PDL-145T : le gouvernement veut lancer le deuxième volet, alors que le premier est confronté aux défis de financement, d’exécution des travaux et de surfacturation

Une école construite à Boende, dans la province de Tshuapa, par le PNUD, dans le cadre du PDL 145 T
Une école construite à Boende, dans la province de Tshuapa, par le PNUD, dans le cadre du PDL 145 T
PAR Deskeco - 05 juin 2025 16:28, Dans Développement durable

Le gouvernement congolais a l’intention de lancer le deuxième volet du Programme de développement local des 145 territoires (PDL-145T), axé sur les routes agricoles. C’est ce qu’a annoncé le vice-Premier ministre, ministre en charge du Plan et de la coordination de l’aide au développement, Guylain Nyembo, à l’issue d’une audition accordée, mardi 3 juin 2025, à la commission des députés nationaux de l’Aménagement du territoire, des Infrastructures et des NTIC de la chambre basse.

Cette annonce suscite déjà des réactions, d’autant plus que le premier volet du PDL-145T, en cours, souffre encore de plusieurs maux, dont le manque de financement, les retards dans la livraison, la mauvaise qualité d’exécution des ouvrages et la surfacturation. Les organisations de la société civile, telles que le Centre de recherche en finances publiques et développement local (Crefdl), les ont fortement dénoncés et ont appelé le gouvernement à suspendre le premier volet de ce programme, en vue d’initier un audit.

Dans ce premier volet, il ressort, par exemple, que 675 millions de dollars ont été affectés aux ouvrages dans les provinces du Kwango, du Kwilu, du Kasaï et du Kongo. Cependant, sur cette somme, seuls 9,9 millions de dollars, soit 1,5 %, ont pu être retracés jusqu’à présent, tandis qu’une grande partie des fonds reste introuvable.

Quatre-vingt-neuf pour cent (89 %) des centres de santé ont été construits pour un coût unitaire d’environ 200 000 dollars, alors que les meubles et les kits solaires livrés sont de mauvaise qualité. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent (99 %) de ces centres de santé ne disposent pas d’équipements médicaux dans ces quatre provinces, malgré les 8 millions de dollars décaissés.

Les coûts surestimés des écoles s’élèvent à 200 000 dollars, sans même inclure les équipements. Au Kasaï, aucun ouvrage n’a été livré dans le cadre de ce programme, malgré le financement du gouvernement. Il ressort également de ce premier volet des violations de la loi relative à la passation des marchés en RDC lors de l’attribution des contrats.

Tous ces défis figurent dans un récent rapport de suivi réalisé sur le premier volet du PDL-145T dans les quatre provinces par le Centre de recherche en finances publiques et développement local (Crefdl).

Face à ce bilan peu reluisant du premier volet, lancer un deuxième volet reviendrait à faire en sorte que ce programme, destiné à améliorer les conditions de vie, ne profite pas aux Congolais. Il serait préférable que le gouvernement se concentre d’abord sur le premier volet, en le suspendant pour procéder à un audit, comme le recommande le Crefdl, afin de vérifier si les objectifs fixés ont été atteints.

Un autre problème réside dans les difficultés de financement du programme. Lors d’une réunion avec le comité opérationnel du programme le 15 mai dernier, Guylain Nyembo a appelé les ministères sectoriels, les agences d’exécution et les partenaires à sécuriser le financement de ce programme. Ce mardi 3 juin 2025, lors de son audition devant les députés nationaux, il a évoqué d’autres défis d’ordre logistique, budgétaire et sécuritaire, qui ont retardé la mise en œuvre du premier volet du PDL-145T.

Pour rappel, le programme est financé par le Fonds monétaire international (FMI), grâce à des ressources issues des allocations de droits de tirage spéciaux (DTS).

Jean-Baptiste Leni

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