L'Observatoire d'Études et d'Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale (OEARSE) a salué, dans une déclaration ce jeudi 7 août 2025, l'assainissement du fichier du cadastre minier amorcé par le service attitré, dont le rapport a été remis lundi 4 août 2025 au ministre des Mines. Le document indique la récupération de 594 titres miniers par l'État congolais, 210 droits régularisés après une situation prolongée de force majeure, ainsi que 31 648 km² de territoire minier repris, soit plus que la superficie de la Belgique.
« La publication du rapport sur l'assainissement du fichier du cadastre minier marque un tournant décisif dans la gouvernance du secteur extractif en République démocratique du Congo », a reconnu la structure dans sa déclaration dont une copie est parvenue à Deskeco.
Bien qu'il s'agisse d'une avancée, l'OEARSE estime qu'elle n'est pas suffisante et appelle le gouvernement à engager davantage de réformes en vue d'un assainissement total du secteur, pilier de l'économie congolaise. Pour elle, cette dynamique « ne doit pas être une fin en soi, mais doit s'inscrire dans la durée ». Pour y parvenir, l'organisation recommande aux autorités congolaises de « garantir la transparence et l'intégrité du futur processus d'octroi des titres miniers », ce qui implique un processus public, équitable et traçable pour les zones libérées, excluant toute opacité ou favoritisme.
« La redistribution des zones libérées doit faire l'objet d'un processus public, équitable et traçable, excluant toute opacité ou favoritisme », rappelle-t-elle, avant d'insister sur « l'impérieuse nécessité de lutter contre la corruption dans l'attribution des licences minières ».
Cette lutte ne peut être possible que par le respect strict des procédures légales et la fin des régimes spéciaux ou dérogatoires qui, selon l'organisation, affaiblissent l'État de droit en République démocratique du Congo et compromettent l'intérêt national.
L'OEARSE recommande en outre la publication sans délai de la liste des 594 titres récupérés par l'État, estimant qu'une telle mesure renforcerait la redevabilité des institutions concernées.
Autre recommandation majeure : l'intégration des exploitants miniers artisanaux. L'OEARSE note que plusieurs exploitants miniers artisanaux travaillent encore dans des conditions précaires, souvent sur des sites appartenant à des entreprises minières privées.
L'organisation encourage donc la création de zones d'exploitation artisanale (ZEA), accompagnées de dispositifs d'encadrement administratif et technique, pour prévenir les tensions et formaliser cette activité économique essentielle.
Par ailleurs, elle exhorte le gouvernement à renforcer le rôle des entreprises publiques. Dans un contexte mondial de transition énergétique, estime-t-elle, les entreprises minières publiques congolaises doivent jouer un rôle central dans l'exploitation des gisements stratégiques, notamment ceux liés aux minéraux critiques pour les technologies vertes.
« Il est crucial que les entreprises minières publiques congolaises bénéficient d'un soutien structurant pour explorer et exploiter les minéraux stratégiques indispensables aux technologies propres et à la souveraineté industrielle du pays », préconise-t-elle.
L'Observatoire estime que tous ces appels à la réforme peuvent rendre la gouvernance minière plus transparente, contribuer à une application rigoureuse du cadre légal et permettre une inclusion maîtrisée des acteurs locaux. Le tout dans le but de valoriser les ressources du pays au profit de l'intérêt national et des générations futures.
Jean-Baptiste Leni