La RDC a été le premier pays francophone à disposer, en novembre 2015, d’un cadre stratégique dit Agenda d’Actions Pays (AAP) pour éclairer l’ensemble du territoire national à l’horizon 2030 et moderniser les services énergétiques. Ce cadre stratégique est en fait une feuille de route adoptée, avec l’appui des partenaires extérieurs, à l’issue de la seconde édition du « Forum sur l’Accès pour Tous à l’Energie durable » (FoDER 2015), tenue à Kinshasa.
Cet Agenda d’action-Pays a pour objectifs l’accès pour tous et toutes à l’électricité et à la cuisson propre ; l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le bilan énergétique du pays ; l’amélioration des services énergétiques en vue d’augmenter des économies.
Pour relever ce défi d’ici à 2030, cela nécessitait que la RDC mobilise à la fois une très forte volonté politique, l’appui des partenaires, le secteur privé et l’engagement des communautés locales.
« L’horizon 2030 semble bien trop loin pour les Congolais et les Congolaises mais il faut savoir que le processus a déjà été lancé à travers la promulgation de la loi sur l’électricité en 2014, des concertations au niveau national, l’élaboration de l’Atlas des énergies renouvelables et le lancement des projets pilotes « villages modernes » soulignait en 2015 lors du Forum Matadi Nenga Gamanda, alors ministre de l’Énergie et Ressources Hydrauliques.
Selon lui, l’engagement politique avait déjà été pris au plus haut niveau quand Joseph Kabila, alors président de la République avait déclaré que « Notre ambition est de transformer avec la participation des investisseurs et opérateurs privés, les énormes potentialités dont regorge notre pays en énergie fiable, propre, non polluante et accessible à la majorité des Congolais, indépendamment de leur niveau de revenus ».
Cependant, cette volonté politique exprimée au plus haut niveau n’a pas été suivie des réalisations concrètes surtout de la part des dirigeants Congolais. Tout aussi, la crise politique née de la tenue hypothétique des élections en décembre 2016 a refroidi beaucoup de partenaires engagés dans ce vaste programme évalué à 66,737 milliards USD.
Pourtant, des intentions de financement de ce grand programme ont été affichées par plusieurs partenaires à l’issue du FoDER 2015. Il s’agit notamment de l’Union Européenne qui a mentionné qu’un fonds de 120 millions d’euros pour l’environnement pourraient être mobilisés, dont 40 millions seront affectés à l’électricité. La Banque Mondiale avait manifesté la volonté d’appuyer le Gouvernement congolais à travers un nouveau projet énergie. L’USAID (coopération américaine) s’est engagé dans la mobilisation et encouragement de l’investissement du secteur privé. Elle s’est proposée d’appuyer des voyages d’échanges au Brésil sur le développement des projets hydrauliques et de soutenir le Fonds National d’électricité. La Coopération technique Japonaise (JICA) a rappelé son engagement dans la réhabilitation de deux groupes (N° 3 et 4) d’INGA à travers l’envoi d’experts dès janvier 2016. La DBSA (Developpment Bank of South Africa) a confirmé son engagement de la mobilisation de financements pour des partenariats public-privé.
Le coût total de l’action, 66,767 milliards USD, est réparti comme suit :
• Accès universel à l’électricité, 43 841 millions USD (soit 65,7 % du coût total) ;
• Accès à la force motrice pour l’allègement des travaux féminins et la mécanisation des systèmes d’adduction d’eau potable et d’exploitations agricoles et artisanales, 15 200 millions USD (soit 22,8 % du coût total) ;
• Amélioration de l’efficacité énergétique du pays, 3 577 millions USD (soit 5,3 % du coût total) ;
• Développement des capacités de stockage et de transport/distribution des combustibles modernes, notamment hydrocarbures liquides et gazeux, 2 521 millions USD (soit 3,8 % du coût total) ; et
• Renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles et Programme prioritaire d’urgence à court terme 1 628 1 millions USD (soit 2,4 % du coût total).
Pour mobiliser tout ce financement, le gouvernement Congolais devrait déployer une stratégie cohérente de mobilisation des ressources auprès du secteur privé national et international, des Fonds publics et privés d’investissement, des Institutions bancaires régionales et internationales, des Institutions de micro finance, de la coopération bi et multilatérale et des Agences du Système des Nations Unies pour la mise en œuvre des programmes, sous-programmes et projets relatifs à la SN/SE4ALL. Ce qui n’a pas été le cas jusqu’à ce jour. D’où ces 5 ans de passage à vide de cet Agenda d’Actions Pays.
Contexte
Le Forum sur l’Accès à l’Énergie durable pour tous et toutes (FoDER) avait réuni en novembre 2015 à Kinshasa des représentants de Ministères, du secteur privé, d’organisations de développement, de la société civile, des provinces et d’organisations régionales et sous régionales dont la RDC fait partie telles que le NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique), la SADC (Communauté Économique des États de l’Afrique Australe et de l’Est, la CEEAC (Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale), ou encore la CPGL (Communauté des Pays des Grands Lacs).
L'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies a déclaré « 2012 Année internationale de l'énergie durable pour tous ». Elle a appelé son Secrétaire général, d'organiser et de coordonner les activités visant à accroître la sensibilisation sur l'importance d'aborder les questions d'énergie. En réponse, le Secrétaire général a lancé une initiative mondiale sur « l'énergie durable pour tous ».
Cette Initiative mondiale vise à mobiliser l'action des gouvernements, du secteur privé et de la société civile autour de trois objectifs à atteindre d’ici à 2030, à savoir : 1. Assurer l'accès universel aux services énergétiques modernes ; 2. Doubler le taux global de l'amélioration de l'efficacité énergétique ; et 3. Doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial pour atteindre au moins 30 % de l’offre d’énergie.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui accompagne cette initiative au niveau mondial a fourni un appui à la République Démocratique du Congo. Avec l’appui du PNUD, la RDC a effectué un diagnostic complet de la situation énergétique de l’ensemble du pays, province par province, jusqu’à la confection de l’Atlas des énergies renouvelables (en partenariat avec la SNV – l’Organisation néerlandaise de développement). Ce diagnostic a permis de relever les écarts à combler par le pays pour réussir l’accès pour tous à l’énergie en RDC et formuler une stratégie d’approche conséquente. C’est sur la base de ces études et analyses que se fondent la formulation de l’Agenda d’Action-Pays et du Prospectus d’Investissement
Amédée Mwarabu