Face au contexte politique et économique mondial instable, où le dollar américain se déprécie, où l'on observe une perte de confiance dans le marché obligataire et où la dynamique de dédollarisation des échanges s'accélère, la République démocratique du Congo envisage de repenser son économie et son positionnement géopolitique à travers ses potentiels.
Ce vendredi 30 mai 2025, au cours de la 45e réunion ordinaire du Conseil des ministres, le président de la République a instruit le gouvernement à sécuriser les flux économiques extérieurs.
« Le président de la République a commencé par attirer l'attention du Conseil sur une évolution géopolitique et économique majeure, qui bien qu'éloignée en apparence, a des répercussions sur la RDC », indique le compte-rendu du Conseil.
Sachant que l'Organisation mondiale du commerce prévoit désormais une contraction du commerce de 0,2% cette année, alors que le FMI abaisse ses prévisions de croissance mondiale à 2,8% et 3% pour 2026, parallèlement à un dollar américain qui se déprécie, le chef de l'État a souligné la nécessité pour la RDC, où 91% des dépôts et 97% des prêts bancaires sont libellés en cette devise, de sécuriser les flux économiques extérieurs et de repenser son positionnement.
« Le président de la République est d'avis que sécuriser les flux économiques extérieurs et repenser notre positionnement géopolitique n'est plus une option mais une nécessité. Notre pays doit non seulement se défendre mais aussi se positionner, une voix doit compter, notre économie doit résister et notre diplomatie doit anticiper », martèle le compte-rendu du Conseil.
Face aux bouleversements de l'économie mondiale, si la RDC n'agit pas, son économie pourrait se heurter à des défis majeurs, tels qu'une inflation importée due à la hausse mondiale des prix des produits manufacturés, une pression sur le franc congolais, aggravée par la baisse des recettes d'exportation, ainsi qu'une forte volatilité des cours des métaux rendant la planification économique incertaine.
Ce bouleversement économique mondial pourrait également être accentué par un ralentissement de l'économie chinoise, fragilisant la demande pour les ressources stratégiques congolaises. Au niveau interne, ce défi risque de s'accentuer par la crise de la guerre dans l'est de la RDC, qui exige des ressources financières colossales pour financer l'effort de guerre et soutenir les populations déplacées.
Pour ce faire, le gouvernement, en collaboration avec la Banque centrale du Congo ainsi que les autres instances stratégiques, a été instruit à se concerter pour proposer rapidement des mesures concrètes visant à protéger l'économie des chocs extérieurs, à renforcer sa souveraineté économique et commerciale, à diversifier ses partenariats et à ancrer sa diplomatie dans une stratégie autonome en vue de maximiser les intérêts congolais.
Le président de la République a, par ailleurs, réitéré son soutien à la récente décision de suspension de toute exportation de cobalt sur le marché mondial, une mesure stratégique dans le contexte actuel, selon le gouvernement, en vue de maîtriser son offre sur le marché mondial et protéger les intérêts congolais.
Le gouvernement s'est également récemment engagé en faveur du projet de corridor de Lobito et de la zone économique spéciale RDC-Zambie, illustrant le potentiel d'intégration dans les chaînes de valeur mondiale et africaine de la RDC.
Jean-Baptiste Leni
