La coalition Congo N'est Pas à Vendre (CNPAV) dénonce l'attitude du Ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu qu'il accuse d'entretenir l'opacité dans le processus de sélection des opérateurs pour certains blocs pétroliers. C'était au cours d'une conférence de presse tenue ce vendredi 2 juin à Kinshasa.
De ce fait, le CNPAV appelle le gouvernement à promouvoir une transparence totale afin d'éviter les erreurs aux lourdes conséquences financières qui pèsent aujourd'hui sur le pays en raison des pratiques d'opacités.
Le Congo N'est Pas à Vendre note quatre (4) irrégularités concernant le processus d'attribution et négociations des blocs pétroliers et gaziers. Il y a notamment :
1. Le passage de 16 à 27 blocs pétroliers sans que le Conseil des Ministres n'approuve cette augmentation du nombre de blocs, ce qui constitue une violation de l'article 61 du Règlement des Hydrocarbures et de la décision du Conseil des Ministres du 08 avril 2022 ;
2. L'attribution de blocs cazier a été faite à des sociétés sans expérience technique et financière prouvée ;
3. Le renouvellement anticipé des Conventions pétrolières offshore of onshore de L'opérateur PERENCO, en violation de l'article 189 de la loi sur les hydrocarbures exigeant qu'au moment du renouvellement, le projet passe de la Convention vers le régime de partage de production ;
4. La négociation en catimini entre la RDC et la société d'Etat chinois, China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) au mépris des exigences légales relatives à l'appel d'offre.
Pour le CNPAV de telles procédures opaques peuvent coûter indûment de l'argent au peuple congolais.
"Ainsi, la RDC a été condamnée à payer à Ovine Inspiration Group UHE Comme de plus de 6417 millions USD pour n'avoir pas signé l'Ordonnance d'approbation du Contrat de Partage de Production de décembre 2007 portant sur les blocs pétroliers 8, 23 et 24 dans la Cuvette Centrale d'une part, et pour avoir unilatéralement rompu le Contrat de Partage de Production de janvier 2008 dans le bloc 1 du Graben Albertin d'autre part. De même, dans un Accord très controversé de 2022, la RDC a accepté de payer 240 millions Euros au Groupe Ventora au titre des coûts d'investissements pourtant non certifiés, réalisés notamment sur les blocs 1 et 2 du Graben Albertin", alerte le CNPAV.
Cette synergie de la société civile insiste sur la nécessité de la transparence dans le dossier blocs pétroliers et gaziers.
"Ainsi, la RDC fait déjà face à une dette de 857 millions de dollars en raison de l'octroi complaisant des blocs pétroliers par le passé, et ce sans que cela ne mène à la moindre certification de réserves de pétrole" note le CNPAV.
Pas d'exploitation du pétrole sans études approfondies
Le CNPAV estime que le secteur pétrolier de la RDC nécessite encore des études approfondies avant de décider d'une exploitation effective ou non de ces ressources, dans un contexte de controverse mondiale sur l'impact des énergies fossiles et le changement climatique.
"L'absence de ces études justifierait notamment les divers reports des dates limites des dépôts des candidatures pour les blocs pétroliers, le manque d'intérêts de soumissions des dossiers des candidatures, et ouvrirait les voies à des procédures non légales, dont les négociations à catimini avec certains opérateurs pétroliers", note le CNPAV.
Le CNPAV appelle donc le gouvernement à cesser "ces pratiques de négociations opaques qui mettent en péril la vie des générations présentes et futures", mais de promouvoir la transparence et la redevabilité sur toute la chaîne des prise des décisions liées à l'exploitation des ressources naturelles.
Jordan MAYENIKINI