Les priorités de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, ne semblent pas inclure la construction d'une maison carcérale. Selon le député national Fontaine Mangala, élu de Kisangani, la ville fait face à d'importants problèmes d'accès à l'électricité et à l'eau potable dans plusieurs quartiers, laissant la population dans le besoin, plutôt qu'à la nécessité d'une nouvelle prison.
Sur ses réseaux sociaux, le parlementaire réagissait à la proposition du ministre de la Justice Constant Mutamba de construire une prison à Kisangani, projet pour lequel un fonds estimé à 39,8 millions de dollars américains a été décaissé par le Trésor public, dont 19 millions seraient détournés selon les allégations.
« Pas d'électricité, pas d'eau dans plusieurs quartiers, mais on veut construire une prison pour indemniser les victimes. "Lyi iko bulozi" [C'est de la sorcellerie] », a-t-il déclaré dans un message posté en ligne.
Le député n'est pas le seul à s'opposer à ce projet. En mai dernier, son collègue Willy Mishiki avait déjà dénoncé cette initiative, soulignant que les priorités de la ville étaient ailleurs.
« Pourquoi y a-t-il urgence à construire une maison d'arrêt à Kisangani, qui n'a même pas été prévue dans le budget ? », s'était interrogé l'élu dans une question orale adressée à l'Assemblée nationale le 14 mai dernier.
Il avait ajouté :
« Nous nous sommes rendus à Kisangani : aucun site n'a été prévu pour la construction d'une prison. La population nous a clairement indiqué que sa priorité était l'amélioration de la desserte en énergie électrique. »
Entaché de plusieurs irrégularités concernant notamment la procédure de décaissement des fonds et la passation des marchés, le projet a finalement été suspendu par la Première ministre Judith Suminwa, selon une lettre de la Primature adressée à l'initiateur du projet.
Jean-Baptiste Leni