Le contexte économique mondial actuel est marqué par l’incertitude croissante liée aux tensions politiques entre la Russie et l’Ukraine. Ces tensions, résultants essentiellement des différends géostratégiques entre l’OTAN et la Russie, ont amené à une invasion des grandes villes de l’Ukraine par le pouvoir russe depuis Février dernier.
Dans le monde
En réponse, les pays occidentaux dans leur majorité, en soutien à l’Ukraine, ont infligé des sanctions économiques contre la Russie. Ces sanctions visent à affaiblir l’économie russe et les oligarques proches du Kremlin dans le but de limiter les moyens de financement de la guerre et de faire cesser les interventions militaires qui causent des pertes en vie humaine et des moyens de subsistance pour l’économie Ukrainienne. La conjonction de ces différents facteurs a eu des conséquences économiques non négligeables, notamment les incertitudes sur les marchés financiers et ceux des produits de base, plombant ainsi les perspectives de l’économie mondiale et régionale de 2022.
Par ailleurs, il convient de relever qu’avant ce conflit, les perspectives de l’économie mondiale renseignaient une croissance lente du PIB réel en 2022. En début d’année 2022, les services du FMI tablaient sur une croissance de 4,4 % en 2022 contre 6,1 % en 2021. Cette croissance prévue était exposé à certains risques baissiers, notamment des risques liés à (i) l’accélération de l’inflation, principalement dans les pays avancés, (ii) la persistance de la pandémie de Covid-19, (iii) aux perturbations des chaînes d’approvisionnement et (iv) aux niveaux élevés de l’endettement des pays. A ces facteurs des risques baissiers s’est ajouté le conflit russo-ukrainien dont les conséquences économiques pourraient être plus sévère tant pour l’économie européenne que pour ceux d’autres régions du monde.
Aussi, le FMI a revu à la baisse les prévisions de la croissance de l’économie mondiale pour l’année 2022 à 3,6 % en avril, puis à 3,2 % en juillet. Ce ralentissement est en grande partie dû aux effets de cette guerre, lesquels devraient également alimenter la hausse du niveau général des prix. En moyenne annuelle, l’inflation pourrait se situer à 8,3 % contre un niveau réalisé de 4,7 % en 2021.
Pour rappel, ces deux économies sont parmi les principaux pays exportateurs des produits énergétiques et alimentaires (céréaliers). Depuis le début de cette guerre, il s’est observé une envolée des prix de ces produits.
Le cours du pétrole a franchi, la première fois depuis début septembre 2014, la barre de 100 dollar le baril le 23 février 2022. Au 30 juin 2022, le prix baril s’est situé à 105,76 dollars, soit une hausse d’environ 34,9 % par rapport à fin décembre 2021. De même, le cours du blé et du maïs ont augmenté de 12,71 % et 25,36 % sur la période, se fixant à 283,36 dollars et 218,11 dollars la tonne.
Ainsi, la hausse des cours des produits de base observée depuis le déclenchement de la crise devrait peser sur les perspectives des plusieurs économies dépendant de ces produits. La hausse des cours de l’or noir devrait entrainer une accélération de l’inflation, par l’entremise d’une augmentation des coûts de production liés à l’énergie, et la volatilité sur les marchés financiers, avec risque d’occasionner un ralentissement de l’économie mondiale.
En outre, la flambée des cours du pétrole pourrait entraîner une hausse des cours des produits alimentaires par l’entremise d’une pression sur la demande des produits utilisés dans la production du biocarburant [Nazlioglu et Soytas (2011)]. Aussi, la hausse des prix du pétrole conduirait à des effets sur les taux de change, à travers une accentuation des déficits du compte des transactions courantes, entrainant par ricochet des dépréciations des monnaies nationales [Abbott et al. (2008)].
Pour ce qui est des conséquences sur l’économie congolaise, il y a lieu de souligner que, la hausse des prix du baril du pétrole devrait, à court terme, influencer les cours des métaux dont le cuivre et le cobalt, principal produits d’exportations de la RDC. Cela pourrait influencer positivement les recettes d’exportations. Cependant, cette hausse du baril conjuguée à celle des produits céréaliers pourrait entrainer une accélération du rythme de formation des prix intérieure (inflation importée), avec effet négatif sur le pouvoir d’achat de la population.
A ce sujet, en République Démocratique du Congo, l’inflation en glissement annuel s’est située à 8,782 % à fin juin 2022 contre un niveau d’inflation réalisé de 5,28 % en 2021. La nouvelle séquence de transmission de l’inflation est apparue avec le choc d’origine externe, à savoir : (i) augmentation des coûts à l’importation, (ii) répercussions sur les prix intérieurs et (iii) augmentation de l’inflation. Par contre, le marché des changes est resté relativement stable. Au premier semestre, la monnaie nationale à l'interbancaire ne s’est dépréciée que de 0,239 % contre 1,4 % de dépréciation en 2021.
Par ailleurs, nonobstant les effets de la crise, liés notamment à la hausse de l’inflation, l’économie congolaise pourrait bénéficier de l’embellie des cours de ses principaux produits d’exportation. D’après le Comité Permanent de Cadrage Macroéconomique (CPCM), les estimations des données de production à fin mars situent la croissance à 7,1 % en 2022 contre un niveau réalisé de 6,2 % en 2021.
Pour ce qui est des mesures à prendre, la Banque Centrale du Congo s'engage à ne plus accorder les avances à l'Etat afin d’éviter la réapparition de l’inflation d’origine monétaire. De plus, elle pourrait envisager une hausse de son taux directeur afin de rétablir la marge de positivité par rapport à l’inflation en glissement annuel.
Pour sa part, le Gouvernement a pris les mesures suivantes : (i) la suspension temporaire de la TVA, (ii) l’exploitation des grands bassins de production tant agricoles qu’industriels pour permettre l’approvisionnement de grands centres urbains et, (iii) la réhabilitation des routes de desserte agricole dans le cadre du programme du développement de 145 territoires, notamment, à l’effet de permettre l’évacuation des produits des centres de production vers les centres de consommation.
Texte tiré du Rapport 2021 de la Banque centrale du Congo sur la politique monétaire et de change