Dossier EximBank of China-RDC : le président de la République a-t-il été induit en erreur ?

PAR Deskeco - 08 juin 2020 09:27, Dans Finances

Après le démenti de l’Ambassade de Chine en RDC sur l’inexistence d’un différend entre la République démocratique du Congo et Eximbank of China, le gouvernement devrait réagir pour fixer une fois pour toute l’opinion sur ce qu’en est de ce dossier.

Tout est parti de la communication du président de la République lors de la 33ème réunion du Conseil des ministres du 29 mai où Félix Tshisekedi a laissé entendre qu’il existerait un dossier judiciaire à l’international entre la RDC et Eximbank of China.

Le compte rendu du 29 mai du gouvernement dit exactement ceci :  « Le Président de la République  a fait le constat que, de plus en plus la République Démocratique Congo est condamnée par défaut au paiement des fortes sommes d’argent au niveau des instances judiciaires et des chambres arbitrales internationales, alors que le pays aurait dû éviter de telles condamnations. Notamment les cas de EXIMBANK China et DIG Oil. Pour mieux défendre les intérêts de l’Etat Congolais, le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux a été chargé de prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour assurer une meilleure défense des intérêts de la République relatifs à tous ces dossiers qui remontent à plusieurs années et au besoin, pour la négociation devant conduire à des arrangements amiables pouvant consister à l’effacement pur et simple des créances mises à charge de la République ».

L’ONG ACAJ  s’est approprié ce dossier d’Eximbank of China jusqu’à faire un communiqué le 2 juin dans lequel elle soutient que la RDC doit 57 millions USD au titre de dommages et intérêts à cette banque chinoise. Georges Kapiamba, le responsable de l’ACAJ, a même soutenu  que son organisation “soupçonne la créance alléguée de EXIM-Bank de 555 364 446 USD à la RVA comme une stratégie pour s’assurer un détournement des fonds publics provenant de Go-Pass ».

En réalité, Eximbank of China n’a jamais porté plainte contre la RDC et que le contrat des aérogares de N’djili et de Luano attend toujours la validation du gouvernement Congolais, selon l’Ambassade de Chine à Kinshasa. D’où le démenti de la représentation diplomatique de Pékin à Kinshasa.

« Nous avons constaté dans un communiqué publié par l’ACAJ des informations contraires à la réalité. 1. Eximbank Chine, depuis sa création en 1994, n’a jamais porté plainte auprès des institutions juridiques contre le gouvernement de la RDC. 2. La construction de la nouvelle aérogare de l’Aéroport International de N’Djli sera financé par un crédit préférentiel accordé par Eximbank of China, et qui va se rembourser sur une période de 20 ans. L’accord de prêt n’est pas encore entré en vigueur et attend d’être validé par le gouvernement congolais. 3. Et l’ambassade de Chine n’a jamais été contactée ni par l’ACAJ ni par la presse congolaise et aucun diplomate Chinois n’a fait des commentaires à ce sujet », indique le communiqué de l’Ambassade de Chine du 5 juin.

Dans une Tribune diffusé le dimanche 7 juin, un des dignitaires de l’ancien régime Kabila, à savoir Bernabé Kikaya Bin Karubi a saisi l’opportunité pour indexer  « l’amateurisme au sommet de l’Etat » dans ce dossier d’Eximbank of China.

Intitulée « RDC : infox et intox au sommet de l’Etat ! », cette tribune de Kikaya rappelle : « D’où vient cette histoire de jugement contre la RDC à New York? Il y a une histoire bien connue au Ministère des Affaires Etrangères sur un prêt de la République de Chine, entendez par là Taiwan, prêt contracté en 1991 par le régime du Maréchal Mobutu.  Il fut un temps où la R »publique de Chine (Taiwan), et la République Populaire de Chine (Pékin), se livraient une guerre diplomatique sans précédent à travers le monde pour une reconnaissance dans les instances internationales. C’est ainsi que la République du Zaïre en quête de capitaux frais contractera cette dette de 20 millions de dollars US.  Par la suite, comme la RDC a jeté son dévolu sur la République Populaire de Chine (Pékin), Taiwan a porté la RDC devant le tribunal de commerce de New York où notre pays a été condamné par défaut pour un montant de 57 millions de dollars, intérêts compris ».

Pour l’ancien Secrétaire particulier de Joseph Kabila, « que ceci échappe au cabinet présidentiel pour aller jusqu’à faire de l’amalgame et inscrire la question parmi les points de la communication du Président de la République au Conseil, démontre encore une fois le degré d’amateurisme qui a élu domicile au sommet de l’Etat ».

Au regard de ce feuilleton, il appartient au gouvernement Congolais de réparer cette bourde en communiquant urgemment sur le dossier Eximbank of China et où en est-on exactement dans les deux projets de construction des aérogares de Kinshasa et de la Luano pour un montant total de 555 millions USD.

Amédée Mwarabu

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