Lors de la présentation de son bilan en tant que procureur général près la Cour des comptes ce mardi 7 octobre 2025, Salomon Tudieshe s’est indigné que des dossiers visant Déogratias Mutombo, ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), n’aient jamais connu d’instruction par le siège, un des organes de la Cour des comptes.
Parmi ces dossiers, l’on cite le recours abusif à la procédure de passation de gré à gré des marchés publics, puni par l’article 129, alinéa 1, tiret 7 de la loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relative aux finances publiques.
Ce dossier, soumis au siège depuis le 13 septembre 2023, n’a jamais connu d’issue, alors qu’il concerne plus de 10 millions de dollars américains de la Gécamines, dont on ne trouvait pas de trace.
Toujours dans le même dossier, Deogratias Mutombo a omis, selon le procureur général, d’enregistrer, pour le compte général du Trésor, un montant de 10 000 000 USD provenant des obligations émises par la Gécamines, ce qui constitue encore une fois une faute de gestion.
L’autre dossier pour lequel l’ancien gouverneur de la BCC est poursuivi est relatif à un avenant au contrat des travaux de rénovation d’un bâtiment de la Banque centrale, intervenu entre celle-ci et l’entreprise SODIMAS pour un montant de 3 797 729,93 USD, soit plus de 15 % de la valeur initiale du marché de base, en violation de la loi.
Cette somme, d’après le procureur général près la Cour des comptes, a été débitée d’office sur le compte général du Trésor sans ordonnancement du ministre des Finances, ce qui constitue encore une faute de gestion punie par l’article 129 de la loi relative aux finances publiques de 2011.
Certaines mesures conservatoires prises à l’encontre de l’intéressé par le premier président de la Cour des comptes ont été annulées par le Conseil d’État, sous prétexte qu’elles seraient illégales. Cette procédure est jugée par ailleurs « figée » par le procureur général près la Cour des comptes, « à cause d’une interférence politique ».
L’intéressé, Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, a déjà été condamné par la Cour constitutionnelle en mai dernier à 5 ans de prison dans l’affaire Bukanga-Lonzo, impliquant également l’ancien premier ministre Matata Ponyo. Cette condamnation ne peut pas empêcher la Cour des comptes de poursuivre l’instruction des dossiers contre l’ancien gouverneur de la Banque, elle qui ne siège pas en matière pénale.
Bruno Nsaka