La France veut devenir partenaire de la RDC dans l’énergie, domaine pourtant saturé par la Chine

Doudou Fwamba, ministre de Finances, et l'ambassadeur francais en RDC, Rémi Maréchaux mercredi lors de leur rencontre à Kinshasa
Doudou Fwamba, ministre de Finances, et l'ambassadeur francais en RDC, Rémi Maréchaux, lors de leur rencontre à Kinshasa
PAR Deskeco - 22 sep 2025 16:05, Dans Développement durable

Le ministre des Finances, Doudou Fwamba Li-Botayi, a reçu, mercredi 17 septembre 2025, l’Ambassadeur de France en RDC, Rémi Maréchaux, accompagné du nouveau Directeur de l’Agence française du développement (AFD) en RDC, Hervé Conan. Au cœur des échanges : la coopération énergétique, avec en ligne de mire la réhabilitation du barrage de la Tshopo et l’avancement du projet Ruzizi III.

La France, à travers l’AFD, affiche désormais un volume annuel d’engagement de près de 200 millions d’euros, c’est qu’affirme l’ambassadeur français en RDC, multiplié par quatre en cinq ans.

« Cette réunion avait trois objectifs, premier était de présenter le nouveau Directeur de l’AFD en RDC, Hervé Conan. C’était important qu’il rencontre très vite, la semaine de son arrivée, le ministre de Finances, parce qu’il est notre principal interlocuteur. Le volume d’engagement de la France à travers l’AFD en RDC a été multiplié de quatre à cinq ans, donc nous avons un volume annuel actuel de 200 millions d’euros, et tout ce que l’on peut faire avec n’importe quel ministère technique passe nécessairement par le ministère de finances », indiquait Rémi Maréchaux.

Selon la cellule de la communication du ministère de Finances, dans le domaine énergétique, deux dossiers ont dominé la rencontre. Il s’agit premièrement de la réhabilitation du barrage de la Tshopo, où la pénurie chronique d’électricité plombe la vie quotidienne de la population et ralentit l’activité économique. Le ministre des Finances congolais a insisté, de sa part, sur l’urgence de trouver des solutions rapides.

« Le deuxième point a porté sur les projets dans le domaine de la production de l’Energie de l’hydroélectricité. Le premier était le barrage de la Tshopo, c’est un sujet sur lequel nous travaillons depuis le mois de juillet 2023, à la demande du gouvernement congolais. Il est important que nous puissions avancer très vite, le ministre de Finances congolais a été très clair, en affirmant l’urgence de trouver une solution, il a relayé la demande forte de la population de la Tshopo, et également des élus » déclare-t-il.

Le deuxième dossier a porté sur le projet hydroélectrique Ruzizi III, présenté comme un « dividende de la paix », par le diplomate français, qui devrait alimenter en énergie plusieurs provinces congolaises et renforcer la coopération régionale dans les Grands Lacs.

« Le deuxième point dans le domaine de l’électricité, c’était la requête additionnelle concernant le barrage de Ruzizi 3. Ça, c’est un point très important, parce que ce n’est pas simplement la production de l’électricité, on parle aussi avec Ruzizi 3, de dividende de la paix. Le troisième point, c’était de commencer une discussion sur les perspectives. C’est-à-dire, on est très satisfait de ce qu’on a fait ensemble sur les quatre dernières années, maintenant il est important de discuter de la suite de ce que nous allons faire dans les quatre prochaines années, et c’est la discussion que nous avons eu avec le ministre », a conclu l’Ambassadeur français en RDC, Rémi Maréchaux.

La réalité : une compétition avec la Chine

Si l’ouverture française fait mention d’un tournant diplomatique important envers la RDC dans le domaine de l’électricité, elle intervient tout de même dans un paysage énergétique déjà largement dominé par la Chine. Pékin a pris une longueur d’avance au cours des quinze dernières années, multipliant les projets à grande échelle : Barrage de Zongo II (150 MW), construit par Sinohydro ; Centrale de Busanga dans la province minière de Lualaba, inaugurée avec un financement et un savoir-faire chinois ; partenariats pour des centrales solaires photovoltaïques dans le Lualaba, en soutien à l’électrification domestique et industrielle ; projet Grand Inga, où un consortium dominé par China Three Gorges détient environ 75 % des parts, pour ne citer que ceci. 

Ces investissements ont permis d’accroître la capacité énergétique nationale. Mais les critiques persistent : retards, maintenance insuffisante, contrats peu transparents et bénéfices limités pour les zones rurales non connectées au réseau.

La démarche française doit ainsi être inscrite dans une logique géopolitique. Face à l’emprise chinoise, Paris doit ainsi s’inspirer des aléas de partenariat sino-congolais, afin de se repositionner en proposant une coopération axée sur la solidarité, la transparence et la réponse aux urgences sociales. Avec L’arrivée d’Hervé Conan à la tête de l’AFD en RDC, la France doit ainsi redonner de la visibilité à l’action française et d’ouvrir une nouvelle séquence de partenariats.

Pour la RDC, ce jeu de concurrence entre puissances étrangères doit constituer une opportunité, à condition que le gouvernement sache arbitrer dans l’intérêt de sa population.

Jean-Baptiste Leni

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