Une dépréciation continue du franc congolais va impacter la hausse du prix du carburant, du trasport en commun, des produits de première nécessité non sans compter les conditions difficiles particulièrement en ce moment de la pandémie de covid-19 que les Congolais traversent pas seulement à Kinshasa, ville la plus touchée, mais aussi en province. C'est donc une alerte rouge qui est lancée au gouvernement.
Le Franc Congolais se négocie jusqu’à 1880 FC contre un dollar américain ce mardi 28 avril sur le segment parallèle à Kinshasa. Au niveau de mobile money, la monnaie nationale se change à 1830 FC contre un dollar américain. Et c’est depuis novembre 2019, dans la fièvre des festivités de la fin de la l’année, que le franc Congolais se déprécie de manière continue.
Plusieurs facteurs sont à la base de cette dépréciation du franc Congolais. Répondant à la loi de l’offre de la demande comme tout produit et service, le franc congolais perd de sa valeur quand il est injecté sur le marché de change sans un soubassement économique réel. C’est le cas avec la planche à billet que le gouvernement continue à pratiquer pour financer ses déficits budgétaires.
Au premier trimestre 2020, le Trésor public a enregistré un déficit de l’ordre de 185 millions USD compensé par les avances monétaires de la Banque centrale du Congo. Ceci a un impact sur la dépréciation du franc Congolais surtout que c’est corrélé avec la faiblesse de la mobilisation des recettes publiques tant à l’interne qu’à l’extérieure.
La RDC étant une économie extravertie, c’est-à-dire tournée vers l’extérieur pour l’importation de l’essentiel de ce que les Congolais consomment, cela nécessite d’avoir suffisamment des devises pour importer les biens et services de grande consommation. A fin mars 2020, les réserves de la RDC étaient de 693,16 millions USD, soit à peine 2 semaines d’importations des biens et services sur ressources propres. Notons que les critères de convergence imposées aux Banques centrales dans la zone SADEC et COMESA recommandent de détenir 3 mois d’importation des biens et services sur ressources propres.
Dans un contexte où le gouvernement peine à mobiliser des ressources financières nécessaires pour financer ses dépenses, bien que sensiblement réduite dans les Plans de Trésorerie et d’engagement budgétaire du premier trimestre, et recoure systématiquement à la planche à billet malgré l’assistance du FMI, il est à craindre que la monnaie nationale continue de se déprécier face aux autres devises.
Dans cette hypothèse, toute chose restant égale par ailleurs, la dépréciation du franc Congolais pourrait affecter les secteurs vitaux du social à savoir les prix du carburant, du transport ainsi que des biens de première nécessité. Le gros de la consommation nationale (riz, farine de maïs, farine de froment, huile, vivres frais ou surgelés) étant importé, les opérateurs économiques auront toujours besoins de devises pour renouveler leur stock. Et donc, les prix des biens et services vont continuer à être indexés en dollar principalement.
Pourtant, les salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat, des militaires et policiers et de la plupart des travailleurs dans le privé sont payés en franc congolais. Il appert que la situation sociale de la majorité des Congolais se dégrade si la monnaie nationale continue à se déprécier.
Amédée Mwarabu