RDC : la riposte contre la covid-19 bat toujours de l’aile

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PAR Deskeco - 05 juin 2020 09:24, Dans Analyses

Avec deux nouvelles provinces touchées, la RDC totalise à ce jour 10 provinces affectées par le coronavirus. Selon un sondage, 91% d’entreprises de la FEC sont touchées par les effets négatifs de la pandémie. Dans l’informel, le gouvernement pointe aux abonnés absents en ce qui concerne tout soutien financier alors que plusieurs commerces sont suspendus depuis plus de deux mois renvoyant au chômage des milliers des Congolais. Pendant ce temps, le dispositif de la riposte contre la covid-19 semble aléatoire dans le pays au regard des faits rapportés. Autant dire que la riposte contre cette crise sanitaire, jugée la plus grave de l’histoire moderne de l’humanité, bat de l’aile en RDC.

« Cela fait 5 jours que j'attends des résultats d'un test de Covid-19 que j'ai passé.  Entre-temps, je ne peux prendre aucun traitement. Et donc si j'étais positif, la maladie devrait progresser. C'est donc ainsi que les choses fonctionnent mal à l’INRB Kinshasa ». Ce témoignage d’un Congolais posté sur un compte Tweeter est révélateur de la prise en charge déficiente de la pandémie de coronavirus en République démocratique du Congo.

Depuis le début de cette crise sanitaire, le 10 mars, chaque jour révèle que le gouvernement Ilunkamba n’a jamais pris au sérieux la gravité de cette pandémie de covid-19 en RDC. Du budget aléatoire de 1,8 million USD, affecté au début de la crise, à ces 10,5 millions USD que le Premier ministre, Ilunga Ilunkamba, a soutenu devant le Sénat  avoir déjà dépensés dans la riposte, les résultats sont loin d’être probants.

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Depuis le début de l’épidémie déclarée le 10 mars 2020, le cumul des cas confirmés de coronavirus est de 3.495 dans le pays. Au total, il y a eu  75 décès  et 492 personnes guéries. 10 provinces sont à ce jour affectées par la pandémie dont Kinshasa avec 3175 cas.

Le comble c’est que le gouvernement ne semble pas rectifier les tirs malgré les ratés que le président de la République, Félix Tshisekedi, a constatés, lui-même, lors de sa ronde du 7 mai dans les hôpitaux qui prennent en charge les malades covid-19. Bien au contraire, au fur et à mesure qu’il y a plus de contaminés, on sent le cafouillage dans la riposte à tous les niveaux. Les malades covid-19 continuent à se plaindre dans les hôpitaux. Le suivi des contacts des contaminés est loin d’être systématique d’où le cafouillage. La communication ne s’est pas améliorée. La sensibilisation reste déficitaire d’où des pans entiers de la population qui ne croient toujours pas à l’existence de la maladie.

C’est plus de deux mois après que le coronavirus est déclaré dans le pays que le gouvernement Ilunkamba pense maintenant à commander de masques à distribuer à la population. Alors que les actions de prévention devraient se multiplier dès les premiers cas confirmés pour apprendre aux Congolais les gestes barrières, déployer dans les cités populaires et pauvres de dispositifs de prévention et de sensibilisation (lavage de main, distribution de masque et de gel hydro alcoolique, sensibilisation).  

Pas d’actions d’anticipation pour soutenir l’économie

Selon une étude récente de la Banque mondiale, les Etats doivent agir maintenant pour favoriser leur reconstruction post-covid-19. « Protéger les services publics essentiels, apporter des ressources financières directement aux populations et soutenir le secteur privé sont autant de mesures qui permettront de limiter les dommages et de préparer la reprise », soutiennent les experts de la Banque mondiale dans cette étude.

Comme pour interpeller des pays comme la RDC, cette étude note : « Les mesures nécessaires pour protéger la santé publique ont affaibli une économie mondiale déjà fragile, provoquant de sévères récessions dans les économies avancées comme dans les pays émergents et en développement. Parmi ces pays, plus particulièrement, ceux dont les systèmes de santé sont défaillants, ceux qui dépendent fortement du commerce mondial, du tourisme ou des envois de fonds de l'étranger, et ceux qui sont tributaires des exportations de produits de base seront particulièrement touchés ».

