La présidence de la République, à travers son directeur de cabinet, vient d'étouffer dans l'uf les missions de contrôle des fonds gérés par les ministres sortants sous la simple raison qu'elle n'a pas autorisé ces audits.
Dans un courrier daté du 24 août, le directeur de cabinet du chef de lEtat, Vital Kamerhe, enjoint l'inspection générale des Finances "d'arrêter" cette "fameuse" mission.
« Monsieur le président de la république, Chef de lEtat et moi-même, navons aucunement autorisé une quelconque mission de contrôle. LInspection Générale des finances étant placée sous lautorité de la Présidence de la république, il est ainsi clair que cette fameuse mission est nulle et de nul effet. LInspection générale des finances, qui me lit en copie, est enjoint darrêter, dès réception de la présente, cette mission», peut-on lire dans le courrier de Vital Kamerhe.
On se souviendra que c'est l'administrateur directeur général de l'agence nationale de renseignement (ANR) qui a requisionné, le 17 août, l'inspection générale des finances (IGF) pour ces audits censés couvrir la période allant de janvier 2019 à ce jour.
Les auditeurs de L'IGF avaient trois missions : Auditer tous les décaissements des fonds public en faveur de tous les différents Ministères depuis janvier 2019 ; Saisir tous les bons de retrait de fonds émis par les différents Ministères depuis janvier 2019 ; Exiger de ces différents Ministères tous les dossiers par eux initiés pour sortir ces fonds ; Faire le rapport circonstancié sur lesdits dossiers.
L'opinion publique ne comprend donc pas les motivations de la présidence de la République de court-circuiter des audits, du reste justifiés, sur l'utilisation des fonds publics par le gouvernement sortant.
Selon les données de la Direction de la Préparation et du suivi du Budget, les dépenses déjà engagées par le gouvernement pour le fonctionnement des ministères sont à hauteur de 630 600 408 649 CDF (360,96 millions USD) alors que celles déjà liquidées sont estimées à 630 597 027 817 CDF (360,95 millions USD) pour un budget total de 667 226 019 853 CDF (381,92 millions USD), au 31 juillet 2019.
Il se dégage donc que 94,51% des crédits annuels votés pour le fonctionnement des ministères sont déjà engagés et liquidés avant lentrée en fonction du gouvernement Ilunga Ilunkamba qui compte 65 membres au total.
Cependant, sur ces dépenses engagées et liquidées, le Trésor public a effectivement payé 433 843 508 292 CDF (248,33 millions USD) contre des prévisions linéaires plafonnées à 389 215 178 248 CDF (222,79 millions USD) pour le fonctionnement des ministères du gouvernement de Bruno Tshibala au cours de sept premiers mois de lannée 2019, soit un taux dexécution de 111%, renseignent les données de la Direction de la Préparation et du suivi du Budget.
Dès lors, cette décision du directeur de cabinet du chef de lEtat suscite plusieurs interrogations dans l'opinion publique notamment :
1.Durant les sept premiers mois de l'année 2019, les ministères du gouvernement Tshibala ont géré plus de 350 millions USD juste pour leur fonctionnement. N'était-il pas nécessaire d'auditer ces institutions qui ont fonctionné dans une période de flottement dû au changement de régime et d'expédition des affaires courantes ?
2.Quel intérêt la présidence de la République a en empêchant une mission de contrôle de l'inspection générale des finances portant sur la gestion des publics ?
3.Est-ce réellement l'administrateur général de l'ANR, nommé par Félix Tshisekedi, s'est permis de réquisitionner l'inspection générale des finances pour une telle mission sans tenir informée la présidence de la République ?
4.Le nouveau patron de l'ANR serait-il un électron libre qui puisse agir même contre les intérêts de la présidence de la République ?
5.La présidence de la République a-t-elle des choses à cacher sur la gestion des fonds de fonctionnement des Ministères du gouvernement sortant ?
6.Pourquoi la présidence de la République, sous Félix Tshisekedi, s'oppose au contrôle des ministres pourtant nommés par le régime de Kabila ?
7.Qui cherche-t-on à protéger finalement en empêchant le contrôle de la gestion des fonds publics par le gouvernement sortant ?
8.Est-il politique ment correct qu'un pouvoir dit de changement s'oppose au contrôle des ministres nommés sous un régime décrié par la population et de surcroît qu'on a combattu il y a peu en tant qu'opposant ?
9.Certes le décret de 2003 modifiant et complétant lordonnance-loi du 17 septembre 1987, portant création de lInspection Générale des Finances, place cette institution supérieure de contrôle des finances publiques sous lautorité du Président de la République. Est-ce que c'est un motif que l'inspection générale des soit un instrument qui ne peut être actionné que par la présidence de la République ?
Autant des questions qui sont sans réponse aujourd'hui. Autant dire que la dicision de la présidence de la République de d'interrompre les audits de l'inspection générale des finances est troublante à tout point de vue.
Amédée MK