À l’occasion d’un panel tenu en marge de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le ministre du Commerce extérieur de la République Démocratique du Congo (RDC), Julien Paluku, a insisté sur la nécessité d’intégrer pleinement le développement des compétences locales dans le projet structurant du Corridor de Lobito.
« La composante importante qu’on ne doit pas oublier dans le programme Lobito devra être la formation des compétences. Si nous devons continuellement importer la main-d’œuvre de l’extérieur pour développer ce programme, nous n’aurons pas aidé ce pays », a souligné le ministre, rappelant que la réussite du corridor passe avant tout par la qualification de la jeunesse et des travailleurs congolais.
Pour lui, ce projet doit être un catalyseur non seulement d’intégration régionale et de connectivité, mais aussi un levier pour renforcer la transformation locale des matières premières.
« On doit changer de paradigme pour que le corridor de Lobito soit une occasion pour les partenaires de renforcer la transformation locale. Lorsque l’on fait une évaluation, on se rend compte que nous ne captons que 3 % de la valeur marchande de nos matières premières, tandis que 97 % sont captés ailleurs. Les pays producteurs ne sont donc pas les vrais bénéficiaires », a-t-il regretté.
Le ministre plaide ainsi pour que la RDC et ses partenaires privilégient une approche intégrée, qui inclut la formation professionnelle et le transfert de savoir-faire, afin que le Corridor de Lobito devienne un programme bénéfique pour l’ensemble de la région, et non une simple voie d’exportation des richesses brutes.
Le Corridor de Lobito, qui vise à relier l’Angola, la RDC et la Zambie, franchit des étapes décisives vers sa matérialisation. Le 9 septembre dernier, une délégation conjointe d’experts de l’Union européenne et des États-Unis a présenté à Kinshasa les résultats des études de préfaisabilité, évaluant le coût global du projet à plus de 6 milliards de dollars américains, financés en grande partie par les États-Unis.
Sous la présidence du vice-Premier ministre en charge des Transports, Jean-Pierre Bemba, la réunion a permis de préciser les besoins financiers et les délais de la première phase, centrée sur la réhabilitation de la ligne ferroviaire Dilolo-Kolwezi-Tenke. Cette étape nécessitera à elle seule près de 410 millions d’euros d’investissements.
Selon les experts, cette infrastructure permettra d’améliorer significativement les conditions de transport et d’exportation, tout en stimulant la croissance et le développement économique. Le projet suscite déjà l’intérêt de plusieurs institutions financières internationales, parmi lesquelles l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement, la Banque mondiale, ainsi que des partenaires bilatéraux tels que l’Italie et les États-Unis.
Au-delà de ses aspects économiques, le Corridor de Lobito est présenté comme un levier stratégique pour diversifier les routes commerciales africaines et renforcer la connectivité régionale. La modernisation du tronçon ferroviaire Dilolo-Kolwezi-Tenke va ainsi favoriser l’intégration entre la RDC, la Zambie et l’Angola, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour les exportations et la valorisation des ressources dans la région des Grands Lacs.
Jean-Baptiste Leni