Madame Kristalina Georgieva, la Directrice générale du Fonds monétaire international et Madame Jutta Urpilainen, la Commissaire européenne aux partenariats internationaux, ont émis la déclaration suivante, le 21 mars 2023, à l’occasion du 11e forum africain sur les finances publiques , qui a pour thème « Construire une Afrique résiliente ».
« Au cours des trois dernières années, les pays d’Afrique subsaharienne ont subi de grands chocs défavorables qui ont entraîné une détérioration abrupte des conditions de vie, notamment, la pandémie de COVID-19, la flambée des prix des produits énergétiques et des denrées alimentaires aggravée par la guerre que la Russie mène en Ukraine, et le changement climatique.
« Face à de tels chocs, bon nombre de pays ont dû recourir à des mesures de soutien de courte durée comme des réductions d’impôts, des subventions non ciblées pour les produits alimentaires ou énergétiques et le contrôle du prix de certaines marchandises. Quoique nécessaires, ces mesures ont accentué les pressions sur les finances publiques dans un contexte de vulnérabilité croissante liée à l’endettement, forçant ainsi les pouvoirs publics à procéder à des arbitrages complexes.
« Même si ces chocs obligent les dirigeants à intervenir pour protéger les personnes les plus vulnérables, la plupart des pays doivent réduire progressivement leur déficit budgétaire afin de reconstituer les amortisseurs, de préserver la viabilité de la dette et de garantir la stabilité macroéconomique.
« Ce forum met l’accent sur trois manières de concilier la nécessité de faire face aux chocs et l’objectif de reconstituer une marge budgétaire, et contribuer ainsi à construire une Afrique résiliente.
- Quand les conditions le permettent, éliminer progressivement les subventions généralisées et fournir des aides plus ciblées afin d’économiser de précieuses ressources pour financer les plans de développement et l’investissement . Les dépenses sociales constituent une fondation solide pour la croissance inclusive . Elles ont un effet considérable sur le développement du capital humain en augmentant les niveaux de scolarisation, de fréquentation scolaire et d’apprentissage, en améliorant les soins et les résultats en matière de santé et en jetant les bases d’un accroissement de la productivité économique. Des dispositifs de protection sociale biens conçus et ciblés permettent de mettre les ressources restreintes des pays à la disposition des personnes les plus vulnérables, ce qui maximise leur effet.
- Utiliser les deniers publics de manière efficiente pour optimiser leur effet et accroître la résilience afin de soutenir l’économie dans son ensemble. Des systèmes transparents et fiables de gestion des finances publiques sont essentiels et des cadres robustes de budgétisation à moyen terme aideront les dirigeants à gérer des priorités de dépenses concurrentes afin de mieux réaliser leurs objectifs de développement. En outre, la transformation numérique, notamment en matière d’assistance sociale, peut contribuer grandement à améliorer l’efficience et la robustesse de la gestion des fonds publics. Par ailleurs, une gestion des finances publiques et des pratiques de gestion des investissements publics qui tiennent compte du climat peuvent permettre aux pays de faire face aux enjeux de l’adaptation climatique et de la transition écologique de manière plus efficace dans la limite des ressources dont ils disposent.
- Obtenir des ressources financières plus stables et préserver la viabilité de la dette. Les pays ont besoin d’obtenir davantage de financements concessionnels pour atténuer leurs contraintes financières, compte tenu de leurs niveaux d’endettement élevés et de l’augmentation du coût des emprunts. Il convient de renforcer la coopération multilatérale afin de remédier à des situations d’endettement insoutenable et de créer les marges de manœuvre pour aider les personnes les plus vulnérables. Afin d’accéder à des financements pour la résilience climatique, les pays d’Afrique subsaharienne peuvent élaborer des stratégies de lutte contre le changement climatique qui quantifient les besoins de financement, promeuvent un climat favorable aux affaires et présentent une réserve de projets crédibles. Des réformes de la bonne gouvernance et de la transparence des finances publiques peuvent également promouvoir la confiance dans les institutions publiques, améliorer le civisme fiscal pour favoriser une augmentation des recettes et créer un climat propice à des financements privés indispensables.
« Nous sommes déterminés à travailler avec les pays d’Afrique subsaharienne en vue de créer un environnement attrayant et de mobiliser des financements pour stimuler l’investissement dans le développement durable. »
Le forum réunira des ministres des Finances et des Affaires sociales, d’autres hauts fonctionnaires et des représentants de la société civile.
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