Toutes les ruses d'injustices reposent largement sur la psychologie pour manipuler la sagesse collective en faisant croire à l'illusion de la justesse. La Covid-19 attribue deux distincts destins au pays du monde. La pandémie de coronavirus a démasqué les failles des systèmes de santé et les économies des pays développés, si pas démystifier le capitalisme. En Chine, aux États-Unis et dans une grande partie de l'Europe, on constate que la crise sanitaire de Covid-19 a précédé une crise économique.
Quant aux pays pauvres où les ressources médicales et financières sont maigres, il a été prédit que ce sera encore pire sur tous les fronts. La grande majorité des personnes qui y vivent sont employées dans le secteur informel et ne reçoivent ni chèque de chômage, ni assurance maladie ni autres avantages sociaux. Il faut ajouter à cette crainte le fait que leurs gouvernements deviennent très vite étourdis face aux grands défis qui leur demandent d'aller au-delà de la comédie politique et de prendre des mesures sociales et économiques mûres.
Deux questions jaillissent aujourd’hui ; qu’es ce qui fait que dans le tiers-monde les chocs économiques viennent en premier et pourquoi covid-19 n'a pas déclenché une crise sanitaire prolongée. D'une part, dans une panique, les gouvernements ont frénétiquement verrouillé leurs territoires pour réduire la vitesse de contagion, mais pourraient déclencher une crise économique en premier. De l'autre, l'état archaïque ou primitif de leurs échanges commerciaux ralentit les embruns de covid-19. Et un pays comme la RDC, où le tourisme est mort et a cessé d'être le point chaud des ONG, est plus à l'abri de l'intrusion de Covid-19 que la France ou l’Italie.
Ceux qui ont appelé au calme avaient raison, après tout. Ce n'était pas de la magie, c'était l'analyse des données dans un contexte approprié. Nous attendrons (ou achèterons) un jour à cent décès de Covid-19 alors que le nombre de cas de paludisme atteint des centaines de milliers et la malnutrition s'élève déjà à un million.
Les gens semblent stupéfaits par ma projection que la RDC n'aura pas de crise économique provoquée par la Covid-19. En premier lieu, nous ne devrions pas regarder la danse du dollar sur nos scènes pour évaluer l'économie. Un examen des données sur le chômage et des demandes d'aide sociale et financière donne une meilleure indication de ce qui se passe dans les intestins d'une nation. Il aurait été plus facile de clarifier mon argument en examinant les deux indices, malheureusement ils sont des concepts qui suscitent aucune préoccupation en RDC tout comme de vrais chiffres démographiques ou économiques.
Pour mieux illustrer la question de savoir s'il y aurait une crise économique en RDC, il faut dire que c'est comme demander à une grande partie de Kinshasa ou de Boma où les habitants n'ont vu aucune goutte d'eau sortir de leurs robinets depuis s’il y a une panne à la REGIDESO, une entreprise publique congolaise chargée de la distribution d'eau potable, causerai une pénurie d'eau. La réponse devrait être simple ; non ! Pas la crise mondiale déclenchée par la Covid-19 et par la suite les mesures inopportunes du gouvernement congolais tel que le confinement, et que l'État aura du mal payer sa facture ? Bien sûr que si. Mais cela ne devrait pas être la préoccupation du commun de mortel des congolais. L’État peut recourir à la planche à billets, ce que les individus ne peuvent pas le faire légalement. L’État peut hypothéquer notre patrimoine, ce que les individus ne peuvent également pas le faire légalement.
En ce qui concerne l'idéologie politique, je suis anarchiste. Je plaide pour des sociétés apatrides basées sur des associations volontaires ou, je dirais, pour l'éradication de l'État et pour la liberté absolue de l'individu. Par conséquent, en RDC, je suis heureux que la paranoïa Covid-19 réduise les revenus du gouvernement. Plus de soixante-dix pour cent du budget national est destiné au fonctionnement des institutions. Les fonctionnaires ne représentent que 4% du secteur formel. Ce groupe est si insignifiant par rapport à plus de 81% des Congolais survivant dans le secteur informel et le manque de pertinence pour la croissance de l'économie nationale. Plus grave c’est davantage une nuisance ou un obstacle au développement social et économique de la nation.
Qu'obtenons-nous en dépensant autant d'un budget national maigre pour le président et son énorme cabinet, un gigantesque gouvernement, un congrès engourdi, les maires non élus, les prestations dégoûtantes aux services publics, etc. ? Soi-disant que le gouvernement a besoin d’argent pour conduire sa politique. A part les tâtonnements couteux en tous les termes, je ne sais attacher une politique sociale ou économique aux gesticulations de ce régime ou coalition politique.
D'une part, nous avons le président de la République qu’on sent profusément essoufflé idéologiquement sur le plan social et économique. Il est également très secoué par les scandales financiers honteux et le nombre de morts qui s'accumulent autour de lui. Sa crainte de l'ombre congolaise semble grandir et briller ; il accepte à la hâte la main tendue d'un Camerounais pour donner une certaine ère de crédibilité à sa lutte contre la corruption. Il y a aussi le recrutement d'une entreprise étrangère, Baker & McKenzie, pour se plonger dans les riches cercles du monde moderne afin de trouver des fonds pour préserver le train de vie de l'État. Dans les deux cas, il n'y a pas de pénurie d'expertise congolaise qui conduirait au même succès et à l'argent sinon plus.
Ce qui n'aide pas le président Tshisekedi, c'est que le Front Commun pour le Congo « FCC » ne sait pas toujours pourquoi il tenait à gagner tout et l’a fait mécaniquement. Nous avons son propre parti politique qui semble être surpris d'avoir été invité à se tailler sa propre part de butin. L'opposition a choisi de végéter pour éviter de révéler l'absence de contre-arguments sociaux et économiques mûrs. Et maintenant, les Congolais ne savent pas vers qui se tourner. Ce qu’il faut aux congolais c’est d’apprendre à faire la différence entre des druides, qui vous en gueulent ou appariaient fous, et des charlatans, vous flattent ou appâtent, avant d'être appelés à faire des choix politiques qui vont de nos orientations sociales et économiques.
Même maintenant, nous n'avons pas eu de dialogue sérieux sur une réponse sociale et économique puissante aux douleurs auto-infligées de Covid-19. Quel est le coût du verrouillage? Avantage? Qu'avons-nous appris? Comment allons-nous faire fonctionner notre moteur économique enfumé? Où sommes-nous? Qui sommes-nous?
Jo M. Sekimonyo