RDC : le M23 met en place un système financier particulier pour réguler les opérations financières après la fermeture de toutes les banques dans des zones occupées

francs congolais
PAR Deskeco - 29 mar 2025 12:38, Dans Actualités

En République Démocratique du Congo (RDC), le mouvement politico-militaire du M23, soutenu par le Rwanda, a annoncé cette semaine la mise en place d'une nouvelle structure parallèle baptisée "Autorité de régulation du secteur économique, financier et des assurances", selon des informations de RFI.

Cette structure, qui existe déjà sur papier, devrait jouer un rôle similaire à celui d'une banque centrale, mais exclusivement dans les zones contrôlées par l'AFC/M23.

En plus de cette initiative, le mouvement envisage également de réactiver la Caisse de Dépôt et de Crédit (Cadeco), une institution financière publique congolaise qui est aujourd'hui presque inopérante, selon plusieurs experts. Le M23 a nommé une direction parallèle pour redynamiser cette institution et en faire la banque principale dans les zones sous son contrôle.

Les recettes fiscales collectées dans ces zones devraient être versées à cette structure. Cette initiative est prise après que les autorités congolaises ont recommandé la fermeture de toutes les banques commerciales dans les zones occupées, au Nord et au Sud-Kivu.

Suite à cette fermeture, les opérations financières, telles que la circulation des devises, les retraits et les dépôts dans la région, sont dès lors devenues difficiles, voire impossibles, au point où d’autres opérations se font dans des pays voisins, tels qu’au Rwanda ou carrément à l’étranger.

Les autorités du M23 ont donné des consignes aux changeurs de monnaie et aux opérateurs économiques locaux afin qu'ils ouvrent des comptes au sein de cette nouvelle structure bancaire. Cependant, ce projet rencontre plusieurs obstacles majeurs, selon les experts interrogés par RFI.

L'un des principaux défis réside dans l’absence de connexion avec les banques de correspondance internationales, ce qui pourrait limiter l’efficacité de cette initiative. De plus, les restrictions imposées par le Groupe d'Action Financière (GAFI), l’organisme international de lutte contre le blanchiment d’argent, représentent un autre frein à la mise en place de cette structure.

Pour contourner ces défis, l’AFC/M23 semble envisager de s'appuyer sur des pays voisins, notamment le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda, des pays fortement impliqués dans cette crise, afin de faciliter les transactions et le fonctionnement de sa structure parallèle. Néanmoins, la viabilité de ce projet reste incertaine.

Selon un expert contacté par la même source, tout dépendra du degré d’isolement international du M23 et de la réaction des pays et des institutions bancaires de la région, qui pourraient exercer des pressions pour empêcher la concrétisation de ce projet.

L'avenir de cette initiative est donc suspendu à l’évolution du contexte géopolitique et économique dans la région des Grands Lacs, avec des implications potentielles pour les relations économiques et diplomatiques entre la RDC, ses voisins et les institutions financières internationales.

Jean-Baptiste Leni

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