Alors que les actes théâtraux politiques autour de l'arbitre trop peu crédible pour beaucoup à la CENI s'estompent lentement, nos druides monétaires et notre instinct économique primitif sont tous alarmés par le fait que le franc congolais est sur le déclin essayant de suivre la vitesse du dollar américain. Nous pouvons réaliser que notre substitution de monnaie congolaise par le dollar américain était et est toujours nécessaire car la banque centrale n'est toujours pas en mesure de maintenir une indépendance apolitique et d'adopter une politique monétaire bien pensée. Déjà que le gouverneur de la banque centrale joue plus le rôle d’agent de guichet qui débloque de grosse somme juste par coup de fil que de son rôle instrumental de catalyseur de l’écosystème social et économique de la nation et de prévenir les investisseurs, les entrepreneurs et les citoyens des dangers environnants.
La dollarisation de notre économie est essentielle au fonctionnement efficace d'un système monétaire offrant un climat entrepreneurial, économique et d'investissement stable et sûr quand l’on compare à notre monnaie. Le dollar américain remplaçant la monnaie nationale comme réserve de valeur, les individus substituent consciemment ou inconsciemment le franc congolais à un dollar américain afin de protéger le pouvoir d'achat de leur revenu monétaire. Cela nous aide à ne pas souffrir d'une réduction du pouvoir d'achat sur une courte période de temps par rapport à la façon dont les choses étaient devenues incontrôlables très rapidement auparavant. Pour ceux qui sont au sommet, tout comme ceux qui sont au bas de la pyramide socio-économique en RDC, soit nous avons le dollar américain, soit rien de significatif en Franc congolais. Et les pauvres sont pauvres. Ceci pour dire que le ciel ne va pas tomber même si un dollar américain monte en flèche pour valoir trois mille francs congolais en deux mois.
Pour certains aujourd’hui, le retour à « planche à billets » ou créer de la monnaie ex-nihilo, c'est-à-dire sans création de richesse correspondante, apparaît comme un remède miracle à la crise sociale et économique de la RDC. Mais la plupart des congolais sont très convaincus que l’inflation est due au fait qu’on a créé trop de monnaie à un moment donné, c’est qui est archifaux. Si on prête un peu d’attention à notre passé et présent on déchiffrera que l’inflation est dans la plupart des cas provoquée par une pénurie liée à un conflit, le plus souvent chacun cherchant à se procurer le peu de choses disponible à n’importe quel prix, ou bien par le retrait massif de capitaux étrangers qui est généralement lié à une crise politique. Et donc, dans l’immense majorité des cas, ce n’est pas la « planche à billets » qui provoque l’inflation, c’est l’inflation qui oblige à accroître la production de billets.
Pendant une crise, un État demande de l'aide à la banque centrale pour relancer son économie ou pour racheter alors les dettes publiques de l’État et ensuite produit de la monnaie fiduciaire qu'elle va donner aux banques. Celles-ci pourront par la suite prêter davantage aux ménages, aux petits et grands acteurs économiques, et aux petites et grandes entreprises, afin que la consommation reparte plus vite à la hausse. Pour lutter contre la crise économique déclenchée par la covid-19, les États-Unis ont créé de nulle part trois mille milliards de dollars et envoyé un chèque de mille dollars à chacun de ses habitants. Cela n’a pas engendré une inflation.
L’utilisation de la « planche à billets » n'est pas aussi simple et a souvent de grosses répercussions qui deviennent de plus en plus épaisses au fil des jours comme sous l’ère du feux président Mobutu. Lors d'une crise, un État qui veut faire tourner l'économie de son pays doit inciter les individus à consommer. Plus d'argent disponible équivaut souvent naturellement à plus de dépenses. Ainsi, on tente de stimuler la croissance et l'augmentation de l'investissement. Puisque notre système bancaire, comme l'ensemble de l'économie, est archaïque, le danger de créer un tas de liquidités sans déjà une éponge sociale et économique moderne est qu'il se retrouvera dans les coffres des voitures des politiciens qui conduiront à grande vitesse à leurs « cambistes » pour racheter tout le dollar américain sur lequel ils peuvent mettre la main. Les conséquences de cette furie devraient être claires à ce point !! Autrement dit, la « planche à billets » est plus un poison qu’un remède pour le cas de la RDC.
Jo M. Sekimonyo