En 2021 l'investissement direct étranger mondial a retrouvé son niveau d'avant la pandémie, mais l’avenir est incertain (Rapport CNUCED)

Une route en chantier
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PAR Deskeco - 18 juin 2022 08:27, Dans Finances

En 2021, les flux d'investissement direct étranger (IDE) ont retrouvé leur niveau précédant la pandémie, à 1 580 milliards de dollars, soit une augmentation de 64 % par rapport à 2020. Les perspectives pour cette année sont cependant plus sombres, selon le Rapport 2022 sur l'investissement dans le monde.

Le rapport, intitulé "Réformes fiscales internationales et investissement durable", indique que pour faire face à un climat d'incertitude et d'aversion aux risques, la communauté internationale doit fournir une aide significative aux pays en développement.

« Les besoins d'investissement dans les capacités productives, dans les objectifs de développement durable (ODD) et ceux servant l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de son impact sont énormes. Les tendances actuelles en matière d'investissement dans ces domaines ne vont pas unanimement dans le bon sens », a déclaré la secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan.

« Il est important que nous agissions maintenant. Même si les pays sont confrontés aujourd’hui à des problèmes très alarmants en lien avec la hausse du coût de la vie, il est important que nous soyons en mesure d'investir aussi à long terme. »

En 2021, la croissance mondiale de l'IED est réalisée aux trois quarts dans les économies développées

Partant d'un faible niveau en 2020, l'IDE mondial a augmenté l'année dernière grâce à l'essor des fusions-acquisitions (F&A) et à la rapide croissance des financements de projets internationaux, dynamisée par le relâchement des conditions de financement et de grands plans de relance des infrastructures.

Si la reprise a profité à toutes les régions, près des trois quarts de la croissance se sont concentrés dans les économies développées, où les flux d'IDE ont bondi de 134 %.

Les flux vers les économies en développement ont augmenté de 30 % atteignant 837 milliards de dollars, soit le niveau le plus élevé jamais enregistré. Ce résultat s’explique en grande partie par une forte croissance en Asie, une reprise partielle en Amérique latine et dans les Caraïbes, et un essor en Afrique. La part des pays en développement dans les flux mondiaux est restée juste au-dessus de 50 %.

La part des profits de l'IDE réinvestis - bénéfices conservés dans les filiales étrangères par les sociétés multinationales - a constitué l'essentiel de la croissance mondiale, reflétant la hausse record des profits des sociétés, en particulier dans les économies développées.

Les 10 premières économies pour les entrées d'IDE en 2021 étaient les États-Unis, la Chine, Hong Kong (Chine), Singapour, le Canada, le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud, la Russie et le Mexique.

Perspectives mondiales des IDE pour 2022

Cette année, le climat des affaires et des investissements a radicalement changé, la guerre en Ukraine ayant entraîné une triple crise : hausse des prix des denrées alimentaires et des carburants et resserrement des conditions de financements. Parmi les autres facteurs qui assombrissent les prévisions en matière d’IDE, on note l’impact des pandémies, la probabilité de nouvelles hausses des taux d'intérêt dans les grandes économies, un sentiment négatif au sein des marchés financiers et une potentielle récession.

Malgré des profits élevés, en 2021 les investissements des multinationales dans de nouveaux projets à l'étranger étaient encore inférieurs d'un cinquième aux niveaux antérieurs à la pandémie. Pour les pays en développement, la valeur des nouveaux projets annoncés est restée stable.

Des signes de faiblesse apparaissent déjà cette année. Les données préliminaires pour le premier trimestre montrent que les annonces de nouveaux projets ont baissé de 21 % au niveau mondial, les activités de fusions-acquisitions transfrontalières de 13 % et les opérations de financement de projets internationaux de 4 %.

