Transmission des variations du taux de change au niveau général des prix en RDC

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PAR Deskeco - 25 nov 2023 08:23, Dans Analyses

Le taux de change est un indicateur économique qui mesure la valeur d'une monnaie par rapport à une autre. Dans un régime des taux de change flottants, le taux de change est déterminé par les forces du marché, ce qui signifie qu'il peut varier librement en fonction de l'offre et de la demande. Cependant, cette liberté de fluctuation peut entraîner une dépréciation du taux de change, qui peut avoir des effets économiques importants.

La stabilité du taux de change est un aspect indispensable dans l’évolution de pouvoir d’achat à travers le revenu et le prix de biens et services dans une économie. Depuis que le taux de change est devenu un important déterminant de la stabilité macroéconomique, plusieurs banques centrales ont intégré le degré de transmission des variations du taux de change aux prix locaux comme un indicateur pour la conduite de leurs politiques.

Les théories économiques qui traitent du phénomène du pass-through se réfèrent généralement à la loi du prix unique (LPU) et au principe de la Parité de pouvoir d'achat (PPA). Selon ces deux théories, le prix d'un même bien dans deux marchés différents (domestique et étranger) devrait être le même à l'équilibre. Ainsi, toute variation du taux de change est de nature à modifier le prix du bien libellé en devise, et, par conséquent, induire un changement proportionnel dans le prix du bien déterminé en monnaie locale. Ceci suppose qu'à long terme, la transmission des variations du taux de change est complète, soit un pass-through égal à l'unité.

Par ailleurs, déterminer la réaction des différentes composantes de l'IPC face aux variations du taux de change rendrait efficace l'appréciation des tensions inflationnistes émanant de la volatilité du taux de change, à même de constituer une base de recommandation pour la conduite de la politique monétaire. Aussi, il est largement admis que le coefficient du pass-through est un input important pour la prévision de l‘inflation et, par conséquent, de la conduite de la politique monétaire.

En République Démocratique du Congo, le taux de change et le niveau général des prix affichent généralement un co-mouvement de long-terme. Cette situation tient de la forte dollarisation de l'économie du pays et de sa dépendance en termes d’importations des produits alimentaires, énergétiques et pharmaceutiques. L’utilisation des données mensuelles couvrant la période allant de 2016 à 2022 relève une corrélation de 0,985 entre le niveau général des prix et le taux de change ainsi que celle 0,889 avec le stock monétaire.

Tableau

De plus, il a été procédé à une analyse par la modélisation vectorielle à correction d’erreur (VECM). Pour ce faire, en sus des trois variables susmentionnées, à savoir les séries mensuelles de l’indice des prix à la consommation (biens non échangeables), la masse monétaire pour contrôler l’effet de la politique monétaire, et le taux de change nominal, il a été procédé à l’inclusion d’une quatrième variable. Il s’agit du prix du cuivre, comme variable exogène, pour prendre en compte l’importance du secteur minier dans l’économie congolaise. La démarche suivie consiste à modéliser l’interaction dynamique entre l’indice des prix à la consommation et le taux de change, la masse monétaire M1 et le prix du cuivre (variable exogène). A long terme, il s’observe un impact positif du taux de change sur l’indice des prix à la consommation. Chaque augmentation d’un point du taux de change (toutes choses étant égales par ailleurs) à la période t, entraîne une augmentation de l’écart entre l’indice

des prix à la consommation de la période t et celui de la période t-1 de 1,1099. A court terme, il s’observe que si le taux de change augmente de 10%, l’indice des prix à la consommation varie dans le même sens pour 6,2%. La force de rappel (terme d’ajustement du court terme au long terme) est statistiquement significative et négative. Ainsi, un choc permanent sur le niveau général des prix au cours d’un mois se corrigent à 23,25% par l’effet de «feed back» ; autrement dit, l’on arrive à ajuster 23,25% du déséquilibre entre le niveau désiré et effectif de l’indice des prix à la consommation en RD Congo (tableau 2).

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La fonction de réponse impulsionnelle (tableau 3) révèle une réceptivité importante des prix à la consommation aux variations du taux de change. Cette sensibilité prend de l’ampleur avec le temps, puisque la décomposition de la variance indique que 69.7% des changements des prix reviennent aux variations du taux de change à l’horizon de 12 mois.

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Ainsi, la conduite de la politique monétaire de la Banque Centrale du Congo devrait nécessairement prendre en compte le degré et l'amplitude de l'effet des variations du taux de change sur l’indice des prix. L’économie congolaise étant vulnérable aux chocs exogènes et dont les répercussions sont non négligeables, la BCC devrait quelques fois combiner la modification des instruments de la politique monétaire à ceux de la politique de change à l’effet d’atteindre les objectifs lui assignés par le législateur.

Analyse tirée du Rapport de la Banque centrale du Congo sur la Politique monétaire en 2022

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