Dans un rapport rendu public mardi 13 mai 2025, l’Observatoire africain des ressources naturelles (Afrewatch, African Resources Watch), structure membre de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV), révèle les pratiques de surfacturation et de surfinancement des projets routiers dans le cadre de l’exécution de la première phase du contrat Sicomines, entre le gouvernement de la RDC et le Groupement des entreprises chinoises (GEC), pour la période de 2008 à 2023.
« La route Nzolana, à titre d’exemple, a été reconstruite dans sa première phase sur une distance de 1,4 km pour un coût de 15 millions de dollars américains en 2016 », indique le rapport.
Un petit calcul montre qu’un mètre de route aurait coûté près de 10 715 USD, un total en décalage avec le prix normal en la matière.
« Pourtant, la mercuriale des prix du ministère des ITP fixe le coût de la construction en profondeur à 1,2 million USD par km », commente le rapport d’Afrewatch.
Avec cette explication, le mètre de route devrait en principe coûter 1 200 dollars américains, au lieu de 10 715 USD.
Outre cette surfacturation, le rapport signale également un surfinancement concernant la même route Nzolana, qui relie les communes de Ngaliema et Mont Ngafula. D’après le rapport, « une nouvelle ligne de crédit de l’ordre de 24,4 millions USD a été créée à la suite de la signature de l’avenant n°5, alors que la dernière phase a été réceptionnée (8,4 km) par le président Tshisekedi le 13 novembre 2023 ».
Des conclusions similaires avaient déjà été tirées par l’Inspection générale des finances, dans son rapport rendu public le 15 février 2023, à l’issue de l’audit de la convention Sino-Congolaise. L’IGF avait relevé notamment une faiblesse criante et une modicité des investissements dans les infrastructures.
Sicomines avait mobilisé, en 14 ans, des financements d’un montant total de 4 471 588 685,14 USD et n’avait consacré que 822 190 060,14 USD au financement des travaux d’infrastructures, soit 18,38 % du financement total mobilisé, avait révélé l’IGF.
Ces révélations avaient conduit à la renégociation du contrat, dont l’avenant 5 a été signé le 14 mars 2024.
Ainsi, Afrewatch appelle la Cour des comptes et l’Inspection générale des finances (IGF) à procéder à un audit complet de la première phase de l’exécution des projets d’infrastructures réalisés entre 2008 et 2023.
Au Parlement, cette structure recommande d’organiser une mission d’évaluation et de contrôle parlementaire sur l’exécution du volet infrastructures et les exonérations accordées dans le cadre de la convention Sino-Congolaise.
Bruno Nsaka