Entrepreneurs congolais, ne baissons pas les bras (Tribune de Yacine Fylla)

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PAR Deskeco - 25 sep 2021 08:36, Dans Analyses

En RDC, le taux de chômage atteint 84% selon le ministère du Plan, et il touche en majorité les jeunes entre 15 et 24 ans. Face à cela, beaucoup d’entre eux se tournent vers l’entrepreneuriat. Créer une entreprise offre à la jeunesse congolaise la perspective d’emplois, de gains financiers et d’autonomie.

Pour autant, créer une entreprise en RDC est un parcours souvent semé d’embuches. Quelle que soit sa nature ou le secteur au sein duquel elle entend évoluer, une entreprise, pour exister, nécessite des financements. C’est là le premier combat que devra mener tout entrepreneur. Et c’est également là que beaucoup d’aventures entrepreneuriales prennent fin. L’accès aux financements est en effet particulièrement difficile en RDC : les obligations fiscales et parafiscales y sont contraignantes et aucune mesure d’accompagnement efficace n’existe pour assister les entrepreneurs. Ces derniers n’ont que trop peu accès aux mécanismes proposés par les acteurs privés. Les banques requièrent des garanties trop importantes et les fonds nationaux sont encore trop inefficaces.

Pour les entrepreneurs congolais les plus déterminés, ne reste alors plus que les institutions internationales ou étrangères parmi lesquelles USAID, ENABEL, l’AFD ou encore Proparco. Lorsque des investissements sont accessibles, ils ne sont donc pas locaux. Les entreprises congolaises ne parviennent pas à être financées par leur pays, parce que celui-ci ne dispose d’aucune politique entrepreneuriale. L’année dernière, la RDC n’a attiré que très peu d’investissements de venture capital.  Selon Partech Analysis, notre voisin, le Rwanda, en a attiré 11,6 milliards, parce que le pays s’est doté d’une politique entrepreneuriale forte et efficace lui permettant de se positionner comme hub régional.

Pour autant, il existe des moyens accessibles, mais peu connus des entrepreneurs qu’il convient de discuter ici. Il arrive, dans tout projet entrepreneurial, qu’il y ait des moments difficiles, des échecs, voire des envies d’abandon. Mais, en RDC comme ailleurs sur le continent, toute aventure entrepreneuriale n’est pas vouée à l’échec.

Il y a en premier lieu les concours locaux, régionaux et internationaux dédiés aux start-ups. Souvent ouverts aux jeunes entrepreneurs, ils permettent d’attirer l’attention sur un projet, de gagner des fonds qui permettront de développer l’entreprise voire d’entrer en contact avec des investisseurs. Lors de la création de Mopepe, le premier service de mobilité à énergie électrique d’Afrique centrale, nous avons présenté le projet lors du concours Get in the ring, ce qui été un véritable catalyseur pour notre déploiement.

Mais, pour que la participation à ces différents concours soit couronnée de succès, il convient de construire un storytelling fort. Le projet présenté doit en effet avoir une histoire, un objectif, un narratif. Mettez-vous à la place d’un investisseur : il doit savoir quelle est l’ADN de votre projet, mais surtout quelle est sa finalité. Mopepe n’est pas un simple service de location de voiture ou de taxis verts. C’est un projet qui vise à contribuer à la réalisation des ODDs ou au développement durable du pays. La possibilité de payer ce service en utilisant des outils de mobile money vise à soutenir la digitalisation, l’inclusion financière et les services de banques digitale. C’est cela que nous mettons en avant. Le service que nous avons créé dépasse notre simple entreprise, il en va de notre contribution à l’économie nationale et à son émergence.

Une fois le storytelling maitrisé, il faut connaitre son projet : cela peut sembler évident, mais ce n’est pourtant pas toujours acquis. Un entrepreneur doit être en mesure de présenter son projet à tout moment, peu importe son interlocuteur. Apprenez vos chiffres, vos objectifs, vos produits. Ce sont votre carte d’identité. Ce sont eux qui feront la différence auprès d’un investisseur potentiel.

Nous avons besoin d’entrepreneurs jeunes pour développer l’économie de notre pays. Saisissons les opportunités qui nous entourent. Elles existent, il suffit de bien les chercher ! Soyons inventifs, ayons le sens du marketing et maitrisons notre narratif. Les PME sont le poumon de l’économie congolaise et je suis persuadée de la chose suivante : une licorne Africaine se cache en RDC.

  • Yacine Fylla, Fondateur de Mopepe Solutions, le premier service de mobilité électrique d’Afrique Centrale.

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