Prenant la parole lors du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce lundi 13 octobre 2025, sur la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs, Zénon Mukongo Ngay, représentant permanent de la République démocratique du Congo (RDC) auprès des Nations Unies, a rappelé la demande du gouvernement « pour la mise en place d'un mécanisme similaire au processus de Kimberley pour gérer l'or provenant des zones de conflit afin de mettre un terme à cette économie parallèle qui alimente la violence ».
« Mon gouvernement, qui souscrit aux recommandations de l'atelier de Khartoum du 2 septembre 2021 sur les ressources naturelles dans la région des Grands Lacs, est prêt à participer activement aux discussions pour la mise en place d'un tel processus afin d'éradiquer ce fléau », a-t-il déclaré.
Le pillage des ressources naturelles, dont l'or de la RDC dans les zones de conflit, a été démontré par plusieurs rapports.
« Depuis janvier 2025, l'AFC/M23 a systématiquement ciblé des entrepôts appartenant à des exportateurs de minerais, pillant plus de 500 tonnes de minerais 3T marqués et non marqués. Des preuves vidéo ont montré des éléments de l'AFC/M23 retirant de force les marquages des lots de minerais pillés. Des conteneurs scellés ont été forcés, leur contenu exposé à une manipulation illicite. L'AFC/M23 a également pillé 186 tonnes de minerais 3T non marqués à Nyabibwe, au Sud-Kivu, les faisant passer en contrebande au Rwanda par le port de Mukwija dans le territoire de Kalehe. », indiquait un rapport du groupe d'experts des Nations Unies de juin dernier.
Un autre rapport du groupe d'experts des Nations Unies de décembre 2024 indiquait pour sa part que l'exploitation de l'or dans la province de l'Ituri, dans l'Est de la RDC, foyer de plusieurs tensions et de l'activisme de groupes armés, continue d'échapper au contrôle de l'État et rapporte au moins 140 millions de dollars par an aux groupes armés et aux réseaux criminels.
Le même rapport révélait que la prise de la cité minière de Rubaya, dans le territoire de Masisi, par le M23 et l'armée rwandaise depuis avril 2024 a facilité l'extraction frauduleuse, le commerce et l'exportation vers le Rwanda des minéraux de cette entité, qui ont donc bénéficié à la fois à la coalition AFC-M23 et à l'économie rwandaise.
Pour le gouvernement de la RDC, mettre en place un processus similaire à celui de Kimberley permettra le marquage des minerais issus des zones de conflit, spécialement l'or, et empêchera leur commercialisation à l'international.
Créé en 2003, le Processus de Kimberley est un régime international de certification qui a pour mission d'éradiquer le commerce des "diamants de conflit", ces pierres qui alimentent financièrement les guerres et les rébellions.
Il impose aux États membres la mise en place de contrôles stricts à l'exportation et à l'importation. L'objectif est de garantir que les diamants bruts commercialisés sur le marché international soient exempts de tout lien avec un conflit, en assurant une traçabilité complète des pierres.
Bruno Nsaka