RDC : la dénonciation de la mégestion à TRANSCO est aussi un désaveu pour le ministre des Transports et celui du Portefeuille

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PAR Deskeco - 02 oct 2020 09:31, Dans Corruption

Quand une ONG peut trouver 130 pièces à conviction sur la gabegie financière au sein de TRANSCO et que les ministres de tutelle, à savoir celui des Transports et Voies de communication et son collègue du Portefeuille, n’ont rien pu remarquer, c’est qu’ils ont failli à leur mission.  Comment une entreprise publique peut être mise à genou depuis de lustre sans que les deux ministres de tutelle ne puissent en premier observer cette mégestion et diligenter un audit pour tirer les responsabilités?

La mégestion au sein de la société du Portefeuille de l’Etat TRANSCO est sous le feu des projecteurs depuis deux semaines maintenant. Et depuis deux semaines, au gouvernement c’est le silence radio. Les deux ministres qui assurent la tutelle technique et administrative, respectivement le ministre du Portefeuille, Clément Kuete, et le ministre des Transports et Voies de communication, Didier Mazenga, n’ont pas bronché. Pire, la situation de mégestion décriée par l’ODEP date de depuis plusieurs années. En poste depuis une année, ces deux ministres n’ont rien pu observer d’anormal dans la gestion de TRANSCO alors qu’une ONG vient de déposer une dénonciation devant la justice pour inciter à une ouverture d’une enquête judiciaire sur la gestion  de cette entreprise de transport public.

En effet, c’est hier jeudi que l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) a déposé 130 éléments de preuves au Parquet Général de Matete, qui justifient la mauvaise gestion, caractérisée par le vol à ciel ouvert des recettes encaissées par la société Transport au Congo (TTRANSCO).

« Nous avons déposé 130 pièces au Parquet général de Matete. C’est un problème très sérieux. Nous voulons que la justice soit faite. Il faut qu’on aille jusqu’au-bout de ce dossier pour que la justice soit rendue au peuple congolais. Il ne s’agit pas seulement de travailleurs de Transco mais de toute la population qui utilise les bus de cette société. Aujourd’hui, Transco n’a plus assez de bus. C’est beaucoup d’argents qui ont été investis vers 2006. Transco ne compte qu’aujourd’hui 100 bus, au lieu d’en avoir 1000, 2000 ou 5000. Et d’ailleurs les 100 bus en question ne sont pas visibles. Même la ligne qui allait vers Kikwit est aujourd’hui victime de la faillite de cette société nationale », a déclaré Florimond Muteba, PCA de l’ODEP, après le dépôt de sa dénonciation au Parquet de Matete.

A l’analyse de la dénonciation de l’ODEP, cette mégestion éclabousse tant les dirigeants actuels de TRNSCO mais aussi toutes les autres parties prenantes notamment l’ancien ministre des Transports et Voies de communications, José Makila. Dès lors, cette dénonciation résonne comme un désaveu aussi pour les deux ministres de tutelle en poste présentement dans le gouvernement pour leur indifférence face à la descente aux enfers de cette entreprise publique

Alors que l’ancien vice-premier ministre, ministre des Transports et voies de communication, José Makila, venait de porter plainte contre l’ODEP pour diffamation après la publication de son rapport le citant pour détournement de 900 000 USD de Transco, l’ODEP qualifie cette plainte de la pure « distraction ». L’ODEP dit avoir déposé au Parquet général de Matete, des preuves qui prouvent son implication ainsi que toutes les parties prenantes dans cette affaire.

« C’est de la distraction d’accuser l’ODEP pour diffamation. Nous venons de déposer parmi les pièces les courriels que lui (Ndlr : José Makila) avait écrit pour autoriser l’emprunt de 910 000 dollars. Nous avons déposé une dénonciation qui concerne tous les responsables depuis l’autorité de tutelle jusqu’aux directeurs. Donc, notre dénonciation concerne tous ceux qui ont été les parties prenantes dans la gestion de Transco depuis sa création. Il y a l’ancien premier ministre Matata, l’ancien ministre Kayumba, les Directeurs généraux et leur staff », a fait savoir Florimond Muteba.

Devant la presse, le PCA de l’ODEP, après le dépôt de la dénonciation, a appelé le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à suspendre dans l’immédiat la direction actuelle de Transco.

« Je demande au président de la République de suspendre immédiatement la direction actuelle de Transco. Et de mettre en place une direction intérimaire composée des gens non-impliqués dans cette gabegie financière. Il y a aussi un problème de redressement de cette entreprise. Nous avons appris qu’il y a 450 bus qui arrivent, il faut qu’ils viennent trouver d’autres animateurs au sein de cette entreprise sur lesquels nous allons avoir un œil regardant », a-t-il dit.

Rappelons que l'Observatoire de la dépense publique avait rendu public le 18 septembre son étude sur l'évaluation de la gestion de la société Transport au Congo (Transco), six ans après sa création et acquisition des bus, dans le cadre de la lutte contre la corruption. Cette étude s’intéresse essentiellement à la gestion des recettes, des subventions de l’Etat en carburant tout comme celles liées à la rémunération des agents. Il jette également un regard sur la question de l’utilisation des ressources, notamment les différents équipements, la procédure de passation des marchés publics, la comptabilité et les différentes dettes contractées auprès des banques commerciales congolaises.

Amédée Mwarabu

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