Lors de la 10ème édition du Forum Makutano, le ministre des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a présenté une feuille de route ambitieuse visant à relancer le secteur pétrolier et gazier de la République Démocratique du Congo. Bien que riche en ressources, ce secteur reste miné par des défis structurels qui limitent son développement et son attractivité.
La production nationale de pétrole brut, estimée à environ 20 000 barils par jour, demeure bien en deçà du potentiel du pays. Cette faiblesse s’explique par une exploitation limitée, concentrée dans les bassins côtiers du Kongo Central, et par un manque d’investissements étrangers significatifs. En dépit des ressources considérables identifiées dans la Cuvette centrale, le Graben Albertine et le lac Kivu, l’exploration et la production restent insuffisantes. Par ailleurs, les appels d’offres lancés en 2022 pour l’attribution de blocs pétroliers n’ont pas abouti aux résultats escomptés, révélant des lacunes dans la transparence et la stratégie d’attractivité.
Le secteur de l’aval pétrolier, bien que libéralisé depuis 2001, rencontre également des difficultés majeures. L’augmentation de la demande en produits pétroliers, alimentée par la croissance démographique et l’expansion des activités industrielles, notamment dans le secteur minier, accentue la pression sur les capacités d’importation et de distribution. Cette situation est aggravée par la contrebande de carburants aux frontières, entraînant des pertes fiscales significatives pour l’État.
Face à ces défis, le ministre a souligné la nécessité de réformes structurantes et pragmatiques. Il a annoncé que le gouvernement privilégiera désormais des appels d’offres ciblés pour les blocs stratégiques, en sélectionnant des partenaires disposant de capacités techniques et financières avérées. Cette stratégie vise à garantir une exploitation optimale des ressources tout en renforçant la transparence et la bonne gouvernance.
Pour répondre aux besoins croissants en produits pétroliers, le gouvernement prévoit de réformer le système d’approvisionnement en instaurant des mécanismes compétitifs pour diversifier les sources et optimiser les coûts. La lutte contre la contrebande sera intensifiée grâce à des outils tels que le marquage moléculaire des produits et l’installation de systèmes de suivi électronique, destinés à renforcer la traçabilité.
Le ministre a également insisté sur la nécessité d’améliorer le cadre légal et fiscal pour attirer davantage d’investissements étrangers. Des réformes sont en cours pour moderniser les lois encadrant le secteur, en vue d’instaurer un environnement plus favorable aux affaires. Par ailleurs, la protection de l’environnement et l’intégration des objectifs de la transition énergétique figurent parmi les priorités, afin de garantir une exploitation durable et responsable des ressources naturelles.
Malgré ces défis, Aimé Sakombi Molendo s’est dit confiant dans le potentiel de la RDC à devenir un acteur majeur de l’industrie pétrolière et gazière en Afrique. Il a appelé à une collaboration renforcée entre le gouvernement, les investisseurs et les partenaires internationaux pour transformer les ressources en un moteur de développement économique et social.
Les prochaines étapes incluront la mise en œuvre des réformes annoncées, l’engagement d’une consultation élargie avec les parties prenantes et le renforcement des capacités locales. Avec une volonté politique affichée et des actions concrètes, le gouvernement espère faire du secteur des hydrocarbures un pilier essentiel de la diversification économique et du progrès national.
