Affaire Dan Gertler : face aux multiples réactions, le CNPAV apporte quelques précisions et insiste sur le volet justice à l’encontre de l’homme d’affaires

Dan Gertler
Dan Gertler, l'homme d'affaires Israélien. Ph Droits tiers.
PAR Deskeco - 24 juil 2025 08:07, Dans Corruption

Face aux réactions diverses au sein de la société civile après les aveux de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler publiés par Bloomberg, la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV) a tenu à apporter quelques éclairages. Dans sa première déclaration, la structure avait appelé les instances judiciaires congolaises à se saisir du dossier au regard des affirmations du milliardaire.

Dan Gertler reconnaissait, pour la première fois selon ses propres termes, avoir versé d’importantes sommes d’argent à Augustin Katumba Mwanke dans le cadre de ses investissements miniers en République démocratique du Congo et avoir détenu des entreprises au nom de ce dernier.

Cependant, l’appel à la justice à l’encontre de l’homme d’affaires a été diversement commenté. Certains acteurs, tels que l’activiste Carbone Beni, ne soutiennent pas cette initiative. Cet activiste défend au contraire la levée des sanctions contre Dan Gertler, en raison du fait qu’il ait accepté de remettre à la RDC des actifs estimés à plus de 2 milliards de dollars amassés lors d’opérations illicites orchestrées à l’époque.

« Depuis que la RDC existe, aucun investisseur, qu’il soit national ou étranger, n’a remis ne serait-ce qu’un dollar. Au-delà des sept ans de présidence de Tshisekedi, il y a eu de nombreux procès pour détournement et corruption, mais jamais un seul dollar n’a été reversé dans les caisses de l’État », déclare Carbone Beni sur son compte X.

Il ajoute :

« Vous avez Dan Gertler, un richissime homme d’affaires israélien controversé, qui a amassé une immense fortune en RDC. À un certain moment, des organisations de la société civile ont élevé la voix pendant plusieurs années pour demander des sanctions contre lui. Aujourd’hui, Gertler a coopéré, déclarant : "Je remets les actifs et je veux la levée des sanctions". Ces actifs vont être mis à contribution dans le cadre de l’accord entre la RDC, le Rwanda et les États-Unis, où ils seront valorisés et vendus pour le bénéfice de la RDC. Cela est à prendre en compte ».

Pour « CorruptionTue », structure appartenant à la coalition des organisations de la société civile « Le Congo n’est pas à vendre », cette affirmation est « incorrecte » et « trompeuse ». « Gertler n’a pas restitué ses actifs en RDC en bonne et due forme comme certains le prétendent », indique-t-elle.

Concernant le tribunal arbitral, l’organisation précise qu’il n’a ni blanchi le milliardaire, ni tranché sur la légalité des affaires évoquées.

« Plusieurs enquêtes passées concernant l’entourage de M. Gertler ont été suivies de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Cette fois aussi, des affirmations circulant depuis la publication de l’article de Bloomberg sont incorrectes ou trompeuses : l’arbitrage n’a pas "blanchi" Gertler ; c’est une procédure civile sans compétence criminelle ».

« CorruptionTue » insiste par ailleurs sur le fait que « Gertler détient toujours des royalties qui lui rapportent des sommes considérables et qui ont été obtenues de manière irrégulière ». Pour rappel, ces royalties génèrent 200 000 dollars par jour pour l’homme d’affaires. Pour elle, ses récentes révélations rendues publiques doivent « renforcer la nécessité de maintenir des sanctions et d’envisager des poursuites judiciaires » contre lui.

De son côté, Jimmy Kande, directeur de la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF), est revenu sur l’essentiel :

« M. Gertler a bâti l’essentiel de sa fortune grâce à la corruption et à sa proximité avec l’ancien président Joseph Kabila, cela lui a valu des sanctions pour corruption par le Trésor américain en 2017. Ses activités en RDC ont causé une perte estimée à près de deux milliards de dollars pour le pays, en raison de pratiques opaques, de violations systématiques des règles des marchés publics et d’accords conclus dans le mépris total de l’intérêt général ». Il est donc non seulement légitime, mais impératif, de réclamer justice.

Il ajoute :

« Quant à la prétendue restitution d’actifs d’une valeur de deux milliards de dollars, ce chiffre est tout simplement fantaisiste. Aucune évaluation sérieuse et indépendante ne permet aujourd’hui de confirmer une telle estimation, notamment en raison de l’usure et de la dépréciation de ces actifs au fil du temps ».

Jean-Baptiste Leni

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