Une nouvelle plainte a été déposée aux États-Unis contre le groupe Apple. Mardi 25 novembre 2025, l’organisation américaine International Rights Advocates (IRAdvocates), citée par TV5 Monde, a saisi la justice, accusant le géant de la technologie de s’approvisionner des minerais extraits dans des zones sous conflit en République démocratique du Congo (RDC).
Le coltan, tungstène, cuivre et cobalt sont très présents dans le sous-sol congolais. La RDC détient par exemple plus de 70% de réserve mondiale de cobalt. Ces ressources représentent des ressources clés pour l’industrie numérique mondiale. Cependant, leur exploitation dans des régions plongées dans l’instabilité, en particulier dans l’Est de la RDC, leur a valu l’appellation de « minerais du sang ».
IRAdvocates charge, par ailleurs, Apple de s’approvisionner à travers une chaîne marquée de graves atteintes aux droits humains.
L’ONG accuse la multinationale d’avoir trompé sur l’origine réelle de ses minerais stratégiques. Elle met également en cause certains sous-traitants soupçonnés de pratiques abusives, notamment le recours au travail des enfants, l’exploitation de la main-d’œuvre, la dégradation de l’environnement et l’expulsion forcée de populations locales avec l’appui de forces de sécurité privées.
IRAdvocates affirme par ailleurs qu’une partie du coltan utilisé par les fournisseurs d’Apple provient de la mine de Rubaya, située dans la province du Nord-Kivu. Cette mine, l’une des plus importantes du pays pour sa réserve en coltan, est passée sous le contrôle du mouvement rebelle M23 en avril 2024.
D’après un rapport d’experts des Nations Unies publié à la fin de l’année 2024, le M23 y ont mis en place une véritable organisation administrative, avec un système de permis d’exploitation et de taxation. Les revenus générés, estimés à environ 800 000 dollars par mois, contribuent au financement du conflit armé.
Apple a rejeté en bloc ces accusations, arguant que 99 % du cobalt utilisé dans ses batteries provient du recyclage. La firme assure en outre avoir demandé à ses fournisseurs de mettre fin à tout approvisionnement issu de la RDC et du Rwanda, affirmant respecter les standards les plus stricts en matière d’éthique et de responsabilité environnementale.
Cette procédure engagée aux États-Unis fait écho aux actions judiciaires entreprises en décembre 2024 par la RDC à Paris et à Bruxelles contre des filiales d’Apple. Kinshasa avait alors mis en cause une chaîne d’approvisionnement jugée illégale, impliquant des minerais transitant par le Rwanda depuis des zones contrôlées par le M23. Toutefois, dans un communiqué daté du 18 février et rendu public le 27 février 2025, le parquet de Paris avait annoncé le classement de l’affaire sans suite, estimant la plainte insuffisamment étayée.
Une décision qui n’avait pas été acceptée par les autorités congolaises. Les avocats de la RDC, William Bourdon et Vincent Brengarth, avaient alors contesté cette évaluation et fait savoir qu’ils envisageaient de saisir le parquet général près la cour d’appel de Paris.
De son côté, le gouvernement congolais avait affirmé détenir des éléments démontrant l’implication d’Apple dans un réseau d’approvisionnement lié à l’exploitation illégale de minerais provenant de zones de conflit. Pour les autorités, ces pratiques sont motivées avant tout par des intérêts économiques et participent directement à l’insécurité persistante dans l’Est du pays.
Jean-Baptiste Leni