RDC : L'électrification des milieux ruraux à partir des redevances minières au centre d'un atelier à Kinshasa

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PAR Deskeco - 12 déc 2024 19:19, Dans Développement durable

Comment les redevances minières perçues par les entités territoriales décentralisées (ETD) peuvent-elles contribuer à électrifier et devenir des catalyseurs pour le développement et le bien-être des populations rurales ? Cette question a été au centre de l'atelier Pont Mines-Énergie, organisé par Ressources Matters avec l'appui de l'« Eleventh Hour Project », en collaboration avec les ministères des Mines, de l'Intérieur, de la Coopération internationale, des Ressources hydrauliques et du Développement rural.

Le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, a souligné que les défis de l’électrification des ETD sont non seulement techniques et financiers, mais aussi administratifs.

« Il nous incombe ainsi, en tant qu’État, de renforcer la gouvernance locale et de veiller à une gestion optimale des ressources issues de la redevance minière », a déclaré le VPM Shabani. Il a invité les participants à « définir des stratégies adaptées aux réalités de chaque ETD en tenant compte des spécificités locales et des exigences d’une gouvernance transparente. L’État assurera son rôle de régulateur et de garant d’un environnement favorable pour la mise en œuvre des projets y relatifs ».

Pour sa part, le ministre d’État, ministre du Développement rural, Muhindo Nzangi, a insisté sur le fait que les réflexions autour de cet atelier tiennent compte du choix des technologies à utiliser pour chaque environnement en RDC afin de faciliter le développement local.

Pour la ministre déléguée à la Francophonie et à la Coopération internationale, « l’accès à l’électricité dans les ETD bénéficiaires de redevances minières est donc une priorité ».

« Cet atelier et d’autres constitueront une plateforme aux diverses opportunités pour renforcer la coopération entre les parties prenantes, locales et internationales. Elle a insisté sur l’importance d’assurer, d’une part, la transparence et, d’autre part, la redevabilité dans l’utilisation des fonds mobilisés », a-t-elle fait savoir.

De son côté, le coordonnateur du secteur énergie chez Resource Matters, Christian Mbenga, est revenu sur la difficulté de l’accès à l’électricité en RDC :

« Comme vous le savez, le taux d’accès à l’électricité au niveau de nos communautés est toujours inférieur à 1 %, et Resource Matters, en tant qu’ONG qui travaille pour que les ressources naturelles du pays puissent bénéficier aux communautés, a entamé des réflexions depuis un certain temps sur comment les communautés locales peuvent utiliser leur redevance pour leur électrification », a-t-il fait savoir.

Et d’ajouter :

« N’oubliez pas qu’on a toujours dit que l’électrification est à la base du développement. Et donc, si nous voulons que nos communautés puissent se développer, nous devons leur donner accès à l’électricité. Notre manière de leur donner accès à l’électricité n’est pas seulement de dire que le gouvernement doit faire, et c’est l’avantage que nous avons aujourd’hui parce qu’il y a la redevance minière. Donc, les communautés peuvent aussi utiliser l’argent qu’elles perçoivent à travers la redevance minière pour leur électrification. Et comme c’est le premier jour, nous avons axé nos réflexions sur le cadre légal, s’il permet aux ETD d'avoir accès à l’électricité. Nous avons compris qu’évidemment, sur le plan législatif, il n’y a pas vraiment de contraintes pour que les ETD puissent mener des projets d’électrification. »

Pour le porte-parole du réseau Mwangaza, Me Éric Kassongo, qui évolue dans le secteur de l’électricité depuis plusieurs années, la réforme du secteur est « louable ».

« En tant qu’observateur, je reste sur ma soif. J’ai le sentiment d’une œuvre inachevée (…) Au-delà des efforts louables déployés par l’ANSER, il y a des défis d’ordre légal mais aussi d’ordre technique », a-t-il expliqué.

Parmi les défis à relever, il a cité notamment l’absence claire de mécanismes incitatifs, l’absence de mécanismes de financements appropriés, et le problème de l’harmonisation des politiques énergétiques avec d’autres politiques, notamment dans les domaines de l’agriculture, des PME et de l’industrie locale.

Il sied de rappeler que la dernière réforme du Code minier accorde directement 15 % de la quotité de la redevance minière à ces entités territoriales décentralisées.

Durant trois jours, ministères, institutions publiques et privées, entreprises minières et producteurs d’énergie, partenaires techniques et financiers, ainsi que les membres de la société civile vont travailler pour des solutions destinées à la construction des infrastructures en vue de la production locale et décentralisée d’électricité, en utilisant les données du Congo EPELA et l’argent de la redevance minière.

Bienvenu Ipan

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