RDC : les 5 tares du gouvernement Ilunkamba, une année après sa nomination

gouverbement réduit
PAR Deskeco - 27 aoû 2020 12:35, Dans Analyses

En une année depuis sa nomination, le gouvernement que dirige sylvestre Ilunga a du mal à vraiment apporter du changement tant attendu. Cette équipe a du plomb dans l’aile qui fait qu’elle a du mal à faire décoller le pays dont elle a la gestion.

La responsabilité de tout gouvernement, dans ce monde moderne, est d’apporter des solutions aux problèmes de l’heure quels que soient les aléas du moment. Et pour le gouvernement Ilunkamba, étant le premier exécutif national issu de l’alternance démocratique et pacifique sous l’ère Félix Tshisekedi, sa mission était d’insuffler un changement dans la gouvernance de la République démocratique du Congo à tous les niveaux.

L’espoir de tous les Congolais était de voir un gouvernement capable de changer fondamentalement la marche du pays et permettre l’émergence du géant Congo à moyen terme. Cependant, après une année d’actions de ce gouvernement, on observe quelques tares qui plombent la gouvernance et fait perdre espoir aux Congolais. DESKECO.COM en a épinglé de manière non exhaustive 5 que voici :  

  1. Faible mobilisation des recettes. C’est connu de tous que sans moyen, un gouvernement ne peut réaliser sa politique. Et donc, dès son arrivée, le gouvernement Ilunkamba devrait tout mettre en œuvre pour renflouer les caisses de l’Etat. Le coulage des recettes est le lot de la RDC depuis longtemps. Des milliards de dollars échappent au Trésor simplement parce que l’Etat ferme les yeux et tolère cette situation qui profite à des individus bien connus. Dès lors, tout un peuple attendait à ce que cet Exécutif renfloue les caisses de l’Etat pour résoudre leur problème. Que nenni. L’équipe de Sylvestre Ilunga est restée sur les sentiers bâtis. Pour preuve, au cours des sept premiers mois de l’année, sur des prévisions des dépenses de 5,025 milliards USD, le gouvernement n’a exécuté qu’à hauteur de 1,982 milliard USD. Il y a donc un gap de plus de 3 milliards USD de dépenses non exécutées faute de mobilisation des recettes. Le gouvernement avait les trois premiers mois de son mandat pour mettre les mesures existantes pour renflouer les caisses de l’Etat. Il ne l’a pas fait. Il y a jusqu’à ce jour plus de 4 services dans les postes frontaliers. Le phénomène Bilanga pouvait être éradiqué dès les trois premiers mois de l’action du gouvernement. Ça n’a pas été fait. Bref, le coulage des recettes continue sous la barbe des dirigeants. La conséquence est que la RDC d’aujourd’hui ne peut pas, structurellement parlant, engranger plus de recettes pour affecter suffisamment dans les investissements publics. Et pour cause, faible pression fiscale à 9% alors que la moyenne africaine est à 20%. La RDC a un PIB d’environ 60 milliards USD. Avec une pression fiscale de 20%, le gouvernement pouvait facilement dégager 12 milliards USD et mettre en œuvre son budget 2020 qui était arrêté à environ 11 milliards USD. Ce qui ne se fera pas parce qu’en sept mois sur l’année, moins de 2 milliards USD seulement sont entrés dans le Trésor. Avec une pression fiscale de 9%, n’importe quel gouvernement ne dégagerait pas des revenus pour investir dans les infrastructures et les projets de développent du pays. C’est le cas de l’équipe Sylvestre Ilunga qui n’a réalisé aucun grand projet sur ressources propres, une année après sa nomination.
  2. Déficit de mise en œuvre des réformes. Les réformes sont essentielles pour optimiser aussi bien la gouvernance de la République que la gestion de tous les services publics et particulièrement les régies financières. Sur ce terrain aussi, le gouvernement Ilumkamba pointe aux abonnés absents. Tenez, sur plus de 17 millions USD prévus pour la mise en œuvre des réformes pendant les sept premiers mois de l’année 2020, le gouvernement n’a décaissé que moins de 100 000 USD, soit un taux d’exécution de moins de 1%. Alors, comment un gouvernement peut espérer être performant alors qu’il n’investit presque rien pour optimiser ses services par rapport aux exigences du moment ? Les réformes bien menées impactent positivement l’action du gouvernement.
