L'Observatoire d'étude et d'appui à la responsabilité sociale et environnementale (OEARSE) vient de prendre part au 17ème Forum de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) organisé du 14 au 24 mai 2024 à Paris, en France, sur les chaînes d'approvisionnement responsables en minerais. Selon un communiqué parvenu ce samedi 25 mai à DESKECO.COM, la plateforme de la société civile a souligné le fait que l’extraction croissante des minerais de transition énergétique en République démocratique du Congo doit jouer un rôle majeur dans l’amélioration de l’électrification du pays que de renforcer la pauvreté énergétique des Congolais. Pour l’OEARSE, l’OCDE devra donc mettre la question de justice climatique sur son agenda.
L’OEARSE a aussi encouragé les utilisateurs finaux à oeuvrer constamment avec les entreprises minières enfin d’entreprendre la mise à jour des études de faisabilité des projets miniers de sorte à intégrer le développement des projets énergétiques comme preuve de bonne gouvernance, bonne volonté et d'engagement claire pour réduire l'empreinte carbone et d’accompagner la RDC à réduire la pauvreté énergétique. Dans cet ordre d’idées, l’OEARSE exhorte le gouvernement de la RDC à « exiger des entreprises minières le développement des projets énergétiques, car la conjoncture mondiale actuelle des minerais stratégiques nécessite d'entreprendre une réglementation particulière qui astreint aux entreprises minières d'entreprendre des actions réelles et concrètes pour contribuer au développement des nouvelles infrastructures énergétiques pour garantir l'électricité à l'industrie minière et aux populations sociales.
Elles (ces entreprises minières : ndlr) peuvent également accompagner les concessionnaires privés qui sont disposés à valoriser les potentiels énergétiques renouvelables disponibles dans la région du Katanga. L'introduction d'une réglementation particulière permettra d'une part de modifier le paysage énergétique congolais par l'émergence des solutions énergétiques propres qui répondent aux impératifs de l'efficacité et de la sauvegarde de l'environnement ; et d'autre part de tirer profit du potentiel existant et de la transition énergétique pour opérer une transition énergétique vers une économie à faible émission de carbone au niveau interne et qui soutient la justice climatique ».
En effet, indique l’Observatoire, l'industrie minière consomme des quantités considérables d'électricité en RDC. La puissance installée ce jour au pays par la Société nationale d’électricité (SNEL) qui est l’opérateur principale ne permet pas de répondre à la demande de l’industrie minière de la population dont la croissance démographique et d’avantage observée et ses besoins en développement économique et social suscitent un besoin énergétique de plus en plus important. L’accès faible à l’énergie devient donc un enjeu politique, économique et social majeur, surtout qu’avec la production actuelle, l’industrie semble être priorisée au détriment de de la population. D’ailleurs, évoque l’Observatoire, très récemment, le ministre de l'Industrie, Julien Paluku et les partenaires publics et privés ont tenu une réunion stratégique sur l’alimentation en électricité des Zones économiques spéciales (ZES) de l’espace Grand Katanga et de trouver des solutions pour garantir une alimentation.
Dans ce contexte, la forte dépendance du pays à l’opérateur principal qui est la SNEL devient un danger sur la sécurité énergétique du pays et à l’utilisation massive des énergies alternatives non propres dans l’industrie et les ménages deviennent comme des menaces qui génèrent une dégradation massive de la nature et cause des pollutions et nuisances multiples à la région du Katanga comme émissions de GES, de soufre, d’azote. II devient urgent pour les parties prenantes dont l’OCDE, d'œuvrer pour avoir une perception concertée des attentes sur l’étendue des avantages économiques et sociales qu’un projet minier de la transition énergétique peut apporter, afin d’encourager la Valorisation des minerais au pays et le partage juste et équitable du bénéfice avec les communautés locales.
Le changement de paradigme par le gouvernement dans l’évaluation du moratoire aux entreprises minières qui exportent les concentrés et/ou qui dépendent principalement de la SNEL aura l’avantage de favoriser le développement rapide des nouvelles infrastructures énergétiques en drainant des investissements énergétiques internes pour réduire le taux de dépendance énergétique à la SNEL de l’industrie et de la population. L’organisation salue, à cet effet, la contribution de Kibali Gold Mine qui a construit à ce jour trois barrages hydroélectriques comme réponse interne pour remédier au déficit en énergie de ces opérations minières.
Pour Freddy Kasongo, secrétaire exécutif de l’OEARSE, « les temps que les parties prenantes comprennent que notre manière collective de gérer et d’utiliser les ressources naturelles du pays influera considérablement sur notre croissance et développement qui ne sera garanti que par la sécurité énergétique. Tout opérateur minier ayant des réserves minérales susceptibles d’être exploitées sur plus de dix ans devra être contraint par le gouvernement de développer ou accompagner le développement d’un projet énergétique renouvelable et de réserver une partie de l’électricité pour les besoins des populations et aux clients domestiques afin de protéger la population contre une survie précaire ».
Alors que les mines et les énergies deviennent davantage deux sources de revenus économiques stratégiques pour le pays et son développement. La transition vers un modèle énergétique plus soutenable entraînera des changements au sein de ces deux activités de plus en plus reliées, surtout avec l’augmentation de la demande en minerais de la transition.
Deux modèles économiques principaux s’offrent aux opérateurs miniers de la région du Katanga comme l’autoproduction ou l’entreprise minière investit directement et devient propriétaire des actifs de production d’électricité au même titre qu’elle l’est des opérations minières où l’entreprise confie son approvisionnement en énergie électrique à un producteur indépendant d’électricité, sur la base d’un contrat où le client principal sera l’entreprise minière. OEARSE estime que les investissements des entreprises minières dans le secteur énergétique permettront d’engranger des bénéfices en termes de coût d'exploitation, mais aussi de réduire l’empreinte environnementale et sociale des projets miniers en adéquation avec les principes de durabilité et d'accompagnement de la RDC dans la consolidation de sa croissance économique et la diversification de l’économie pour le bien-être de la population. Il reste incompréhensible que les utilisateurs finaux et les Etats occidentaux s’engagent à atteindre la neutralité carbone avec les ressources minérales de la RDC sans orienter les investissements dans le pays hôte pour réduire la pauvreté énergétique qui condamne des masses de la population à une survie précaire au détriment de la justice climatique.
Bienvenu Ipan