Intervenant comme invité au briefing spécial organisé lundi 14 avril 2025 sur la conjoncture économique de la République démocratique du Congo en cette période de guerre, le ministre de l’économie nationale, Daniel Samba Mukoko, a expliqué les raisons poussant le gouvernement congolais à dépenser autant pour subventionner les sociétés pétrolières pour l’approvisionnement de produits pétroliers au pays.
Noté, au premier semestre 2024, ces dépenses de subvention ont été à la hauteur de 16 millions de dollars américains, cependant pour le deuxième semestre 2024, il reste à calculer. Fin 2023, elles ont été élevées à 300 millions de dollars américains, indique Daniel Samba Mukoko.
Ces financements pour l’approvisionnement de produits pétroliers, tels que le carburant, mazout, représentent des dépenses que le gouvernement a engagé sans rien attendre du retour. Selon le ministre de l’économie, cette mesure est adoptée en vue de réduire le coût de produits pétroliers, et éviter une rupture de stock ou un choc d’offre aux stations-services.
D’après Daniel Samba Mukoko, si une telle mesure n’est pas prise, les prix de produits pétroliers vont exploser, d’autant plus que leurs importations ne dépendent au taux d’échange de dollars fixé sur le marché local. Sachant qu’un dollars est actuellement à 2 857 CDF, selon la BCC, les pétroliers importent plutôt à 2600 CDF. Dans ce contexte, pour éviter qu’ils mettent les prix élevés ou qu’ils ne tombent en faillite, le gouvernement a décidé de les subventionner, explique-t-il, pour qu’il n’ait pas de pénurie.
« Dans les prix que vous avez actuellement dans la pompe, 2990 Fc le litre de l’essence, 2980 Fc le litre de mazout, ces prix-là sont calculés avec un taux d’échange de 1 dollars pour 2600 FC, alors que sur le marché, le dollar n’est pas à 2600 FC. Le pétrolier qui importe du pétrole en dollars et qui le vend en franc, a besoin de racheter de dollars, on lui fait perdre de l’argent en imputant dans les prix de dollars 2 600 FC plutôt qu’en 2850Fc », explique-t-il.
A lui d’ajouter :
« Cela veut donc dire, si aujourd’hui nous calculons le prix de produits pétroliers en mettant le taux de change en 2850, ou 2860 Fc, le carburant coûtera beaucoup plus cher qu’il ne coûte actuellement. C’est donc une façon pour le gouvernement de prendre sur lui, une partie de la charge qu’on aurait supporté le consommateur final ».
Par ailleurs, à part le coût de change fixé pour l’importation, plusieurs autres facteurs liés à l’importation peuvent également expliquer la hausse de prix d’un produit sur le marché. C’est notamment le coût de transport et logistique, qui parfois dépend de l’état de route. Plus une route est impraticable, plus elle fait diminuer la circulation, et provoque la rareté de produits sur le marché. Pour le cas de Kinshasa, c’est par exemple, le cas des embouteillages entrainés par manque de route. Cela peut impacter d’une ou autre manière. Le ministre de l’économie national l’a, d’ailleurs, reconnu dans son speech, et a fait savoir que cette difficulté pousse les sociétés pétrolières à livrer la nuit.
Les Droits de douane et taxes peuvent également expliquer la hausse de prix de produits sur le marché. La RDC est un pays qui fait également face à une fiscalité asphyxiante, à plusieurs fois dénoncée par les organisations de société, telle que celle de suivi des réformes et de l’action Publique (CORAP). La hausse peut aussi s’expliquer par la dépendance extérieure.
Pour remédier à ce manque à gagner, le ministre de commerce rassure que le gouvernement est en marge de manœuvre, afin d’augmenter le taux de change dans le calcul du prix de l’importation de produits pétroliers, en vue de diminuer les manques à gagner, « afin que ces ressources servent à autres choses plutôt qu’à financer des pertes qu’encourent les sociétés pétrolières.
Jean-Baptiste Leni