L'Etat congolais compte à ce jour 61 ans d'indépendance. En dépit de ses potentialités la RDC n'est jamais parvenue à alimenter en énergie électrique ses 145 territoires, sa production d’électricité reste insuffisante. La production électrique installée est de 2 500 MW. Un sérieux problème de déficit énergétique se pose en RDC.
Les deux barrages entrés en service dans les années 1970, Inga I et Inga II, en cours de réhabilitation, ont une production de 1 000 MW pour une capacité de 1 800 MW. Ce déficit énergétique constitue un frein au développement économique du pays, 9 à 15 % seulement de la population congolaise a accès à l’électricité, selon les statistiques récentes de l'ONG Resources Matters.
Un très ambitieux projet, Inga III, doit permettre de produire 4 800 MW, soit l'équivalent de trois réacteurs nucléaires de troisième génération. Le coût total du projet est évalué à 12 Mds $ : comprenant la construction du barrage et de la centrale (11 turbines), l’édification de la ligne à haute tension reliant Inga III à l’Afrique du Sud, via Kolwezi dans la province du Katanga.
Le président national de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), Albert Yuma a laissé entendre que le déficit énergétique dont fait face la RDC est à la base du faible taux de transformation des minerais du pays au niveau local. C'était au cours d'un échange, le 11 juin 2021, avec une représentation des étudiants des facultés des sciences économiques de l'Université de Kinshasa (UNIKIN) et de l'Université Protestante au Congo (UPC).
Répondant à la question d'un étudiant de l'UNIKIN sur ce qui justifie le fait que les grandes entreprises minières étrangères exploitent les minerais en RDC pour les transformer à l'extérieur - ce qui ne favorise pas la réduction du chômage au pays - Albert Yuma lui a répondu sans ambages.
"Dans le code minier révisé, nous avons mis cette obligation de transformer le plus possible. Mais le problème dont fait face la RDC pour transformer localement est lié à l'énergie. Rien que dans le Katanga aujourd'hui, il y a un déficit de 1 200 MW. Seul l'Etat peut répondre à ce déficit. Ça fait des années qu'on parle de Inga mais il n'y a pas assez d'attitudes volontaristes pour faire aboutir le projet Inga. Le vrai problème est qu'il y a un déficit énergétique", a dit Albert Yuma.
Par ailleurs, le député Gratien Iracan de Saint-Nicolas a déjà donné les raisons qui rendent impossible l’électrification de 145 territoires de la RDC. A l’en croire, cette impossibilité est liée à la modique somme que le gouvernement alloue dans ce secteur.
« Le gouvernement a prévu 7 milliards de Francs congolais soit 3 millions USD pour électrifier 145 territoires par l’énergie solaire tout comme l’énergie hydroélectrique sous le contrôle du ministère de Développement et le ministère de l’énergie. En divisant cette somme, chaque territoire se retrouve avec 24 000 USD. Ce qui est impossible de faire accéder la population à l’électricité dans un pays vaste comme la RDC », avait dit le député Iracan de Saint Nicolas, invité par Resources Matters.
Pour l’élu de Bunia (Ituri), le gouvernement peut favoriser l’exploitation de l’énergie éolienne pour assouplir les barrages d’Inga, il suffit de faire preuve de volonté politique. La RDC dispose des endroits favorables à l’exploitation éolienne, disait-il, malheureusement non pris en compte par le gouvernement sous l'ère Ilunkamba.
« C’est possible pour la RDC d’exploiter l’énergie éolienne. Il y a des partenaires qui sont disposés à pouvoir nous fournir les matériels. Mais souvent, c’est le gouvernement qui n’est pas souple. Les territoires de Fizi et Mwenga, la montagne de Ruwenzori, la partie nord des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sont remarquables par le vent violent qui souffle dans ces coins. On peut en profiter pour exploiter l’énergie éolienne. Il y a juste un problème de manque de volonté politique », avait renchéri le député Gratien Iracan.
Rappelons que le rapport de Resource Matters affirme que malgré les vastes ressources énergétiques du pays, seuls 9 à 15% de plus de 80 millions d’habitants du Congo ont accès à l’électricité, la plupart de temps de manière intempestive.
Jordan MAYENIKINI