Bien plus, soutiennent les experts, à long terme, la pandémie laissera des séquelles durables à travers de multiples répercussions : baisse des investissements, déclin du capital matériel et humain dû à la fermeture des entreprises, à l’érosion des apprentissages scolaires et à la perte d'emplois, affaiblissement du commerce mondial et des chaînes d'approvisionnement. Ces effets entraîneront, selon ces experts, une réduction de la production potentielle (niveau correspondant à une situation de plein emploi et de pleine utilisation des capacités) et de la productivité du travail pendant une longue période. En outre, les vulnérabilités préexistantes, l’amenuisement des dividendes démographiques et les goulets d'étranglement structurels amplifieront les dommages à long terme des graves récessions liées à la pandémie

« Les politiques de relèvement à court et à long terme devront s’attacher à renforcer les services de santé et à mettre en place des mesures de relance très ciblées pour stimuler la croissance. Il s’agira notamment de soutenir le secteur privé et d’apporter des ressources financières directement aux populations pour permettre un retour plus rapide à la création d’entreprises une fois la pandémie derrière nous. Durant la phase d’atténuation des chocs, les pays doivent se focaliser sur le soutien à l’activité économique avec un appui ciblé destiné à fournir des liquidités aux ménages, aux entreprises et aux services de l’État essentiels », note cette étude.

Les craintes sont sociales et économiques

Un sondage conjoint du cabinet Deloitte, d’OpinionWay et de l’agence conseil 35°Nord, soutient qu’en RDC et en Afrique les principales craintes des populations face à la pandémie de coronavirus  sont avant tout « économiques et sociales ».

Comme dans les autres sept pays enquêtés, les Congolais s’inquiètent des conséquences économiques et sociales de la crise. Ainsi, 58 % des Congolais interrogés pensent que leur activité professionnelle va se dégrader tandis que 57 % anticipent un affaiblissement de leur situation financière personnelle. Surtout, 79 % des Congolais redoutent une hausse de la pauvreté.

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Ça fait plus de deux mois que les activités commerciales dont dépendent la majorité des Congolais sont suspendues notamment à Kinshasa, une mégapole de plus de 12 millions d’habitants. Les bars, restaurants et toutes les activités connexes font partie de l’économie réelle des Congolais. Mais, plus de deux mois après, à part la gratuité de l’eau et de l’électricité accordée aux ménages, ces milliers de travailleurs dans les bars et autres restaurants n’ont reçu aucun appui financier du gouvernement.

Dans le secteur économique formel, la situation est aussi préoccupante. Selon un sondage fait par la Fédération des entreprises du Congo, le plus grand syndicat patronal du pays, 91% d’entreprises ont été affectés par les effets négatifs de covid-19.

Des agences de voyage et de tourisme, aux producteurs et distributeurs des boissons alcoolisées ou non en passant par les compagnies d’aviation, les hôtels, restaurants et autres casinos, les activités économiques ont été durement affectées pendant cette pandémie.

Ainsi, 21%  des  entreprises ont arrêté leurs activités à la suite de la COVID-19 ; 41% des entreprises ont suspendu leurs investissements ; 14% des entreprises ont enregistré des pertes sur leurs activités évaluées à plus de 75% du chiffre d’affaires de l’année antérieure et 53% pour les pertes comprises entre 10% et 50% du chiffre d’affaires réalisé en 2019 ; 16% des entreprises ont suspendu les contrats de travail avec leur personnel alors que 21% sont restés avec moins de la moitié des effectifs ; 36% des entreprises ne sont pas à mesure d’honorer leurs charges fiscales et 39% en incapacité de payer les salaires au personnel ; 81% des entreprises proposent d’alléger la fiscalité pour relancer les activités économiques post COVID-19 ; et 63% des entreprises demandent la création d’un fonds de soutien aux entreprises touchées par la COVID-19.

Devant ce tableau social et économique sombre, le gouvernement semble à court de politiques non seulement pour réellement venir en aide autant les populations qui n’en peuvent plus après plus de deux mois de suspension de leurs activités économiques encore moins pour soutenir les entreprises.

Amédée Mwarabu

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