Le président de l’assemblée nationale, Vital Kamerhe, a dénoncé, vendredi 11 avril 2025, le manque de moyens financiers auquel fait face actuellement l’institution qu’il dirige pour fonctionner. Il l’a fait savoir au cours de la plénière tenue le même vendredi.
Il a même expliqué que cette situation est l’origine de l’irrégularité de la tenue de plénières au niveau de l’assemblée nationale.
« Nous avons fait beaucoup de jours sans plénières, vous savez très bien pourquoi », l’a-t-il rappelé aux députés nationaux ayant pris à la plénière.
« Les raisons sont claires, nous sommes fatigués de continuer à nous débrouiller avec le peu de moyens qui nous reviennent, à nous comme individus, pour acheter les papiers pour l’assemblée », déclare-t-il du haut du perchoir de l’organe délibérant.
A lui d’ajouter :
« Ca risque d’être une habitude, alors que chaque institution doit avoir des frais de fonctionnement. L’assemblée nationale ne doit pas être considérée comme une petite institution, il faut qu’on fonctionne dans de bonnes conditions ».
Parlant de frais de fonctionnement, il faut rappeler que la loi de finances rectificative 2024 avait prévu 782,6 milliards de Francs congolais pour l’ensemble de l’institution, la rubrique du fonctionnement, à elle seule, comprenait 556,7 milliards de Francs congolais. Tandis que la loi de finances en cours, soit de l’exercice 2025, a accordé près de 468, 9 milliards de franc congolais sur les 712, 1 milliards de FC prévus pour le fonctionnement de l’assemblée.
A ce niveau, le problème se situerait-t-il au niveau de son décaissement ? Par ailleurs, l’assemblée nationale figure aussi parmi les institutions politiques congolaises qui consomment plus le fonds du trésor public. Par exemple, selon la loi de finances initiale 2024 consultée, deux lignes budgétaires destinés au fonctionnement de l’assemblée nationale a prévu 540,3 milliards de FC au titre de fonds spécial d’intervention uniquement.
Selon une analyse faite par Deskeco, ce chiffre représente 73% des prévisions annuelles de programme de développement local de 145 territoires, qui a une prévision annuelle de 755, 4 milliards de FC.
Au-delà de ces aspects, les ONG, telles qu’Unis, déplorent également les primes imaginaires accordées aux députés et au personnel, qui rendent difficile la clarté sur l’émolument des élus nationaux et la paie de personnel.
Tenant compte de tous ces éléments, il paraît difficile qu’une problématique liée à l’insuffisance et/ou au décaissement de fonds se pose pour une institution qui a toujours bénéficié de la régularité de frais de fonctionnement.
Qui pour endosser ?
Il ne faut surtout pas oublier que la République démocratique du Congo traverse un moment de crise de violation de son intégrité, où les mobilisations de fonds sont quasiment orientées vers la défense, laissant dans l’incertitude d’autres secteurs de vie.
C’est d’ailleurs la crainte qu’avait soulevée au mois de mars 2025 dernier, le Centre de Recherche en Finances publique et développement local, une ONG locale, lorsque le gouvernement avait décidé de mobiliser plus de fonds pour augmenter les soldes de militaires et policiers pour les encourager pendant ce moment de crise de l’insécurité due à l’occupation de partie Nord-est par les rebelles de M23.
À titre d'exemple, la paie des agents publics a connu au mois de mars un retard de 14 jours.
Du côté du gouvernement, les appels à la mobilisation de fonds se multiplient face aux dépenses de défense. Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a insisté, lors de sa participation, lundi 7 avril dernier, au seminaire annuel de la Direction générale des Impôts (DGI), sur la nécessité de maximiser les recettes fiscales face à l’augmentation des prévisions budgétaire due à la crise de l’insécurité dans l’Est de la République démocratique du Congo.
La première ministre Judith Suminwa, avait, de sa part, appelé, lors de 38ième réunion, à surveiller les marchés miniers en vue de capitaliser les intérêts de la République démocratique du Congo dans ce contexte de conflit armé.
Jean-Baptiste Leni