La lenteur du monde à agir pour s’attaquer à la crise climatique est en train de miner nos chances de limiter le réchauffement à un seuil viable, ont mis en garde lundi les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un nouveau rapport, relevant que seule « une action climatique urgente peut garantir un avenir vivable pour tous ».
De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a averti que la planète n’a plus une minute à perdre pour éviter le pire.
A l’ONU, comme du côté des scientifiques du GIEC, on estime que le rythme et l’ampleur des mesures prises jusqu’à présent, ainsi que les projets actuels, sont insuffisants pour lutter contre le changement climatique. Et le réchauffement climatique causé par l’activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle dès les années 2030-2035, rapporte un.org.
« Il existe de nombreuses options réalisables et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatique d’origine humaine, et elles sont disponibles dès maintenant », ont ainsi fait valoir depuis la ville suisse d’Interlaken, les experts du GIEC.
En attendant, la fenêtre qui nous permettrait de contenir les dérèglements climatiques au seuil jugé viable de 1,5°C « se referme rapidement », peut-on lire dans la synthèse publiée lundi. En 2018, le GIEC avait mis en évidence l’ampleur sans précédent du défi à relever pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C. Cinq ans plus tard, ce défi est encore plus grand en raison de l’augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre, souligne le GIEC.
Des pertes et dommages sont mis en évidence
Face à cette situation, les experts estiment qu’il est essentiel d’accélérer les mesures d’adaptation au changement climatique afin de combler l’écart entre les mesures d’adaptation existantes et les mesures nécessaires. Par ailleurs, pour maintenir le réchauffement à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière profonde, rapide et durable dans tous les secteurs.
Cela impliquerait de plafonner les émissions mondiales d’ici 2025, au plus tard, puis de les réduire de près de moitié d’ici à 2030 si l’on veut limiter le réchauffement à 1,5 °C.
Pour le chef de l’ONU, le rapport du GIEC reste finalement « un guide de survie pour l’humanité et un guide pratique pour désamorcer cette bombe à retardement ». « Ce rapport est un appel à accélérer massivement les efforts climatiques de tous les pays, de tous les secteurs et de tous les calendriers. En bref, notre monde a besoin d’une action climatique sur tous les fronts - tout, partout, en même temps », a dit M. Guterres.
Mais pour favoriser le développement durable, le GIEC penche pour un accroissement du financement des investissements. A ce sujet, les gouvernement, les investisseurs, les banques centrales et les régulateurs financiers peuvent jouer leur rôle.
L’autre axe de la révolution verte porte sur des changements dans le secteur alimentaire, l’électricité, les transports, l’industrie, les bâtiments et l’utilisation des sols, des actions qui vont permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Nous vivons dans un monde diversifié où chacun a des responsabilités et des possibilités différentes d’apporter des changements. Certains peuvent faire beaucoup, tandis que d’autres auront besoin d’un soutien pour les aider à gérer le changement », a insisté M. Lee.
Chaque pays doit faire partie de la solution
Plus globalement, il s’agit d’intégrer des mesures d’adaptation au changement climatique à des actions visant à réduire ou à éviter les émissions de gaz à effet de serre, de manière à obtenir des avantages plus larges. Par exemple, l’accès à une énergie et à des technologies propres améliore la santé, en particulier celle des femmes et des enfants ; l’électrification à faible émission de carbone, la marche, le vélo et les transports publics améliorent la qualité de l’air, la santé, les possibilités d’emploi et l’équité.
D’autant que dans cette course contre la montre, le rapport précise qu’en l’absence de mesures immédiates et ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le budget qui nous donne 50% de chances de ne pas dépasser le 1,5°C sera pour ainsi dire épuisé d’ici 2030.
Devant un tel scénario catastrophe, le chef de l’ONU, défend pour sa part, un plan visant à dynamiser les efforts pour réaliser ce pacte de solidarité climatique grâce à un programme d’accélération où tout le monde mettra la main à la pâte. Il s’agit tout d’abord pour les parties « d’appuyer immédiatement sur le bouton d’accélération de leurs échéances de réduction nette des émissions afin de parvenir à une réduction nette des émissions à l’échelle mondiale d’ici 2050 ».
Plus précisément, il invite les dirigeants des pays développés à s’engager à atteindre le niveau zéro le plus près possible de 2040, la limite qu’ils devraient tous s’efforcer de respecter. De leur côté, les dirigeants des économies émergentes doivent s’engager à atteindre l’objectif de zéro net à une date aussi proche que possible de 2050 - là encore, la limite qu’ils devraient tous s’efforcer de respecter.
« Chaque pays doit faire partie de la solution. En exigeant que les autres agissent en premier, on s’assure que l’humanité arrive en dernier », a mis en garde M. Guterres.
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