Dans un rapport rendu public ce jeudi 26 juin 2025, le mouvement citoyen Filimbi dénonce le manque de transparence dans le processus d’indemnisation des victimes de la guerre de six jours à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Ce rapport révèle que des personnes inconnues, dont les noms ne figurent pas dans la base de données, perçoivent jusqu’à 2000 dollars américains, au détriment des vraies victimes de guerre.
« Des individus non enregistrés dans la base officielle ont perçu jusqu’à 2 000 dollars, sans qu’aucune vérification sérieuse n’ait été menée. Des noms absents des registres ont été validés, tandis que des survivants identifiés, documentés et légitimes sont systématiquement ignorés ou contraints à verser de l’argent pour recevoir ce qui leur est dû », peut-on lire dans ce document.
Le rapport indique que « les témoignages de victimes authentiques révèlent l’existence de rétrocommissions illégales exigées en échange du déblocage de leurs fonds ». Pourtant, le Fonds de Réparation des Victimes des Atrocités de l’Occupation, financé par l’Ouganda, est destiné à aider les victimes à reprendre confiance après les atrocités subies en 2000 au cours d’une guerre entretenue notamment par son armée.
« Ils m’ont appelée pour dire que j’étais retenue pour recevoir 2 000 dollars. Mais avant de débloquer le montant, un homme m’a dit qu’il fallait d’abord que je verse 500 dollars. On m’a fait comprendre que, sans "motiver" le dossier, il serait mis de côté. Je n’ai pas d’argent pour corrompre, alors j’ai été rayée de la liste, alors que j’ai tout vécu. Ils paient des gens qui n’étaient même pas là », a témoigné une victime.
Par ailleurs, le mouvement révèle des cas de surfacturation, ainsi qu’un manque de transparence dans la gestion des finances de ce projet. Ces dysfonctionnements avaient également été soulevés à l’Assemblée nationale par le député Flory Mapamboli, qui évoquait en mai dernier, dans une question écrite, une gestion « peu orthodoxe » de ce fonds.
« La structure, censée restaurer la dignité de ceux qui ont survécu à l’horreur, est désormais synonyme de mauvaise gouvernance, de favoritisme, de détournements présumés de fonds publics et d’instrumentalisation politique », déplore Filimbi.
Jean-Baptiste Leni