Le gouvernement congolais va débourser 5 millions d’Euros pour procéder à l’opération du dégazage industriel du lac Kivu. Le ministre d'État et ministre des hydrocarbures, Rubens Mikindo, a lancé samedi 25 janvier à Goma les travaux qui seront exécutés pendant deux ans à partir du golfe de Kabuno.
L'objectif du dégazage est de réduire le risque d'explosion gazeuse en éliminant progressivement et de manière inoffensive les gazs dissous dans les eaux du golfe de Kabuno. Le golfe de Kabuno, situé au nord-ouest du lac Kivu présente une configuration particulière qui distingue ses eaux de celles du bassin principal. Selon les experts, ces eaux possèdent des caractéristiques physico-chimiques totalement distinctes des eaux du reste du lac Kivu.
« Le golfe de Kabuno, exposé à l'épanchement des laves qui proviendraient des volcans Nyiragongo et/ou Nyamulagira, présente un problème environnemental et sécuritaire dans cette région dû à une forte concentration de gaz carbonique (Ndlr : CO2) dissous dans ses eaux susceptibles de provoquer subitement une forte explosion. Cette explosion pourrait entraîner la mort par asphyxie de la population environnante estimée à plus de 2 millions d'hommes ainsi que des dégâts très importants en termes de biodiversité », a averti le ministre d'État Rubens Mikindo.
Le dégazage va permettre de diminuer environ 160 millions de m3 du CO2. Ce projet fait suite à la phase pilote qui a été exécuté en 2018 qui a permis une faible diminution du gaz. C’est à la société Limnological Engineering que le gouvernement a attribué le marché.
« Nous avons une certaine compétence en ce qui concerne le dégazage des lacs à risque. Parce que nous avons commencé, il y a 25 ans, à dégazer le lac Nyos (au Cameroun) qui a fait 1800 victimes en 1986 et le lac Nyos est aujourd'hui dégazé. Nous avons commencé à dégazer le lac Monoun qui a aussi fait une quarantaine des victimes en 1984. Dans 2 ans, nous aurons plus de capacité que la station pilote. En ce moment-là, le risque va diminuer. Je donne ma certitude que au bout de 5 ans, il n'y aura aucun risque parce que ça continuera à dégazer. Ça ne s'arrêtera pas », a rassuré Michel Halbwachs, responsable de Limnological Engineering, entreprise engagée sur le chantier.
Le lac Kivu étant partagé entre les provinces du Nord et du Sud-Kivu, les gouverneurs de deux entités ont apprécié l’initiative.
« Nous sommes réconforté parce que la province du Nord-Kivu a été la première à mettre un peu de paquet pour que ce projet commence. Le gouvernement central a soutenu l'idée de la province du Nord-Kivu et la phase pilote avait été installé. Nous sommes réconfortés par le travail effectué par le gouvernement à travers le ministre d'État qui est fils du Nord-Kivu qui a compris qu'en trois ou quatre mois, il faut vite aller faire signer le contrat. Pour nous, c'est une très bonne nouvelle parce qu'il faut sécuriser les populations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. », a déclaré le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kasivita.
« Si on dégaze le lac Kivu, il y a maintenant lieu de projeter l'exploitation du gaz méthane. Il y a beaucoup d'investisseurs qui se sont manifestés. Nous allons amener tous ces projets qui sont déjà sur notre table au niveau du Sud-Kivu pour ceux qui seront plus aptes à y mettre le paquet pour que demain, ce qui paraît aujourd'hui comme un risque devienne une grande opportunité », a pour sa part espéré Théo Kasi Ngwabije , gouverneur du Sud-Kivu.
Pour épargner les populations environnantes du risque d'explosion gazeuse et pour la sécurisation du golfe de Kabuno, le gouvernement de la République démocratique du Congo, a levé l'option en 2014 de l'élimination du gaz carbonique par le dégazage progressif dans une couche comprise entre 12 et 50 mètres de profondeur.
Jonathan Kombi, à Goma