Annonçant le 2 avril 2025 de nouvelles taxes douanières, le nouveau président américain Donald Trump a donné une leçon : « Entre les États, il n'y a que les intérêts ». Par cette mesure, il bouleverse tout le système financier mondial - preuve en est, les bourses sont en chute libre depuis cette annonce. La mesure met aussi en péril l'avenir de l'AGOA que les États-Unis ont établi avec l'Afrique en général et la RDC en particulier.
Cet accord américain favorisant un cadre d'échanges commerciaux avait été priorisé par les autorités de Kinshasa, au point de solliciter la tenue de son 22e forum au pays, sur demande en août 2024 de la Première ministre Judith Suminwa.
« Cette 22e édition permettra aux partenaires américains et congolais d'établir un cadre de collaboration dans les secteurs définis par la stratégie nationale AGOA, qui comprend 21 filières agricoles et 5 filières minières », avait salué le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku.
En clair, l'African Growth and Opportunity Act (AGOA) permet aux producteurs congolais d'exporter directement vers les États-Unis plus de 6 000 produits différents sans droits de douane. À l'échelle africaine, il autorise l'exportation sans taxe de plus de 1 000 produits sur le marché américain, selon le politologue Serigne Bamba Gaye, joint par Jeune Afrique.
En instaurant ces nouveaux tarifs douaniers, notamment sur l'Afrique, cet analyste estime que Donald Trump a violé l'esprit de l'AGOA, pourtant prioritaire pour le continent.
« Cet accord permettait à plus de 1 000 produits africains d'entrer aux États-Unis sans droits de douane. Imposer de nouvelles taxes aux pays africains constitue une violation flagrante de l'esprit de l'AGOA. Les États africains disposent cependant de leviers : ils ont des matières premières stratégiques », dénonce-t-il.
Quelles solutions pour l'Afrique ?
Si l'économiste congolais Al Kitenge, interrogé par Deskeco, prône la production et la transformation locale, particulièrement en RDC, l'entrepreneur ivoirien Stanislas Zézé, fondateur de l'agence de notation Bloomfield, cité par la Deutsche Welle, appelle à créer un marché régional africain pour transformer localement et réduire la dépendance.
Mesures de rétorsion face aux nouveaux tarifs ?
Le politologue Serigne Bamba Gaye exhorte les pays africains comme la RDC à riposter par des mesures de réciprocité envers les entreprises américaines.
« Le moment est venu pour des pays comme la RDC, la Zambie ou l'Afrique du Sud d'appliquer la réciprocité aux compagnies américaines souhaitant exploiter nos matières premières », déclare-t-il.
Cependant, pour l'économiste Al Kitenge, la RDC n'est pas un « partenaire commercial significatif » des États-Unis.
« Nos exportations vers les USA existent, mais ne représentent pas une valeur importante. Nous ne sommes pas un partenaire commercial majeur des États-Unis », précise-t-il.
Ces nouveaux tarifs douaniers varient de 10 % à 50 % selon les pays et secteurs concernés en Afrique. En RDC, cette annonce a été suivie ce 7 avril 2025 d'une suspension de tous les contrats de lobbying avec des entités américaines, selon un communiqué de Tina Salama, porte-parole du président Félix-Antoine Tshisekedi.
Jean-Baptiste Leni