RDC : le CNPAV alerte sur un scandale financier majeur au cœur du cobalt dans le cadre du projet Mutanda Mining, dénonce des transactions opaques

Cobalt à l'état brut
Cobalt à l'état brut
PAR Deskeco - 31 juil 2025 14:38, Dans Corruption

La Coalition « Le Congo n'est pas à vendre » (CNPAV) a publié ce jeudi une analyse sur les pertes colossales que l'État congolais et la Gécamines auraient subies dans le cadre du projet Mutanda Mining (NUMI), l'un des plus grands producteurs mondiaux de cobalt. Intitulé « Le cobalt à prix cassé, la corruption à plein tarif », le communiqué dénonce une série de transactions opaques qui auraient favorisé des groupes privés au détriment du patrimoine national.

Selon l'étude du CNPAV, la Gécamines n'aurait perçu que 250 millions de dollars américains pour la cession de ses participations dans les projets Mutanda et Kansuki. Pendant ce temps, d'autres acteurs, souvent issus du secteur privé ou liés à des réseaux offshore, auraient engrangé près de 2 milliards de dollars à la suite de la revente de ces mêmes actifs.

Le CNPAV affirme que la cession des royalties liées au projet Mutanda pourrait priver l'État congolais de plus de 600 millions USD de revenus potentiels d'ici 2039, affaiblissant d'autant les capacités de financement public dans un pays où les besoins sociaux restent immenses.

Les opérations dénoncées dans ce rapport se sont déroulées entre 2007 et 2015, dans un climat d'opacité. Aucun appel d'offres public n'aurait été lancé, aucune évaluation indépendante des actifs n'aurait été menée, violant ainsi les principes établis par la commission de revisitation des contrats miniers de 2009.

Parmi les entités impliquées figurent plusieurs sociétés offshore telles que Samref, Rowny Asset et Biko Invest, toutes liées à l'homme d'affaires controversé Dan Gertler. Des groupes miniers de renom comme Glencore, Bazano et HGR sont également mentionnés.

L'analyse révèle aussi l'implication directe de proches collaborateurs de l'ancien président congolais dans la signature de certains accords, suggérant une collusion de haut niveau.

Plusieurs des acteurs cités ont fait l'objet de sanctions internationales ou de poursuites judiciaires. Dan Gertler a été sanctionné par le Trésor américain en 2017 pour son rôle supposé dans des transactions opaques en RDC. De son côté, Glencore a été poursuivi dans plusieurs juridictions pour des faits de corruption liés à ses activités minières, notamment en Afrique.

En 2022, dans un contexte de pressions accrues de la société civile, le gouvernement congolais avait conclu deux accords à l'amiable dont l'un avec Ventora, société de Dan Gertler, et l'autre avec Glencore.

Selon le CNPAV, ces accords n'ont été précédés d'aucune évaluation sérieuse des pertes subies par l'État, et semblent avoir entériné des pratiques douteuses sans véritable réparation pour la population.

« Ces arrangements n'ont pas été précédés d'une évaluation rigoureuse des pertes subies par l'État et ont, de fait, semblé légitimer des transactions entachées d'irrégularités, sans garantir une réparation équitable au profit de la population congolaise », précise le communiqué.

En réponse à ces constats, la CNPAV appelle les autorités congolaises à :

  1. Lancer une évaluation indépendante et exhaustive des transactions relatives au projet Mutanda Mining
  2. Prendre des mesures concrètes allant de la révision de contrats à de possibles poursuites judiciaires
  3. Restaurer la transparence, l'équité et la souveraineté économique du pays

Timothée Prince ODIA / José Mukendi

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