Leader incontesté de la production de cobalt, la RDC est au centre des attentions pour ce marché qui a surpris en 2020 par une stabilité qui contraste avec la volatilité des années précédentes. La volonté de China Moly de doubler ses volumes de production à Tenke Fungurume fait couler beaucoup d’encre.
Le secteur du cobalt en RDC devrait être davantage dominé par les grands producteurs existants et évoluer vers un oligopole dans un avenir proche. C’est ce que prédit la firme d’analyse sectorielle Roskill dans une note publiée la semaine dernière, dans laquelle elle indique que d’ici 2025, les trois principaux mineurs de cobalt du pays pourraient fournir plus de la moitié du marché.
Les analystes de la firme expliquent cette prévision par le fait que les mineurs doivent de plus en plus se tourner vers l’exploitation souterraine, car les gisements à haute teneur en cobalt qui se trouvaient autrefois abondamment près de la surface s’épuisent. Pour accéder à des minerais de teneur suffisamment élevée pour une exploitation viable et prolonger la durée de vie des mines, les mineurs sont obligés de creuser davantage. En outre, les sociétés minières opérant en RDC ont également de plus en plus tendance à passer des gisements oxydés aux gisements sulfurés pour débloquer de nouvelles ressources.
« L’exploitation minière souterraine peut être plus coûteuse que l’exploitation minière à ciel ouvert […]. Dans le cas de la RDC, plus les mines sont profondes, plus le ratio cuivre/cobalt augmente, reflétant des teneurs en cuivre de plus en plus élevées au détriment du cobalt », indique la firme. Selon elle, cela devrait relever un peu plus la barrière à l’entrée pour les juniors minières de cobalt à la fois économiquement et techniquement.
Cette note de l’agence rachetée en juin dernier par Wood Mackenzie fait suite à la récente annonce par le chinois China Molybdenum de sa volonté d’investir 2,51 milliards $ pour améliorer les capacités de production de cuivre-cobalt à sa mine Tenke Fungurume. La compagnie veut précisément doubler d’ici 2023 la production annuelle de cobalt de son actif à 34 000 tonnes.
Sur un marché du cobalt « minuscule », avec une offre déjà très concentrée (la RDC fournit plus de deux tiers de l’offre globale, qui était d’à peine 140 000 tonnes en 2020 selon l’USGS*), une telle annonce a soulevé des questions quant aux perspectives du secteur. Selon Roskill, la nouvelle offre de Tenke n’aurait que peu d’impact sur les prix.
Rappelons que les perspectives pour le marché du cobalt restent plutôt solides. La demande de la matière première devrait continuer de croître jusqu’en 2030, soutenue par l’adoption des véhicules électriques dans le monde entier et par la demande saine à moyen terme de l’électronique portable dans le cadre du déploiement de la technologie 5 G. La tendance à réduire l’utilisation du cobalt dans les batteries des véhicules électriques se poursuivra, mais à en croire plusieurs analystes du secteur, elle sera compensée par la taille croissante du marché.
* Institut d'études géologiques des Etats-Unis.
Louis-Nino Kansoun (Agence Ecofin)