Une des raisons ayant déclenché la grève des chauffeurs des transports en commun à Kinshasa, ce lundi 5 juin, le différend entre l’Association des Chauffeurs du Congo (ACCO) et l’Association des Chargeurs du Congo (ACHACO) va se régler au sein d’une commission spéciale, qui sera présidée par la ville, via le ministre provincial ayant le transport dans ses attributions.
Après une réunion de l’organisation des chauffeurs au ministère provincial de l'intérieur, la grève a été suspendue après quelques solutions présentées aux revendications des conducteurs des transports en commun. Quant au problème lié à l’Achaco, la solution trouvée est celle de réunir les deux associations sans but lucratif autour d’une table, pour un règlement définitif du conflit sur l'exercice des activités dans les parkings publics de la ville de Kinshasa.
« Sur le dossier ACCO et Achaco, le ministre nous a renvoyé dans une commission où nous aurons à siéger entre les deux associations pour voir ce que nous pouvons faire pour que le désordre qui règne dans la ville de Kinshasa ne puisse plus se produire. La charge est au niveau de la ville, à travers le ministre principal de transport, qui va présider la réunion. La date n’est pas encore fixée », a indiqué à ACTUALITÉ.CD, Jean Mutombo, le président de l’ACCO.
Le conflit entre ces deux associations sans but lucratif a occasionné une dégradation de la situation sécuritaire dans les parkings et arrêts de bus de Kinshasa avec une violence inouïe et des affrontements sanglants quotidiens. Alors que sur le plan légal et règlementaire, les parkings publics relèvent de la compétence exclusive de la ville sous la gestion du Ministère provincial ayant les transports dans ses attributions.
Le Secrétaire Général à la Justice et Garde des Sceaux avait saisi le gouverneur de la ville de Kinshasa par une lettre du 15 août 2022, par laquelle il avait relevé la démarcation entre les deux associations selon la nature d'activités pour permettre à l'autorité urbaine de les déployer sur les sites appropriés conformément aux objectifs par elles poursuivis et à la légalité à faire prévaloir pour le règlement définitif de ce différend.
Le gouverneur, pour sa part, avait pris quelques décisions pour la cause.
« Pour préserver la paix sociale dans ce secteur d'activités, j'attire votre attention sur le fait qu'il soit désormais indiqué à l'Association des Chauffeurs du Congo d'œuvrer dans les parkings des personnes et à l'Association des Chargeurs du Congo, dans les parkings des biens de la ville de Kinshasa où s'exercent la manutention, le chargement et le déchargement des marchandises sous l'encadrement du gestionnaire attitré des parkings publics qu'est le ministre provincial en charge des transports », peut-on lire dans une lettre du gouverneur de la ville, adressée aux deux associations.
La grève suspendue
La circulation des transports en commun a repris timidement dans la soirée de ce lundi 5 juin, un peu moins timide ce mardi 6 juin, dans la matinée. Cela suite à la grève déclenchée par appel de l’Association des Chauffeurs du Congo. Initialement prévu pour 3 jours, le mouvement de grève a finalement été suspendu et les chauffeurs ont reçu la notification de leur organisation de pouvoir reprendre le travail.
La décision est tombée tard dans la soirée, et la sensibilisation continue pour que tous reprennent le travail. Des solutions leur ont été proposées, reste leur application.
« Nous avons décidé de suspendre la grève. Le reste des problèmes, nous avons trouvé des solutions. Entre autres la tracasserie. D’ailleurs au ministère provincial de transport, le ministre avait déjà donné un moratoire de 10 jours, pendant lequel les agents de la division urbaine de transport ne vont pas contrôler les documents de bord. Ils se sont reconnus coupables par le fait, qu’il n’y a pas de notes de perception, pas d’imprimé de valeur », a souligné Jean-Mutombo.
Au niveau de la police, le VPM, ministre de l’intérieur avait déjà instruit au commissaire provincial de la ville de Kinshasa de mettre de l’ordre dans son secteur et de ne laisser que la PCR faire son travail.
« Nous avons écouté les autorités, elles ont donné des réponses, nous avons écouté. Nous allons voir la suite. Si ça ne va pas ou si leurs solutions ne rencontraient pas nos préoccupations, nous reviendrons vers elles pour le leur dire. Dans un premier temps, le ministre nous a rassuré que nos revendications sont prises en compte et que tout va se régler », a-t-il conclu.
La circulation a été amplement perturbée lundi matin, dans plusieurs coins de la ville de Kinshasa. Les chauffeurs de transport en commun avaient ainsi commencé un mouvement de grève, qu’ils voulaient de 3 jours pour exiger notamment la cessation de la tracasserie de la police de circulation routière. La plus grande perdante a été la population. On pouvait apercevoir des tas de personnes dans les arrêts de bus pour une attente interminable. Conséquence, augmentation des prix des courses pour les motos, pas concernées par la grève.
Emmanuel Kuzamba