RDC : le déficit énergétique impose une économie au gasoil

PAR Deskeco - 21 nov 2018 12:14, Dans Actualités

Au déficit énergétique en RDC s’ajoutent des coupures intempestives  du courant électrique. Cette situation handicape l’activité économique à travers l’ensemble du territoire national. A tel point que chaque opérateur recourt aux groupes électrogènes pour faire face au manque d’électricité. A cette allure, la compétitivité des entreprises est en jeu.

Le groupe électrogène est devenu l’outil essentiel pour assurer la production en permanence des biens et services en RDC en général, et à Kinshasa, en particulier. Cette situation découle de la persistance à la fois du déficit en énergie électrique et, conjoncturellement, du délestage imposé par la SNEL (société nationale d’électricité) suite à la modicité de sa production.

La SNEL a instauré un système de rationnement de l’électricité à ses abonnés. Par moment, la société réduit sensiblement sa fourniture en énergie électrique suite aux travaux de réparation sur ses installations vétustes sur le site du barrage d’Inga, dans la province du Bas Congo.  Et cela dure depuis des années. Et, au fur et à mesure, les unités de production augmentent tant dans la capitale que dans les grandes villes et la fourniture en électricité devient de plus en plus hypothétique.

A Kinshasa comme dans les autres grandes villes du pays, l’économie tourne au rythme des groupes électrogènes que les entreprises, petites et grandes, se sont procurées pour pallier les coupures intempestives en électricité mais aussi, pour certaines sociétés,  assurer en permanence le fonctionnement de leur outil de production parce que n’étant pas desservi en énergie électrique.

La compétitivité en jeu

Le recours récurrent aux groupes électrogènes a une incidence réelle sur la compétitivité des entreprises congolaises. Les dépenses en carburant (2.230 FC le litre de gasoil, soit 1,35 USD) augmentent le coût de production. Ce dernier a un impact direct sur les prix des biens et services sur le marché. En définitive, ce sont les consommateurs qui paieront la facture des charges supplémentaires.

La pénurie du courant électrique vient s’ajouter à plusieurs problèmes que connaît les opérateurs économiques congolais notamment le niveau élevé des droits  et taxes, la concurrence déloyale des produits importés en fraude ou subventionnés, la fiscalité inadaptée et asphyxiante. Autant dire que le développement de la RDC attendra le moment où le pays fera sa révolution énergétique. Le déficit en électricité couplé au délestage fréquent ne peut que retarder le rythme du progrès de l’économie congolaise.

C’est conscient de cette réalité que la RDC s’est fixée en 2012 trois objectifs très ambitieux avec « l’agenda national de l’accès pour tous à une énergie durable », à savoir : doubler le taux d’accès à l’électricité à l’horizon de 2018, le faisant passer de 9 à 18% ;   lancer de vastes chantiers d’ouvrages hydroélectriques à travers le pays ; promouvoir des mesures incitatives avec la nouvelle loi sur l’électricité. Hélas, ces ambitions n’ont jamais été atteintes. Nous sommes en 2018 mais le taux d’électrification n’a jamais dépassé la barre de 15%.

Les défis restent immenses car il faut mobiliser des capitaux importants issus du secteur privé ; coordonner l’ensemble des interventions portant à la fois sur les grands ouvrages comme sur les petits, portés par différentes entités tant au niveau central que local; promouvoir les normes et les politiques en matière d’efficacité énergétique ; accroître les investissements axés sur les énergies renouvelables et mettre en place un environnement politique propice.

L’atlas des énergies reste inactif

Une des réponses efficaces au gap énergétique que connaît la RDC est sans doute l’Atlas interactif des énergies renouvelables. A l’initiative du PNUD et de la SNV, la RDC dispose depuis 2014 de cet atlas qui est en soi une révolution verte. Avant cet outil, seul 217 sites hydro-électriques étaient connus. Aujourd’hui, cet Atlas en a identifié près de 780, soit 550 sites supplémentaires.

En clair, cet ouvrage permet de démocratiser la production et l’offre de l’électricité sur l’ensemble de la RDC. Seulement, le gouvernement et les opérateurs économiques ne s’en sont pas appropriés pour booster durablement le taux d’électrification sur l’ensemble de la République.

La  SNEL avec ses  50 centrales (14 hydroélectriques et 36 thermiques) représente  94,25 % de la puissance totale installée (soit 2 441,02 MW), contre 5,75% pour l’ensemble des auto-producteurs  privés (134,5 MW). Les trois nouveaux projets de centrales hydroélectriques en phase de construction pourraient juste améliorer, mais sans combler, la part de l’hydroélectricité dans le bilan énergétique du pays : projets de Zongo II (150 MW) (la fin des travaux est intervenue en juin 2018 mais il faut attendre le transport et la distribution de l’électricité vers 2020) ; du  Grand Katende (64 MW) ; et de Kakobola (9,3 MW) (fin des travaux prévus en août 2019). Il faudra sans doute attendre la réalisation du projet Inga 3 (11 000 mégawatts) de 14 milliards USD qui venait d’être signé en octobre 2018 entre la RDC et deux entreprises, une chinoise et une espagnole, pour voir un début de solution au déficit énergétique en RDC. La réalisation de ce projet pourrait prendre entre 5 à 11 ans.

Le potentiel hydroélectrique techniquement exploitable en RDC est évalué à 774.000 GWh par an, pour une puissance exploitable d’environ 100.000 MW. Seulement 2,6 % de ce potentiel est exploité à ce jour, soit environ  2.566 MW, dont 69 % (soit 1775 MW) au niveau du site d’Inga (351 MW à Inga 1 et 1424 MW à Inga 2). Le taux d’accès de la population congolaise à l’électricité est de 9%, contre une moyenne africaine évaluée à 24,6 %.  Les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de l’électricité pour tous en RDC sont évalués à 66,767 milliards Usd par le PNUD.

Amédée MK

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