RDC : la FEC charge le gouvernement de l’absence d’un climat propice aux affaires

FEC
PAR Deskeco - 02 mar 2020 04:12, Dans Entreprises

La Fédération des entreprises du Congo a tenu sa traditionnelle cérémonie de présentation des vœux le samedi 29 février à Pullman Grand Hôtel de Kinshasa autour de ses membres affiliés que sont les opérateurs économiques évoluant en RDC. En présence d’un représentant du Premier ministre et des plusieurs officiels et membres du corps diplomatique, le président de la FEC, Albert Yuma Mulimbi, n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour dénoncer tout ce qui entrave les affaires en RDC.

Il s’est avant tout pris à la défaillance dans le fonctionnement des institutions publiques qui, progressivement, malgré le dévouement de leurs membres, « se sont éloignés de leur mission première, par abandon ou instrumentalisation, pour devenir dans les faits un élément de contrainte et un frein au développement économique ».

« Nous devons être tous conscients que nous pourrons prendre toutes les mesures sectorielles que nous voudrons, toutes plus intelligentes les unes que les autres, tant que celles-ci ne seront pas appliquées ou tant qu’elles ne seront pas appliquées dans un environnement favorable à l’activité économique, elles resteront, comme celles qui les ont précédées, lettres mortes ou pire, dévoyées. Tous les Etats qui se sont développés, ont d’abord et avant toute chose, développé des institutions étatiques fortes, à même de servir de socle protecteur au développement de l’initiative privée, à même de drainer de manière harmonieuse la richesse nationale pour pouvoir la réinvestir dans la création de biens communs », a déclaré Albert Yuma, critiquant la défaillance des institutions de la République.

Les tracasseries administratives, la multiplicité des services de perception des taxes et autres redevances, l’absence des infrastructures de base dans plusieurs provinces, la porosité des frontières qui favorise une concurrence déloyale et tue l’industrie locale, sont autant des griefs que le président de la FEC a dégrainés  pour appeler le gouvernement à améliorer le climat des affaires.

« En ce qui concerne le climat des affaires, malgré certaines initiatives prises par le Gouvernement pour faciliter l’exercice de l’activité économique dans notre pays, l’environnement des affaires reste largement délétère, morose et peu transparent, dominé par la corruption, le harcèlement fiscal, l’insécurité juridique et judiciaire ainsi que par des coûts de facteurs de production si élevés, qu’ils dissuadent toute velléité d’entreprendre », a déclaré Albert Yuma pour l’intervention de toutes des administrations auprès des entreprises est devenue source quasi permanente de tracasseries et d’harcèlement dans le chef des dirigeants d’entreprises qui consacrent plus de temps dans des discussions avec ces administrations que pour le développement de leurs activités.

« De quoi le secteur privé de notre pays a-t-il besoin, avant toute chose, pour développer ce pays ? − Nous avons besoin d’un Etat cohérent − Nous avons besoin de dynamiser l’économie − Nous avons besoin de faire accéder le plus grand nombre à l’activité », a dit le patron des patrons avant de critiquer la politique économique du gouvernement qui n’est pas, selon lui, lisible aux yeux des opérateurs économiques.

« L’Etat dans ses décisions devrait s’abstenir de céder aux pressions du moment, ou d’un groupe, c’est toute la noblesse de sa fonction, de se transcender au-delà des intérêts catégoriels, au-delà même des attentes de nos concitoyens quand celles-ci ne sont pas soutenables » a déclaré Albert Yuma qui dit avoir observé « avec regret », la réduction implicite du budget de l’Etat, à travers le plan de trésorerie émis par le Ministère des Finances récemment concernant l’exécution de la Loi de Finances 2020.

Ici, le président de la FEC s’est donné raison d’avoir critiqué à l’époque les ambitions de mobilisation des recettes dans le Budget 2020. Il estimait, lors des débats au parlement sur le budget 2020, que l’Etat allait faire davantage pression sur les mêmes contribuables à l’absence des réformes nécessaires pour élargir l’assiette fiscale ou de politique pour diversifier les sources de financement du gouvernement.

Pour lui, un Etat cohérent, c’est aussi un Etat qui l’est sur toute l’étendue et la diversité de son territoire, surtout quand celui-ci est à l’échelle de la RDC. « Nous observons trop de différences, trop de difficultés pour faire vivre cette démocratie locale que nous appelons de nos vœux. Nous constatons les difficultés que l’Etat éprouve à redistribuer la part locale qui est due à chaque entité territoriale et les conséquences que cela entraine sur les politiques locales d’aménagement du territoire et l’exercice par ces entités décentralisées de leurs prérogatives », a-t-il fait remarquer.

« Nos entreprises ont juste besoin qu’on les libère en les protégeant des contraintes qui pèsent sur elles et cette contrainte s’appelle l’Etat défaillant. Il est défaillant parce qu’il se préoccupe plus de ponctionner l’existant à travers une série de mécanismes coercitifs dévoyés, plutôt que de mettre en place des outils favorisant l’initiative privée nationale. …Un système protecteur et incitatif, c’est avant toute chose, une Administration fiscale qui ne soit pas au service d’elle-même. Le système fiscal congolais doit être un système redistributif, mais pas pour ceux qui le gèrent, ou alors il devient le système patrimonialisé que nous connaissons, un système travesti, générateur de rentes qui brident l’activité économique et ne permet pas à l’Etat de disposer des moyens de mener à bien ses missions », a dit Albert Yuma.

Pour autant, le président de la FEC soutient la proposition du Chef de l’Etat visant à engager des réflexions en vue de la création d’une Autorité nationale des revenus, une forme de Guichet unique permettant le prélèvement d’impôts et taxes de toutes les régies financières comme cela est le cas dans plusieurs pays notamment africains.

Il estime que c’est en répondant à tous ces impératifs que l’Etat pourrait effectivement pousser les entreprises privées à dynamiser davantage l’économie nationale le développement de leurs business et par des nouveaux investissements.

Amédée Mwarabu

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