son séjour prévoit, ce mercredi 19 juin, que le  8ème président de la BAD visite le site d’Inga, dans la province du Congo central.  C’est le 20 juin que Adesina va quitter la RDC au terme de sa visite de travail.

Amédée MK