« La CNUCED prévoit que la dynamique de croissance de 2021 ne pourra pas être maintenue et que les flux mondiaux d'IDE en 2022 vont probablement suivre une trajectoire descendante, au mieux rester stables », souligne le rapport. « Toutefois, même si les flux devaient rester relativement stables en valeur, les nouveaux projets devraient davantage souffrir de l'incertitude des investisseurs. »

Des différences entre régions : Afrique, Amérique latine et pays industrialisées

Les IDE en Afrique ont atteint un record de 83 milliards de dollars l'an dernier. Ce chiffre est principalement dû à une seule transaction financière intra-entreprise réalisée en Afrique du Sud au second semestre 2021. Les flux ont augmenté en Afrique australe, en Afrique de l'Est et en Afrique de l'Ouest, tandis qu’ils sont restés stables en Afrique centrale. Ils ont chuté en Afrique du Nord.

L'Asie en développement, qui reçoit 40 % des IDE mondiaux, a vu les flux augmenter en 2021 pour la troisième année consécutive, atteignant un niveau record de 619 milliards de dollars. Les IDE ont augmenté de 21 % vers la Chine et de 44 % en Asie du Sud-Est. L'Asie du Sud a vu la tendance inverse, les IDE chutant de 26 %. Les flux vers l'Inde ont baissé de 45 milliards de dollars.

En 2021, les IDE en Amérique latine et dans les Caraïbes ont augmenté de 56 %. On relève une hausse de 74 % en Amérique du Sud soutenue par une demande accrue en matières premières et en minéraux verts.

Pour les économies structurellement faibles, vulnérables et de petite taille, les IDE ont augmenté de 15 % atteignant 39 000 milliards. Toutefois, l'afflux vers les pays les moins avancés, les pays en développement enclavées et les petits États insulaires en développement combinés n'a représenté que 2,5 % du total mondial en 2021, contre 3,5 % en 2020. L'impact de la pandémie a intensifié leur fragilité, et les investissements dans les secteurs relevant des ODD ont continué à chuter. C'était particulièrement vrai dans l'alimentation, l'agriculture, la santé et l'éducation.

« En 2022, les flux d'IDE vers les économies en développement devraient être fortement affectés par la guerre en Ukraine et ses impacts, ainsi que par des facteurs macroéconomiques, notamment la hausse des taux d'intérêt », indique le rapport. « De nombreux pays verront leur marge de manœuvre budgétaire considérablement réduite, en particulier dans les économies en développement importatrices de pétrole et de produits alimentaires. »

Investir dans les objectifs de développement durable

Après avoir été durement pénalisés lors de la première année de la pandémie, les investissements internationaux dans les ODD ont bondi de 70 % l'an dernier. La majeure partie de cette croissance est venue des secteurs des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique, où la valeur des projets a atteint plus de trois fois le niveau d'avant la pandémie.

« Si la reprise de 2021 en termes de valeur est positive, l'activité d'investissement dans la plupart des secteurs liés aux ODD dans les économies en développement, telle que mesurée par le nombre de projets, est restée inférieure aux niveaux d'avant la pandémie », indique le rapport.

« Dans toute l'Asie en développement, les investissements dans les ODD ont augmenté de manière significative », indique le rapport. « La valeur des financements de projets internationaux dans les secteurs concernés a augmenté de 74 % pour atteindre 121 milliards de dollars, principalement en raison du fort intérêt pour les énergies renouvelables. »

Le financement international de projets est de plus en plus important pour les investissements liés aux ODD et au changement climatique. Certaines mesures positives adoptées en 2021 dans ces domaines pourraient être étendues plus largement cette année.

Le niveau de financement de projets internationaux a atteint un record avec 1 262 projets l'année dernière et a plus que doublé en valeur pour atteindre 656 milliards de dollars.

Sur les marchés financiers mondiaux, les produits d'investissement dans la durabilité ont augmenté de 63 % par rapport à 2020, les gouvernements du monde entier cherchant à développer les cadres réglementaires de la finance durable.

Le rapport indique également que l'introduction d'une taxe mondiale minimale sur les investissements directs étrangers entraînera des répercussions importantes sur le climat d'investissement au niveau international, mais les pays développés et en développement devraient bénéficier d'une augmentation de la collecte de recettes fiscales.

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