  3. Manque de créativité. Il faudra peut-être attendre la deuxième année pour voir un changement avec le gouvernement Ilunkamba. Jusque-là, cette équipe manque créativité et même d’anticipation. Pourtant, environ 76% des membres du gouvernement sont des nouvelles personnalités qui n’ont pas œuvré dans les précédents Exécutifs. Le sang nouveau qu’on a amené au gouvernement n’a pas du tout ramené de l’ingéniosité qui permettrait au pays, enfin, de transformer ses immenses potentialités en richesses redistribuables à tous les Congolais. La RDC tourne comme elle a toujours tourné avec des institutions budgétivores aux résultats maigres et une population pauvre éparpillée sur des terres riches en minerais et moins suffisamment exploitées.
  4. Emprise de la famille politique. Il y a beau eu un séminaire d’orientation des membres du gouvernement au début de leur mission mais le constat est amer une année après. Les ministres sont plus partisans de leur famille politique qu’homme d’Etat au service du peuple. Toutes les querelles qu’il y a eu durant cette première année d’action avaient toutes une connotation partisane et politicienne. C’était toujours une confrontation entre FCC et CACH au détriment de l’intérêt du pays et du peuple Congolais. Ces querelles au niveau du gouvernement ont un impact négatif sur le moral des chefs d’entreprises. On craint pendant ce quinquennat une instabilité politique due au changement intempestif des gouvernements du fait des conflits entre deux partenaires d’une coalition au pouvoir.
  5. Déficit de management. Le gouvernement Ilunkamba accuse un déficit de management dans la quasi-totalité de ses compartiments. Au niveau de la défense, aucun changement enregistré. Des groupes armés continuent à défier l’Etat dans plusieurs contrées du pays. Par rapport au climat des affaires, les opérateurs économiques font toujours face aux tracasseries administratives, fiscales et autres. Comme a dit un sénateur, la RDC est un pays où les investisseurs sont reçus à grande pompe dans la journée par des officiels. Et la nuit quand ces investisseurs rencontrent leurs collègues opérateurs économiques qui sont sur place au pays, ils réalisent que le climat des affaires n’est pas du tout bon. Et, ils repartent le lendemain pour ne plus revenir. Tout ce qu’on demande à l’Etat c’est de créer un climat des affaires adéquat et les investisseurs viendront d’eux-mêmes. Finalement, la RDC est pauvre parce que beaucoup de gens ne travaillent pas. Ce gouvernement devrait remettre tout le monde au travail. Et le secteur qui emploie le plus de monde c’est l’agriculture dans toutes ses déclinaisons. Or, c’est à peine que le gouvernement pense effectivement à relancer le Service National sur l’ensemble du pays. Il y a deux semaines c’est le président de la République qui plaidait en conseil des ministres pour l’évacuation de 5000 tonnes de maïs produits par le Service national. On devrait relancer le Service national et l’agriculture dès le dernier trimestre 2019. Ce gouvernement ne l’a pas fait au cours de cette première année puisqu’on apprend finalement que le ministère de l’agriculture ne va cultiver que 1500 hectares à Bukanga-Lonzo alors que ce parc renferme plus de 70.000 ha d’étendue. En ce qui concerne l’appui à l’entreprenariat et aux PME, rien d’ingénieux n’est fait malgré les effets de la crise sanitaire de covid-19. Et le comble c’est ce dernier feuilleton avec la startup des Congolais « Flech Tech » qui a présenté un Business Plan au gouvernement pour l’installation en RDC d’une usine de montage et de production des smartphones, tablettes et ordinateurs « made in RDC ». Aux dernières nouvelles, sur décision arrêtée en Conseil des ministres, le gouvernement opte à financer, via 12 millions USD du FPI, la firme américaine Industry Five pour l’implantation en RDC de cette usine de fabrication des smartphones et tablettes. C’est toujours ce déficit de management des institutions qui fait que la corruption, la petite et la grande, continue notamment dans l’administration publique et dans le monde des affaires.

Amédée Mwarabu

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