RDC: le ministère de l'Economie pointé aux abonnés absents sur les vrais enjeux économiques (Tribune de Jo Sekimonyo)

PAR Deskeco - 03 juin 2020 08:56, Dans Analyses

Il est facile de dire que l'agonie, la dévastation, la cruauté et les adieux réveillent les esprits du passé, mais qu'il ne faut pas s'y attarder ou s'en servir pour cerner l’autodétermination. D’une part, se débarrasser des ruses pour échapper à la réalité avec l'intention de cataloguer une erreur dans les esprits, les dossiers, et le temps est immorale. Tandis que risquer de tomber dans un gouffre qui pourrait aboutir à un délice pécuniaire ou à une dépression sociale, politique, ou économique est la question qui se pose et qui fait souvent peur au tiers-mondistes. C’est ainsi que la Fédération des Entreprises du Congo « FEC » vient de publier une étude simplifier sur les indicateurs qui renseigne sur le présent et le futur de l’économie congolaise basée sur des sondages d'opinion sur la production, des commandes et des stocks de produits finis dans les entreprises. Le sombre tableau économique qui ne devrait pas être une surprise devrait suffire comme excuse à couper certaines têtes.

Pour commencer sur une bonne note, Le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, et le complice favori de tous les gâchis autour du coronavirus, le Dr. Jean-Jacques Muyembe, doivent être révoquer. Le péché du gouverneur est sa décision de confiner inutilement le centre-ville avant même d’exiger le port du masque sans envisager les pertes sociales ou prévoir des mesures d’accompagnement économique. Au-delà de l’annonce précipitée de la fin du monde au mois de Mai, il faut ajouter sur la liste du virologue le marathon écœurant de son équipe pour l’achat des cadavres pour faire valoir son point de vue et sa prédiction. Des nouvelles têtes infuseraient une nouvelle approche et une certaine crédibilité à la riposte de la RDC contre la covid-19. Un tel coup de marteau dissuaderait certains autres ambitieux et apprentis sorciers de prendre des mesures périlleuses sur le plan économique comme en ce moment le confinement d’une partie de Bukavu qui peut provoquer une explosion de la tension sociale qui bouillonne déjà partout en RDC. Là encore, nous n'avons pas encore vu le président de la République, Felix Tshisekedi, faire de tels coups d'échecs courageux et patriotiques.

Le rapport de la « FEC » est un exercice tortueux auquel nous devrions nous attendre et avoir l’habitude de la part du ministère de l'Économie. Hélas, en ce moment crucial, le département s'est révélé peu fiable et son amateurisme démasqué. Le même verdict vaut pour le ministère de l'Industrie, de Plan, du Travail, de Santé ou, je dirais, pour les ministères qui ont du sens d'exister. J'applaudis donc sincèrement ceux qui se disent les « patrons des patrons ». Toutefois, cette étude ne représente pas toute l’économie. Les informations données ne peuvent pas, comme sous d’autres cieux, être utilisées pour suivre la croissance de la production et anticiper les tournants des activités économiques car les acteurs dans le secteur formel ne sont pour la plupart que des ambulanciers économiques. Rien n’est pratiquement produit en RDC. C’est plutôt le secteur informel qui est de tous les enjeux en RDC.

Les entreprises technologiques  dont Apple, Dell et Microsoft, en décembre une plainte a été déposé aux États-Unis non pas par le gouvernement de la RDC pour les intérêts et protections des enfantes congolais, mais par un collectif américain, au nom d'une famille d'enfants tués ou blessés dans l'extraction de cobalt en RDC. D’une manière, c’est un énième exemple clair qui montre combien les autres ont une compassion pour les congolais que les congolais eux-mêmes.

Une des conséquences de cette noble action est que le premier producteur chinois de cobalt, Huayou a décidé de ne plus acheter aux mineurs artisanaux congolais. Le secteur informel de l'industrie minière, qui est la clé d'un niveau de vie quelque peu décent dans les zones minières, va être durement touché. La RDC représente plus des deux tiers de la production mondiale, dont 20 pour cent proviennent de mineurs qui recherchent du métal sans sécurité physique ni protection sociale. Quelle serait l'alternative pour ces mineurs et leurs familles ? Quelqu'un s'en soucie-t-il ?

On se retrouve aujourd’hui avec un gouvernement qui se concentre beaucoup plus sur la recherche des fonds pour maintenir son mode de vie, tandis que l'opposition politique ne parvient même pas à évoquer une antithèse non risible, pendant que la « FEC » complote pour tirer parti de la crise de Covid-19 en tirant la couverture économique de leur côté, sans critiquer ni faire honte au président de la République ou au gouvernement qui remue encore le désordre social.

Au cours de l'année écoulée, les sociétés citées dans la plainte se sont mises en collaboration avec des sociétés telles que RCS global basé à Berlin ou le constructeur automobile Volvo pour auditer et améliorer la surveillance des conditions sur le site minier artisanal de la RDC pour suivre les accidents et les décès. Pourquoi pas des entreprises congolaises ? Le gouvernement congolais devrait les avertir ouvertement en refusant d'acheter aux mineurs artisanaux, ces entreprises risquent de rendre la situation des mineurs informels bien pire qu'elle ne l'est actuellement, pas meilleure.

Au lieu de scruter et nous faire rapport sur les thermostats non pertinents comme les prix des denrées alimentaires ou le taux d’échanges du dollar américain, le ministère de l'Économie devrait concevoir une offensive ou un chantage pour que ces entreprises géantes s'associent avec des entreprises locales ou une expertise congolaise et en contrepartie donner à leur mea culpa un certain sens de la légitimité et de sincérité. Cela protégerait non seulement les mineurs individuels, mais enfanterait également une nouvelle industrie bien rémunérée localement. Par malheur, le népotisme et le clientélisme dilapideraient tous les surplus sociaux et économiques d’un tel schéma. L’appréciation ici et qui est déficient dans le rapport de la « FEC », c'est une réaffirmation que la justice sociale, la justice en termes des opportunités et des privilèges au sein d'une nation est primordiale pour que celle-ci s’offre le luxe de l'état de droit.   

Jo M. Sekimonyo

www.sekimonyo.com

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