RDC : le CNPAV veut renforcer la lutte contre la corruption dans les secteurs de la gouvernance financière et des industries extractives à travers un partenariat avec le secteur de la justice

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PAR Deskeco - 07 aoû 2025 22:32, Dans Corruption

La Coalition « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV) est plus que déterminée à renforcer la lutte contre la corruption, notamment dans les secteurs de la gouvernance financière et des industries extractives, à travers un partenariat avec le secteur de la justice en République démocratique du Congo. C'est ce qui justifie la tenue de la table ronde multi-acteurs les 7 et 8 août 2025 à l’hôtel Pullman, dans la commune de la Gombe, à Kinshasa.

« Ce forum réunit les institutions de contrôle, le secteur judiciaire ainsi que les organisations de la société civile, dans le but de renforcer la collaboration entre ces acteurs et de lutter efficacement contre la corruption, notamment dans la gouvernance financière et le secteur extractif en République démocratique du Congo », a indiqué le coordonnateur du CNPAV, Dirk Shaka, à l'ouverture de ces assises.

La table ronde, qui se clôture ce vendredi 8 août, va se pencher sur les obstacles que rencontre le secteur de la justice en RDC pour lutter efficacement contre la corruption.

En effet, en organisant ces rencontres, le CNPAV a dressé un constat amer selon lequel les actes de corruption, notamment dans les domaines de la gouvernance financière et des industries extractives, sont restés pour la plupart impunis.

Intervenant à l'ouverture de cette table ronde, Me Aurélien Kajangu, qui s'exprimait au nom du secrétaire permanent du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), a indiqué que la plupart des cas de corruption sont l'œuvre de politiciens jouissant d'immunités qui les protègent. Ce qui constitue un obstacle pour la justice dans sa lutte contre la corruption.

Parmi les autres obstacles, ce président de la Cour d'appel de justice a évoqué des risques tels que la mort et l'assassinat d'hommes en toge, comme dans le cas du procès des 100 jours.

Pour éradiquer ce phénomène, a-t-il souligné, le Conseil supérieur de la Magistrature souhaite l'indépendance judiciaire, un appui technique et financier de la part du gouvernement pour lui permettre d'assurer le fonctionnement régulier des chambres de discipline, le renforcement des inspections de contrôle et de juridiction, un moratoire pour restreindre les immunités et privilèges dont bénéficient les politiques, et que les institutions de gestion et de contrôle telles que l'IGF puissent avertir le Conseil supérieur de la Magistrature sur les cas de corruption découverts, notamment par l'IGF et transmis aux parquets ».

Quant à lui, Me Jean-Lambert Lisika, avocat au barreau de la Cour d'appel de la Mongala, est intervenu sur la contribution de l'avocat dans la lutte contre la corruption.

L'avocat, a-t-il souligné, vient défendre son client mais ne pratique pas les actes de corruption à sa place. Et lorsqu'il le fait, il encourt des sanctions, dont la radiation de sa profession. En Mongala, la lutte contre la corruption est prise dans le cadre d'un contentieux ; il faut donc engager des litiges stratégiques.

À son tour, le vice-président de la commission Écofin de l'Assemblée nationale, Patrice Kitebi, a estimé que la corruption étant un phénomène endémique, il faut une approche systémique pour la combattre à tous les niveaux. À cet effet, l'ex-ministre des Finances appelle à un engagement d'abord individuel puis collectif, et a insisté sur un combat quotidien.

« Je nous exhorte tous à prendre conscience des dégâts que la corruption cause à l'ensemble du pays. Nous devons nous y engager avec des actions concrètes. Chacun de nous a une responsabilité », a martelé l'élu de Kenge.

Pour sa part, Innocent Dunia, représentant de « RCN Justice et Démocratie en RDC », une ONG de droit belge, a présenté les résultats d'une étude socio-anthropologique sur la corruption judiciaire réalisée en 2023 à Bunia, Mbandaka et Kinshasa.

Selon lui, cette étude a constaté ce qui suit : la corruption est systémique et à double sens (les décisions judiciaires sont prises en fonction de l'influence politique et économique), la dimension genre, et les normes sociales nourrissent la corruption.

Partant de cette étude, il appelle à « une réforme des lois qu'il faut adapter à nos cultures ». Il recommande au gouvernement congolais de « dépolitiser les nominations dans la justice, former les acteurs politiques à l'éthique et au genre, renforcer la gestion humaine dans le secteur, soutenir les ONG de la société civile, sensibiliser le public au droit, etc. ».

À son tour, Me Fabien Mayani, membre du CNPAV, est revenu sur les obstacles que rencontre cette coalition lors du monitoring des actes de corruption. Il a évoqué notamment l'accès difficile à l'information, le manque de transparence, la faiblesse du cadre légal régissant le secteur, et l'absence de loi sur l'accès à l'information.
Parmi les défis à relever, Me Fabien Mayani a cité l'absence de loi sur la protection des lanceurs d'alerte, le manque de confiance entre citoyens et l'impunité.

Bienvenu Ipan

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