Dans son récent rapport détaillé portant sur la conclusion de consultation au titre de l’article IV du Programme économique triennal conclu avec la RDC, le FMI a fait un focus sur le principales conclusions du Rapport national sur le climat et le développement de la RDC.
Dans ce document ci-haut cité, le FMI s’est appuyé sur les nouveaux rapports nationaux sur le climat et le développement de 2023 (ou CCDR) de la Banque mondiale qui a identifié les principales vulnérabilités climatiques de la RDC, évalué les engagements climatiques, les politiques et les arrangements institutionnels existants du pays, identifié les opportunités de développement à faible émission de carbone dans les secteurs critiques et suggéré une feuille de route pour mettre en œuvre et financer des programmes politiques connexes.
Dans ses conclusions, le FMI a noté que le changement climatique présente à la fois un défi et une opportunité pour le pays. Mais, « la RDC est l’une des nations les moins préparées au climat et les plus vulnérables au climat ».
Pourtant, le Congo Kinshasa serait particulièrement bien placé pour jouer un rôle de premier plan dans la transition verte mondiale car (i) il détient d’importantes richesses minérales, avec d’importantes réserves de minéraux verts (principalement du cuivre et du cobalt) (ii) fournit d’immenses services de séquestration du carbone grâce à ses de vastes ressources forestières et (iii) possède un vaste potentiel hydroélectrique. Pour atteindre son potentiel, il faudra exploiter pleinement ses richesses naturelles, renforcer le secteur agricole, développer les infrastructures essentielles, renforcer la gouvernance et la transparence et renforcer les capacités. Compte tenu des importants déficits de financement auxquels la RDC est confrontée, il sera essentiel de renforcer les marchés financiers et de créer un environnement favorable au secteur privé.
Vulnérabilités climatiques et stratégie climatique actuelle
La RDC est confrontée à des risques climatiques majeurs qui sont liés à ses formidables défis de développement. La RDC, un pays caractérisé par des taux d'extrême pauvreté, une fragilité et des épisodes de conflit persistants, se classe parmi les plus vulnérables pour s'adapter à l'impact négatif du changement climatique(classement 169e sur 185 pays).
« Les risques liés au changement climatique sont susceptibles d’exacerber les défis de développement de la RDC, car ils affectent de manière disproportionnée les populations vulnérables et pourraient intensifier la dynamique des conflits et aggraver la pauvreté et les inégalités entre les sexes », note le FMI dans son rapport.
Les risques climatiques en RDC sont principalement liés aux risques de stress thermique, de fortes variations saisonnières et infranationales des précipitations et d’inondations des rivières, d’érosion des sols et d’incendies de forêt.
Les inondations et l’érosion des sols devraient endommager les infrastructures de transport, d’énergie et de communication, tandis que l’incidence accrue du paludisme et d’autres maladies d’origine hydrique entraînera probablement une dégradation de la santé humaine. En tenant compte des canaux ci-dessus, le CCDR estime que d’ici 2050, le changement climatique pourrait entraîner des pertes de PIB allant jusqu’à 12,9 % dans un scénario de « statu quo ».
Le stress thermique du travail, un facteur clé des pertes de PIB dues au changement climatique, pourrait être exacerbé dans un scénario de développement et un transfert des secteurs miniers vers des secteurs non miniers, soutient le FMI.
Le développement économique pourrait affecter les impacts liés à la chaleur de deux manières opposées : (i) une transformation structurelle qui réduit la part de l’emploi dans l’agriculture, une activité principalement extérieure, atténuerait l’impact du choc ; (ii) une diversification hors du secteur minier augmenterait l’intensité de main-d’œuvre de l’économie, exacerbant ainsi le choc. De tels liens entre le développement et les défis climatiques mettent en évidence la nécessité de politiques d’adaptation adaptées (telles que des politiques élargissant la couverture des mesures de refroidissement) parallèlement aux politiques de développement.
Face à ces défis climatiques, les dirigeants congolais disent être déterminés à prendre des mesures ambitieuses en matière de lutte contre le changement climatique, mais d’importants déficits de financement et une mauvaise gouvernance posent des problèmes de mise en œuvre, estime le FMI.
En effet, l’agenda climatique de la RDC est ancré dans le Plan national d’adaptation (PAN) 2022-2026 qui vise à renforcer la résilience dans les secteurs critiques et à faire de la RDC un « pays de solutions climatiques ».
Les ambitieuses contributions déterminées au niveau national (CDN) de la RDC s’alignent sur cet agenda. Le pays s’engage à réduire ses émissions de GES de 21 pour cent d’ici 2030 (les ressources intérieures finançant 2 pour cent des réductions d’émissions et les 19 pour cent restants étant conditionnés à un financement extérieur).
Cependant, un financement inadéquat menace la mise en œuvre de la stratégie climatique du pays, estime le FMI. Pour qui, les défis de gouvernance du pays, la fragmentation institutionnelle et le manque d'intégration des stratégies liées au climat dans la gestion des finances publiques (PFM) et la gestion des investissements publics (PIM) entravent encore davantage l'opérationnalisation de la stratégie climatique de la RDC.
Amédée Mwarabu