La situation est de plus en plus intenable aussi bien pour le gouvernement de la République que pour les populations Congolaises qui subissent de plein fouet, depuis plus de deux mois, les mesures imposées pour endiguer la propagation de la maladie à coronavirus dans le pays.
Depuis le 18 mars, plusieurs activités économiques ont été suspendues. Des bars, des restaurants, des discothèques, et bien d’autres activités qui rassemblent du monde ont été suspendues par le gouvernement pour préserver la population d’une contamination à grande échelle de la covid-19.
Aujourd’hui, le gouvernement ne se cache plus face à la réalité. Les rentrées financières s’amenuisent à cause du confinement de certaines circonscriptions mais aussi à cause de l’absence d’activité économique tout simplement.
Examinant la situation au cours de la réunion hebdomadaire de conjoncture économique, les membres du gouvernement ont indiqué que la vie économique tourne au ralenti.
« Nous avons réfléchi autour des conséquences de la maladie à Covid-19, son impact sur la vie de la communauté nationale. Sur le plan national, nous sommes informés que 11 provinces sont touchées par la Covid-19. Et avec le confinement, le secteur économique est touché. Ce qui provoque la difficulté de la collecte de la fiscalité. Ce qui fait que la vie économique tourne au ralenti. Nous avons constaté la rareté de certains biens de première nécessité sur le marché », a déclaré la VPM du Plan, Elysée Munembwe, au sortir de la réunion.
Dès lors l’Exécutif national veut utiliser toutes les voies et moyens pour soutenir le secteurs productifs nationaux en vue notamment de garantir l’approvisionnement en produits de première nécessité pour les populations.
« Le gouvernement s'engage à tout faire pour faire tourner son économie au niveau interne pour que nous puissions chercher les voies et moyens à exploiter nos biens de première nécessité en nous tournant vers les secteurs productifs: l'agriculture, la pêche et élevage, le développement rural. C'est un engagement du gouvernement qui compte faire également un effort en ce qui concerne les finances publiques pour une gestion orthodoxe afin d'améliorer les conditions de vie de la population. Parce que, nous devons travailler tout en apprenant à vivre avec la maladie. Nous avons constaté que la mobilisation des recettes est difficile. Il y a aussi le problème de chômage et aux fermetures des sociétés. Tout cela impacte négativement la vie de la société », a ajouté Elysée Munembwe.
Dans une étude publiée la semaine passée, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) a révélé les effets de covid-19 sur ses sociétés membres en ces termes : « 21% des entreprises ont arrêté leurs activités à la suite de la COVID-19 ; 41% des entreprises ont suspendu leurs investissements ; 14% des entreprises ont enregistré des pertes sur leurs activités évaluées à plus de 75% du chiffre d’affaires de l’année antérieure et 53% pour les pertes comprises entre 10% et 50% du chiffre d’affaires réalisé en 2019 ; 16% des entreprises ont suspendu les contrats de travail avec leur personnel alors que 21% sont restés avec moins de la moitié des effectifs ; 36% des entreprises ne sont pas à mesure d’honorer leurs charges fiscales et 39% en incapacité de payer les salaires au personnel ; 81% des entreprises proposent d’alléger la fiscalité pour relancer les activités économiques post COVID-19 ; 63% des entreprises demandent la création d’un fonds de soutien aux entreprises touchées par la COVID-19 ».
De son côté, l’autorité provinciale de Kinshasa exprimé, à l’issue d’une réunion d’évaluation avec les membres de la riposte tenue le mardi 9 juin, l’urgence et la nécessité de déconfiner la commune de la Gombe d’ici à une semaine.
« Le vice-ministre de la Santé et le Professeur Muyembe nous ont fait la situation épidémiologique du pays. Ensuite, nous avons examiné la situation liée au déconfinement de tout le pays et de la commune de la Gombe. Le Premier ministre nous a demandé d'approfondir encore la question. Je pense que nous allons travailler avec la FEC, qui a des éléments à nous donner. Dans très peu de temps, on va pouvoir déconfiner à condition de respecter les mesures barrières. Je pense que dans l'avenir, les Congolais, les Kinois doivent devoir apprendre à vivre avec cette maladie (...). Le déconfinement de Gombe, de la ville de Kinshasa, ce n'est qu'une question de temps. Je pense que d'ici 4 ou 5 jours on va pouvoir donner la bonne nouvelle. Nous savons que les Kinois attendent cette bonne nouvelle là puisque l'économie est au plus mal », a dit Gentiny Ngobila à la sortie de la réunion avec l'équipe de riposte.
Dans la population, l’attente devient aussi longue. Le mardi 9 juin, des manifestations des vendeurs réclamant l’ouverture du marché central de Kinshasa ont fait trois morts. Ce qui est un signe que l’impatience est à son comble quant à la nécessité de relancer les activités économiques qui permettent à des milliers des familles de survivre dans un pays où il n’existe pas des filets sociaux.
Amédée Mwarabu