Voici le contenu de cette correspondance.
Objet : Prise en compte des aspects de bonne gouvernance des ressources naturelles lors de la mission dévaluation du FMI en RDC
Madame la Directrice, Nous avons lhonneur de venir auprès de votre institution présenter les préoccupations de la société civile congolaise à loccasion de la mission dévaluation du FMI qui va séjourner en RDC du 22 mai au 4 juin 2019. Nous aimerions que votre institution demande aux autorités congolaises un audit crédible des principales entreprises publiques pour répondre aux besoins de transparence et de redevabilité pour une gestion saine de largent public et la publication de certains contrats importants non divulgués jusquà ce jour.
Madame la Directrice Générale, notre pays a connu des profonds bouleversements ces dernières années et se trouve à un moment déterminant de son histoire. Soit les dirigeants politiques congolais effectuent des changements majeurs dans le mode de gestion des affaires publiques et permettent à la RDC de prendre un nouveau départ, soit nous tolérons les mauvaises pratiques qui freinent lélan de développement et auxquelles votre institution sétait opposée avant son retrait, et nous ferons un bond en arrière.
En effet, Le FMI a démontré dans le passé quelle est soucieuse daméliorer la gouvernance dans le secteur des ressources naturelles, notamment par ces multiples requêtes dinformation très efficaces qui ont mené à la publication de nombreux contrats entre 2010 et 2012. De même, lengagement de votre institution avait permis une revisitation du contrat chinois (Sicomines) dans lobjectif de limiter un endettement excessif de notre pays. Depuis lexpiration de votre prêt fin 2012, lopacité dans la gestion des entreprises publiques na fait que saccroître. Les transactions des entreprises paraétatiques, notamment la Gécamines se font dans lobscurité, rendant difficile le suivi des recettes générées par ces entreprises.
Des acteurs de la société civile et certains médias se sont inquiétées des diverses déclarations contradictoires de la Gécamines sur ses paiements à lEtat et sur le phénomène de ses avances fiscales à la Banque Centrale dont la traçabilité suscite de nombreux doutes sur leur destination réelle. La société civile sinquiète également de la perception des royalties de la GCM par les entreprises de lhomme daffaire israélien Dan Gertler ainsi que la non-publication des contrats entourant ces transactions.
Ces préoccupations sont restées sans réponses de la part des autorités congolaises et continuent à susciter des questionnements. Dautres projets sont gérés et développés de manière non transparente comme la négociation des contrats pour le site hydroélectrique Inga 3 qui est la première phase du projet Grand INGA. La construction du barrage hydroélectrique de Busanga par la SICOHYDRO dans la province du Lualaba pour alimenter la SICOMINES soulève elle aussi des préoccupations sur la cession des parts de lEtat à une entité privée dont on ignore les bénéficiaires réels.
Le montant des prêts pour les infrastructures dans le cadre du projet « Sino congolaise des mines » et leur destination restent eux aussi difficiles à tracer. Cest pourquoi nous, en tant quacteurs de la société civile congolaise, attirons votre attention sur ces zones dombre pour quelles fassent lobjet de vos discussions avec le gouvernement. Nous exigeons quun audit indépendant soit mené sur la gestion des entreprises publiques et que les plus importants contrats relatifs aux ressources naturelles soient rendus publics, afin que le nouvel accord avec le FMI puisse sappuyer sur des bases solides.
Nous exhortons le FMI à recommander ceci aux autorités congolaises, comme lune des conditions sine-qua-non pour tout éventuel support au budget de lEtat. Nos organisations sont disponibles pour rencontrer la délégation pendant sa mission en vue dapprofondir toutes ces questions. Espérant que notre demande sera accueillie favorablement, nous saluons cette reprise des discussions avec notre pays et nous appelons de tous nos vux à une reprise de coopération avec votre institution et notre pays pour le bien-être de nos populations.
Meilleures salutations.
Fait à Kinshasa, le 21 mai 2019