RDC : Depuis la levée de la suspension des exportations de cobalt et l’instauration de quotas, aucun hydroxyde de cobalt n’a encore quitté le sol congolais, révèle Tom Matthews

Cobalt
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PAR Deskeco - 13 déc 2025 11:37, Dans Mines

La République démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de cobalt, un métal stratégique pour les batteries des véhicules électriques et des technologies avancées, traverse une phase de réorganisation de ses exportations. 

Selon Tom Matthews, PhD, analyste principal des matériaux pour batteries chez CRU, cabinet international d’analyse spécialisé dans les matières premières, malgré la levée officielle de la suspension des exportations en octobre dernier, aucune cargaison d’hydroxyde de cobalt n’a encore quitté le territoire congolais.

Dans les perspectives du marché du quatrième trimestre publiées par le cabinet CRU, plusieurs éléments clés ont été mis en lumière. En septembre, l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS) a annoncé la fin de l’interdiction totale d’exportation du cobalt instaurée au début de en février 2025, remplacée par un système de quotas d’exportation par entreprise le 16 octobre. 

Pour 2025, un volume de 18 100 tonnes de cobalt contenu est autorisé, tandis que pour 2026, le quota est fixé à 96 600 tonnes, l’équivalent d’environ la moitié des exportations de l’année précédente. Ces quotas sont toutefois révisables chaque trimestre en cas de déséquilibre important du marché, indique l’autorité de régulation. 

Cependant, le simple fait d’autoriser la reprise des exportations n’a pas suffi à faire décoller les volumes vers les marchés internationaux. La réalité est que les expéditions n’ont pas commencé, en grande partie à cause d’un nouveau processus d’exportation en 19 étapes impliquant de nombreux tests, certifications et multiples agences gouvernementales, un système plus complexe que prévu qui retarde la mise en œuvre effective des quotas, explique l’expert.

Les opérateurs miniers et les régulateurs s’efforcent de finaliser ces procédures, mais les retards persistent. Cette situation de blocage a entraîné des conséquences importantes sur les prix des matières premières liées au cobalt. 

Depuis août 2025, les prix des sulfates de cobalt ont grimpé d’environ 90 %, tandis que l’hydroxyde de cobalt se négocie désormais à un niveau proche de celui du métal pur, une dynamique de marché profondément modifiée. Face à ces tensions, plusieurs raffineurs ont commencé à dissoudre du métal pour alimenter leurs chaînes de production, contribuant à l’augmentation des coûts des batteries, a révélé Tom Matthews. 

Il note cependant que les délais de transit, déjà longs, pourraient encore s’allonger, et que l’on pourrait ne pas voir de volumes significatifs atteindre le marché avant avril de l’année suivante. Il prédit également une volatilité accrue des prix du cobalt au premier semestre de l’année suivante, tant que les exportations ne seront pas stabilisées.

Pour rappel, au début de l’année 2025, face à une surabondance de l’offre mondiale qui avait fait chuter les prix du cobalt à leur plus bas niveau en plus de deux décennies, soit à 21 000 USD la tonne, la RDC a décidé de suspendre totalement les exportations de cobalt. La mesure, destinée à soutenir les cours et à rééquilibrer le marché, a été initialement prévue pour quatre mois et prolongée ensuite à trois mois avant d’être remplacée en octobre dernier par un régime de quotas.

Jean-Baptiste Leni 

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